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Famille et éthique - L'impact de la polygamie sur l'égalité des sexes au Canada

mardi 7 décembre 2010
La polygamie est un outrage à l’égalité des sexes et doit rester illégale
Source: sisyphe.org
par Homa Arjomand et NoSharia.com
Bien que la polygamie soit illégale au Canada, personne n’a encore été arrêté ou traduit en justice pour ce délit. Les autorités canadiennes n’ont jamais fait respecter la loi prohibant les unions polygames. À cause de leur inaction, des hommes polygames entrent légalement au Canada en présentant leur première femme comme leur épouse légitime ; les deuxième, troisième et quatrième « épouses » sont désignées comme personnes à charge, tous comme leurs enfants. Les chefs religieux de leurs parents poussent les jeunes filles à accepter une union polygame. Au cours des dernières années, plusieurs femmes mariées à des hommes polygames se sont enfuies de la communauté de Bountiful, en Colombie-Britannique, et ont dénoncé publiquement leur sort. Ces femmes courageuses ont pris la plume pour témoigner des effets de la polygamie : oppression des femmes, abus sexuels et mauvais traitements perpétrés par des hommes sur des jeunes filles. Elles ont décrit l’abus sexuel de fillettes consacré par ces mariages et le trafic d’enfants en vue de telles unions. Certaines de ces femmes audacieuses sont allées plus loin, dénonçant les effets de la polygamie sur l’ensemble de la société. Malheureusement, la police n’est intervenue dans aucun des cas qu’elles avaient signalés, même s’ils contrevenaient à l’article 293 du Code Criminel.
Après tous ces témoignages décrivant le drame des femmes prises dans une union polygame et devant les nombreuses preuves des injustices, de la discrimination et des mauvais traitements qu’elles subissent, les autorités ont finalement décidé d’agir, mais pas au nom des femmes et des enfants victimes de la polygamie, ni de celles qui ont risqué leur vie en livrant leurs témoignages aux médias. Au contraire, on a aggravé les risques auxquelles elles sont exposées et miné leurs droits au nom de la liberté de religion. C’est une honte pour l’humanité.
Des polygames ont décidé de contester l’article 293 du Code criminel devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique. Ils demandent que la polygamie soit décriminalisée. Fait sidérant, ils prétendent que la polygamie est avantageuse pour les femmes ! Voici quelques-uns des arguments qu’ils avancent au nom des droits des femmes !



  • La prohibition de la polygamie a en fait favorisé les abus dans les collectivités religieuses repliées sur elles-mêmes comme celle de Bountiful. (Beverley Baines)


  • Les femmes ayant contracté légalement une union polygame ne pourront pas immigrer au Canada. (Beverley Baines)

  • Les femmes qui souhaiteraient mettre fin à leur union polygame au Canada n’auraient aucun recours. (Beverley Baines)

