Source: Parisnormandie.fr
CITE DU VATICAN (Reuters) - Israël n'a pas le droit d'invoquer le concept biblique de Terre promise ou de peuple élu pour justifier la colonisation à Jérusalem ou revendiquer des territoires, ont fait valoir samedi les évêques catholiques du Moyen-Orient.
Dans le message final de leur synode, qui s'est achevé après deux semaines de réunion au Vatican, les évêques de la région ont dit espérer qu'une paix entre Israël et les Palestiniens reposant sur une solution à deux Etats devienne réalité et ont souhaité que l'exode des chrétiens puisse cesser.
"Nous avons réfléchi sur la situation de la ville sainte de Jérusalem. Nous nous inquiétons des initiatives unilatérales qui menacent sa composition et risquent de modifier son équilibre démographique", lit-on dans le texte.
Relancés sous l'égide des Etats-Unis, les pourparlers de paix directs entre Israël et l'Autorité palestinienne ont tourné court lorsque le gouvernement de Benjamin Netanyahu a refusé de proroger le moratoire sur la construction de colonies en Cisjordanie, après son expiration le mois dernier.
L'Etat juif a dévoilé depuis lors un nouveau projet de construction de 238 habitations pour les colons dans deux quartiers de Jérusalem-Est, condamné par les Palestiniens et la communauté internationale.
Le synode évoque dans son message la coopération avec les juifs, et y conteste l'utilisation de la Bible pour justifier la colonisation en Cisjordanie, annexée par Israël en 1967.
"Le recours à des positions théologiques et bibliques qui usent de la parole de Dieu pour justifier à tort des injustices n'est pas acceptable", dit le texte.
De nombreux colons juifs invoquent leur droit à vivre en Cisjordanie, qu'ils appellent Judée-Samarie et considèrent comme une partie historique et inaliénable de l'Israël biblique que Dieu aurait donné aux juifs.
"PLUS DE PEUPLE ÉLU"
"Nous, chrétiens, ne pouvons parler de Terre promise pour le peuple juif. Il n'existe plus de peuple élu. Tous les hommes et les femmes sont devenus le peuple élu", a dit l'archevêque de l'Eglise grecque melchite, Cyrille Salim Bustros, à propos de ce passage du texte.
"Le concept de Terre promise ne peut être employé comme base de la justification du retour des Juifs en Israël et du déplacement des Palestiniens", a-t-il ajouté.
"La justification de l'occupation israélienne de la terre de Palestine ne peut se fonder sur les Saintes Ecritures."
Israël a répliqué que les querelles théologiques sur l'interprétation de ces textes étaient éteintes depuis le Moyen Âge.
"Il semble que cela ne soit pas faire preuve de sagesse que de les relancer", a dit Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
Le synode reprend en outre l'appel du Vatican à l'octroi d'un statut spécial à Jérusalem, "qui respecte son caractère particulier" de ville sainte pour les trois grandes religions monothéistes - le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Israéliens et Palestiniens revendiquent tout ou partie de Jérusalem comme capitale de leur Etat ou futur Etat, aussi la ville est une des clés de résolution de leur conflit.
Israël a annexé Jérusalem-Est lors de la guerre des Six Jours, en 1967, et l'a déclarée sa "capitale éternelle et indivisible", un statut jamais reconnu sur la scène internationale.
La partie orientale de la cité n'était pas concernée par le gel provisoire des activités de colonisation mais celles-ci y ont été suspendu de facto lorsque les Etats-Unis ont protesté contre un projet de construction divulgué en mars, en pleine visite du vice-président américain Joe Biden.
S'il reconnaît "les souffrances et l'insécurité" que subissent les Israéliens et la nécessité de vivre en paix dans des frontières acceptées de tous, le synode est plus disert sur la situation des Palestiniens.
Ils "pâtissent des conséquences de l'occupation israélienne: le manque de liberté de circulation, le mur de séparation et les barrages militaires, les prisonniers politiques, la démolition de maisons, la perturbation de la vie économique et sociale et les milliers de réfugiés", détaille le texte.
Le synode exhorte enfin les chrétiens à ne pas vendre leurs propriétés dans la région, "vitales pour ceux qui restent là et pour ceux qui, un jour, reviendront".
Avec Allyn Fisher-Ilan à Jérusalem, Grégory Blachier et Bertrand Boucey pour le service français
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