La recherche a trouvé ses têtes
L’École nationale supérieure de Lyon est aujourd’hui reconnue mondialement pour ses travaux et ses chercheurs comme Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields, l’équivalent du prix Nobel pour les mathématiques.

Fleuron du centre de résonance magnétique nucléaire à très hauts champs, le spectromètre permet d’établir une carte d’identité subatomique des molécules. Avec une finesse inégalée. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, des équipes de chercheurs du monde entier se relaient pour en profiter.
Salué à sa naissance par la revue scientifique Nature, voilà un an, le spectromètre a déjà permis d’avancer dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer et laisse entrevoir une amélioration dans le diagnostic des cancers. « Cet appareil, unique au monde, va révolutionner la biologie », s’exclame Chantal Rabourdin-Combe, directrice en charge de la recherche à l’École normale supérieure de Lyon (ENS), qui abrite le précieux instrument (12 millions d’euros), outil de rayonnement mondial pour l’établissement.
"Un havre pour la recherche"
En témoigne sur son bureau la photo de Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields, l’équivalent du prix Nobel pour les mathématiques, reçue pour ses travaux réalisés au sein de l’unité de mathématiques pures et appliquées.
Le hall d’accueil de l’ENS est froid comme un laboratoire. Les images de 30 caméras de sécurité s’affichent sur deux écrans plats. Sur son site clôturé, l’école héberge en effet des choses sensibles, comme un laboratoire de virologie classé P4 (« pathogène de classe 4 ») où sont cultivés les virus d’Ébola ou de l’hépatite C et des travaux sur le maïs transgénique.
« Un havre pour la recherche, apprécie Francis Albarède, directeur du département sciences de la vie et de la Terre. Les grandes découvertes apparaissent là où on les attend le moins, mais toujours dans des laboratoires où l’innovation et la qualité sont les soucis principaux. Ici, toutes les conditions sont réunies. »
Une stratégie audacieuse
Un casting international, à mesure que l’école a gagné en visibilité. « Depuis environ cinq ans, les trois quarts des chercheurs répondant à nos appels d’offres sont étrangers », relève Chantal Rabourdin-Combe. Même s’il lui est encore impossible d’embaucher des chercheurs américains, aux prétentions salariales trop élevées. L’ENS entretient son réseau grâce aux accords tissés avec 224 établissements répartis dans 26 pays, permettant d’attirer les étudiants étrangers.
L’école s’appuie sur une stratégie audacieuse : « Nous entendons former des chercheurs reconnus dans leur discipline, mais également des gens qui, en travaillant de façon interdisciplinaire, créeront de nouveaux objets d’étude », résume Chantal Rabourdin-Combe.
"Cela bouillonne de partout"
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Comme l’ensemble des chercheurs, il s’exaspère du temps perdu à échafauder des montages financiers de plus en plus complexes. Aujourd’hui, le rôle de l’école, qui jongle avec un budget de 20,3 millions d’euros consacré à la recherche fondamentale en sciences dures, est moins de financer les projets, résume Chantal Rabourdin-Combe, que de « créer un environnement favorable qui aidera les unités de recherche à nouer de bons partenariats ».
Et de poursuivre ainsi leurs travaux, sans se soucier du « court terme ». Pour autant, l’école, membre de trois pôles de compétitivité (Lyon BioPôle, Axelera, Lyon Urban Truck & Bus) ne se désintéresse pas des applications de ses découvertes.
« Nous sommes une jeune institution, rappelle-t-elle toutefois. Il faut bien vingt ans avant que l’homme de la rue bénéficie des résultats obtenus en laboratoire. Avec 35 brevets et une quinzaine de start-up incubées au sein de l’établissement, les retombées sont certaines. Pour le moment, cela bouillonne de partout. »
Bénévent TOSSERI, à Lyon |