  • Puisqu’il a adopté une politique de multiculturalisme, le Canada doit adapter ses lois aux réalités des divers groupes de sa population. (Beverley Baines)
    La législation canadienne doit être plus progressiste, ce qui suppose la volonté d’évoluer vers l’égalité des sexes. Or, cette démarche ne doit pas présumer que cette égalité existe déjà, car nous en sommes encore bien loin. Des polygames vivant au Canada appliquent encore la charia, qui remonte au 7e siècle, et certains d’entre eux ont des siècles de retard sur le monde civilisé. Les autorités doivent faire respecter des lois progressistes, faute de quoi les femmes n’accéderont jamais à l’égalité intégrale et inconditionnelle. L’adoption de lois et de mesures progressistes est indispensable pour qu’elles puissent jouir des mêmes droits que les hommes au Canada. Il faut abroger toute législation qui restreint les droits des femmes et en fait des citoyennes de seconde zone.
    Chacun sait sans doute à présent que, dans certaines communautés musulmanes, les femmes sont poussées par l’insistance de leur famille et de leurs coreligionnaires à consentir à une union polygame, dégradante en soi. Dans ces communautés, l’homme est le « chef de la famille ». Il gère les finances familiales, choisit le lieu de résidence, dicte l’éducation des enfants et contrôle les interactions sociales de sa femme et de ses enfants. Comment parler d’égalité dans un contexte pareil ? Qui plus est, l’homme peut prendre plusieurs épouses et nombre de seegheh (épouses temporaires). Dans ces sectes, mouvements religieux ou communautés islamiques, les femmes n’auraient jamais au grand jamais le droit d’avoir deux ou trois maris en même temps. L’épouse qui a une relation amoureuse avec un autre homme s’expose à des conséquences d’une sévérité extrême : elle peut être reniée par toute sa communauté ou même assassinée. On lui interdira de voir ses enfants. De telles injustices sont commises dans toutes les provinces du Canada.
    L’attitude de ceux qui se prétendent des citoyens et citoyennes du monde conscientisés mais ferment les yeux sur ce traitement inhumain réservé aux femmes et aux enfants me laisse perplexe. Même si elle est illégale depuis 100 ans, la polygamie existe encore au Canada. Ce n’est pas faute d’une loi l’interdisant, puisque l’article 293 du Code criminel existe, mais il est resté lettre morte. Ni les corps policiers, ni le système judiciaire n’ont voulu l’appliquer. Depuis 70 ans, une seule affaire de polygamie aurait été portée devant les tribunaux.
    Le multiculturalisme, obstacle à l’égalité des femmes et à l’intégration
    La polygamie doit rester illégale, mais il faut modifier l’article 293. À l’heure actuelle, la loi repose sur la présomption que les femmes et les hommes jouissent des mêmes droits et que les femmes optent librement pour la polygamie. Or, en réalité, à cause de la politique de multiculturalisme, certains groupes confessionnels ou sectes qui vivent pourtant au Canada depuis un siècle ne se sont jamais adaptés aux modes de vie d’aujourd’hui. La politique de multiculturalisme a érigé des murs étanches entre les communautés, dont chacune continue à vivre selon la culture, les traditions et la religion de son pays d’origine. D’autant plus qu’on les encourage à le faire en valorisant ce communautarisme. Dans certains cas, le gouvernement canadien va jusqu’à les aider financièrement à conserver leur mode de vie traditionnel au lieu de s’intégrer à la société canadienne.
    Dans cette dynamique, personne ne se soucie des droits des femmes. On ne devrait donc pas être étonné d’apprendre qu’au Canada des jeunes femmes sont brûlées vives pour avoir perdu leur virginité et que d’autres sont victimes d’assassinats qualifiés de « crimes d’honneur » pour avoir désobéi ou fréquenté un jeune homme. Le trafic d’enfants en vue de mariages est un autre effet déplorable du multiculturalisme. L’égalité des sexes restera illusoire tant que le Canada maintiendra sa politique de multiculturalisme. Sauf erreur, les femmes tout comme les hommes peuvent être poursuivies en vertu de l’article 293, car on part du principe que les hommes et les femmes ont la même liberté de choix quant à leur mariage. En réalité, dans les unions polygames, la plupart des femmes n’ont aucun contrôle sur leur corps. Elles n’ont pas non plus de libre arbitre, ayant été privées depuis leur naissance de toute liberté de choix par leurs parents, leur culture et leur religion.
    Il est légitime de demander que l’on modifie l’article 293 de manière à ce que toute personne qui célèbre un mariage polygame ou qui y contribue soit arrêtée et poursuivie pour ce crime contre les femmes et les enfants. Il faut sévir contre les polygames et traduire en justice les hommes et les chefs religieux qui célèbrent de telles unions. La polygamie est un outrage à l’égalité des sexes. Selon certains, la criminalisation de la polygamie violerait la liberté de religion garantie par la Charte. Je leur réplique qu’on ne peut compromettre les droits des femmes et des enfants sous aucun prétexte, y compris la religion. Il est bien connu qu’encore aujourd’hui, on marie des fillettes au Canada derrière des portes closes en vertu de lois comme la charia, au nom de l’islam et d’autres religions moins répandues. Or, même si cette pratique existe, on n’a pas renoncé pour autant à faire respecter la Déclaration universelle des lois de l’enfant sous prétexte de respecter la liberté de religion ou de ne pas contrevenir à la charia ou à d’autres diktats religieux. Bien au contraire, le mariage de fillettes est considéré comme un crime et les coupables sont accusés d’agression sexuelle. La polygamie doit être réprimée avec la même rigueur. Il faut affirmer haut et fort que les religions relèvent de la conscience personnelle et qu’elles ne peuvent aller à l’encontre des lois canadiennes. Au 21e siècle, la société ne doit pas tolérer que la religion s’immisce dans l’application des lois.
    Je sais qu’une femme qui fait vie commune avec deux hommes conteste la loi interdisant la polygamie au Canada. Dans ce cas particulier, l’égalité des sexes existe puisque les trois personnes en cause sont libres de disposer de leur corps et de choisir leur mode de vie. Elles sont toutes adultes et n’ont pas été contraintes de contracter cette union. Dans cette « famille », elles ont toutes les mêmes droits. Elles prennent part également aux décisions relatives à leur cohabitation, aux biens et aux finances du ménage. Elles participent toutes trois au soin des enfants. Leurs relations sexuelles sont libres et consensuelles, et elles ont indéniablement le droit d’en décider. Les relations libres entre adultes sont une affaire privée et aucune personne ou autorité n’a le droit de les examiner, de les gêner ou de les révéler publiquement. Il s’agit à mon avis d’une union moderne et évoluée.
    Toutefois, cette relation révolutionnaire n’a pas besoin d’une autorisation du gouvernement (permis de mariage) ou d’un chef religieux quelconque. On ne peut la comparer à la situation des femmes qui vivent dans des communautés islamiques ou des sectes polygames au Canada, ni la ranger dans la même catégorie. L’une appartient à la réalité moderne tandis que l’autre relève d’une époque archaïque. Comment décrire autrement la situation de femmes adultes qui n’ont pour ainsi dire pas le droit de choisir leur époux ? Il est absolument impensable qu’elles puissent faire vie commune avec deux hommes à la fois. Dans ces communautés repliées sur elles-mêmes, les femmes n’ont aucun contrôle sur leur sexualité ; elles sont forcées d’accepter le mari que leurs parents ou le chef de la communauté aura choisi pour elles. Si elles refusent de l’épouser, elles s’exposent à de rudes conséquences. Aucune femme libre n’acceptera jamais d’épouser un homme pour lequel elle n’éprouve aucune d’affection.
    La polygamie doit rester illégale au Canada. La police doit la réprimer pour permettre aux femmes de s’émanciper et pour éliminer la discrimination à leur endroit, pour abolir les privilèges dont jouissent les hommes en tant que « chefs de la famille » et pour mettre fin à la violence exercée à l’endroit des femmes et des filles. Enfin, il faut combattre la polygamie pour mettre fin au traitement misogyne, patriarcal et injuste infligé aux femmes au sein des familles, des communautés et des institutions publiques.
    Traduction de Marie Savoie pour Sisyphe.
    Version anglaise originale : "Polygamy in Canada Should Remain Illegal".