Des molécules augmentant le taux de fécondation des ovocytes ont été identifiées chez l'être humain et testées chez la souris.
En dépit des freins légaux, de nombreuses recherches sont menées en France sur la reproduction, surtout par des équipes hospitalo-universitaires. Ainsi sur la réserve ovarienne en ovocytes, jusqu'ici évaluée par le taux de FSH, l'hormone hypophysaire qui gouverne l'ovulation. Le dosage de l'AMH (1), hormone produite par les follicules eux-mêmes, et le compte de ces follicules par échographie de l'ovaire montrent directement la qualité de cette réserve et commencent à être utilisés. «On s'est ainsi aperçu d'une baisse précoce, parfois dès 30 ans, de la réserve ovarienne de certaines femmes. Il semble s'agir d'une tendance globale, mais cela est encore difficile à vérifier», indique le Dr Jacqueline Maudelbaum, responsable du service de biologie de la reproduction à l'hôpital Tenon (Paris).Un autre enjeu concerne la maturation des ovocytes in vitro. «Seules quelques équipes dans le monde sont capables d'amener à maturité des ovocytes prélevés à un stade précoce. Si on savait le faire, on pourrait prélever ces ovocytes immatures en début de cycle naturel, les faire mûrir in vitro, et s'affranchir ainsi de toute la phase d'induction nécessaire actuellement », explique la biologiste.
Autre objectif: perfectionner les critères de choix des spermatozoïdes pour améliorer encore l'ICSI. Une nouvelle technique, l'IMSI (2), consiste à trier ceux-ci sous un microscope spécial à fort grossissement (×6.600) pour choisir ceux dont le noyau présente peu ou pas de vacuoles, sortes de bulles visibles en surface.
Tests chez la souris
«Jusqu'à présent, seules 2 ou 3 équipes annoncent des taux de grossesse plus élevés avec l'IMSI, dont la supériorité n'est pas prouvée, précise la biologiste. Mais comme c'est juste un tri, plusieurs équipes pratiquent cette méthode, surtout après des échecs d'ICSI. Un essai français est en cours pour l'évaluer.» Des techniques proches pourraient améliorer le choix des ovocytes. «Lors de l'ICSI, les cellules entourant l'ovocyte sont supprimées et sa structure interne devient alors visible. Certains constituants observés en lumière polarisée semblent révélateurs de sa qualité», explique le Dr Mandelbaum.Des molécules augmentant le taux de fécondation des ovocytes ont été identifiées chez l'être humain et testées chez la souris. «Mais leur évaluation pour l'espèce humaine reste bloquée par la loi», regrette le Pr Wolf, dont l'unité Inserm a découvert l'une de ces substances. Des recherches sont aussi menées pour favoriser le développement de l'embryon avant l'implantation, par exemple en le cultivant sur un tapis de cellules utérines de la future mère.
L'ovocyte comme l'embryon font l'objet de multiples travaux de génomique et de protéomique pour analyser l'expression des gènes impliqués dans leur développement, par exemple en dosant les substances libérées dans leurs milieux de culture. «Ces travaux sont très délicats car les quantités à doser sont infinitésimales», précise le Pr Guérin.
(1) Hormone antimüllerienne
(2) Intracytoplasmic morphological-selected sperm injection
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