L'année de Ryder Hesjedal
Agence QMI - Yvan Martineau
22/12/2010 17h38
Il y a au Québec 700 amateurs de bicyclette pour 1000 habitants. Au pays du Tour de France, c’est 400 par 1000 habitants. Cela reflète l’intérêt grandissant pour la bécane chez nous.
Et en ce sens, bien au-delà du couronnement d’Alberto Contador à la Grande boucle (et peut-être de sa déchéance), c’est la performance de Ryder Hesjedal qui a marqué l’année 2010 du cyclisme au Québec et au Canada.
Une année marquée aussi par Steve Bauer, Pierre Lavoie et par trois événements cyclistes internationaux qui se sont déroulés ici-même. Sans oublier l’ensemble de ces événements caritatifs qui amassent des sommes considérables pour le bien de la société. Un mouvement de masse plutôt phénoménal.
Rempli d’espoir après une victoire d’étape au Tour d’Espagne, en fin de saison 2009, Hesjedal est venu tout près de mériter les honneurs de l’Amstel Gold Race 2010, terminant à seulement deux secondes du vainqueur. Puis, il a gagné la dernière étape du Tour de Californie. De 49e qu’il était au Tour de France 2009, le Canadien s’illustre pour achever celui de 2010 au septième rang du classement final. Véritable révélation du Tour de France, l’athlète de Victoria (en Colombie-Britannique) a, en cours de route, mérité le titre de «combattif du jour», à l’issue de la quatrième journée. Deux fois, il a fini quatrième dans cette édition du Tour.
«Faudrait être aveugle, sourd et de mauvaise foi pour ignorer l'impact que cet athlète aura eu chez nous en 2010», lance Christian Lemelin, spécialiste du site SDV Mag.com.
«Terminer parmi les 10 premiers d’une épreuve de longue endurance, d’étapes se déroulant sur différents terrains durant trois semaines, c’est toute une réussite», s’exclame pour sa part Dominique Perras, cycliste élite québécois nouvellement retraité.
Et, heureuse coïncidence, le Québec accueillait en grandes pompes deux compétitions internationales, quelques semaines plus tard. Hesjedal et l’élite mondiale y étaient. Encore là, Hesjedal a brillé.
«Hesjedal est mon choix pour l’athlète de l’année. Et au chapitre des événements, les deux courses ProTour, une première en Amérique du Nord, constituent pour moi le fait saillant», fait valoir Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes.
Bauer et sa nouvelle équipe
En ce sens, coup de chapeau à celui qui a rendu tout cela possible, Serge Arsenault, à une autre époque fondateur du Marathon international de Montréal. Ce qu’il a réalisé, c’est un véritable Tour de… force. Un tour de force, c’est aussi ce qu’a réalisé dans le dernier mois le meilleur canadien de l’histoire au Tour de France, Steve Bauer, reconverti avec succès en directeur d’équipe. Bauer et Spidertech viennent d’obtenir une licence Pro Continentale UCI. Du jamais vu au pays.
«J’ai beaucoup d’admiration pour Steve Bauer, dit Perras. En plus, il mise sur plusieurs Québécois et on doit lui en être reconnaissant.»
«Sa plateforme va permettre à des cyclistes de la province de prendre part au Tour de France dans quelques années», soutient Barbeau.
«Puisque Bauer compte en ses rangs plusieurs jeunes du Québec, précise Barbeau, sa plateforme va permettra à des cyclistes de la province de prendre part au Tour de France dans quelques années.» Extraordinaire!
Boivin, Rollin, Veilleux
Quand on s’y arrête, il est vrai que 2010 vient de marquer l’histoire du cyclisme québécois.
«Guillaume Boivin a arraché une troisième position aux Mondiaux U23. Dominique Rollin et David Veilleux ont aussi fait écarquiller bien des yeux… Voilà de quoi encourager la relève!»
Malheureusement, on ne peut ignorer non plus le dopage, un problème récurrent. Qui l’est peut-être autant dans les autres sports professionnels, mais on y tait la chose pendant que le cyclisme prend le taureau par les cornes.
On devrait savoir à la mi-janvier si les soupçons qui pèsent sur Contador entraîneront la perte de sa dernière conquête du Tour de France. Landis et plusieurs autres s’étaient pourtant fait pincer…
Et tout le Québec, malheureusement, aura aussi été secoué par cette tragédie où trois triathloniennes du club de Saint-Lambert, en entraînement de vélo, ont été happées mortellement sur la route 116, en Montérégie. Puisque le vélo ne cesse de gagner en popularité, ce genre d’événement funeste risque de se reproduire plus souvent…
Levée de fonds...
À l’opposé, autant Barbeau que Lemelin et Perras soutiennent qu’on ne peut passer sous silence ce phénomène de masse où le vélo sert de véhicule d'engagement communautaire et de levée de fonds pour des œuvres caritatives. Pensons au Cyclo-défi Montréal-Québec contre le cancer, au Tour cycliste CIBC Charles-Bruneau, au Grand défi Pierre Lavoie et autres. Ces activités entraînent parfois des gens qui ne sont pas nécessairement actifs à reprendre leur santé en main.
Et qui marie le mieux élitisme et engagement social? Pierre Lavoie. C’est à lui que Sports Québec a remis en 2010 l’Hommage Jacques Beauchamp/Journal de Montréal. Cet ancien fumeur devenu champion du triathlon Ironman d’Hawaï (troisième de sa catégorie encore cette année), a présenté son deuxième Grand défi.
Non seulement 150 équipes ont contribué à amasser plus d’un million $ en pédalant du Saguenay/Lac Saint-Jean à Montréal, en passant par Ottawa, mais tout au long de l’année, la caravane en croisade de Pierre Lavoie a vu 1 154 écoles primaires embarquer dans Lève-toi et bouge. Un effort gigantesque pour sensibiliser les jeunes à l’importance de l’activité physique, c'est vrai. Mais dans lequel, aussi, on a entraîné des dizaines de milliers d’adultes à modifier leurs habitudes de vie.
Lève-toi et bouge a été exporté en 2010 dans sept écoles de France et dans 27 institutions francophones de la Colombie-Britannique.
«Par le message et par l'exemple, chez Pierre Lavoie, les bottines suivent les babines», de conclure Christian Lemelin.