Samedi 12 avril 2025
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Le dialogue inter-religieux et l’avenir du Christianisme par Roger AkI

Au Liban, d’où je viens, j’avais la foi du charbonnier. En arrivant en France, où je me suis trouvé en contact avec de nombreux amis agnostiques, j’ai été forcé de l’approfondir, face à leurs questions et, parfois, à leurs critiques. Ils disaient que la religion chrétienne ne diffère des autres religions que par le décalage historique, car toutes sont basées sur des mythes et des légendes, contredites par la science et la raison ; et toutes, une fois appuyées sur le pouvoir politique, deviennent hégémoniques, veulent s’imposer par la force plutôt que par la persuasion et arrivent finalement à une phase de déclin, dans laquelle serait entré aujourd’hui le christianisme. C’est à ces critiques que je chercherai à répondre.

Toutes les religions se ressemblent-elles ? Il existe au contraire un décalage profond entre le christianisme et toutes les autres religions du monde, sans exception. Il est surtout causé par un renversement total de l’idée que le christianisme donne de Dieu, par rapport aux autres religions précédentes ou plus jeunes : à la place d’un Dieu autoritaire, effrayant par sa puissance, le christianisme parle d’un Dieu « Père, bon et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour ». Ce qui, en tenant compte de ses origines juives, est une « première ». Même les deux autres « religions du Livre », le judaïsme et l’islam, ont reculé devant la pensée que ce Dieu Père, si bon et si aimant, irait jusqu’à sacrifier son Fils unique pour sauver l’humanité. Les musulmans appellent les chrétiens « mouchrikine », car Dieu ne peut pas avoir d’associés, encore moins un Fils, tandis que les juifs y voient un blasphème.

Ce Fils unique, Dieu lui-même, obéit à l'ordre paternel et se laisse humilier, martyriser et tuer sur une croix, condamnation des plus humiliantes et des plus abjectes. C’est à cause de cela que la comparaison entre la religion chrétienne et les autres religions devient sans objet : ce que le christianisme proclame est non seulement unique, mais plus encore scandaleux, blasphématoire même, pour le judaïsme et l’islam, qui ne peuvent imaginer qu’un Dieu unique puisse être formé de trois Personnes égales, ni que ce Dieu puisse s’abaisser jusqu’« à mourir, et mourir sur une croix », même par amour, même pour montrer à l’homme le chemin à suivre pour atteindre la vie éternelle auprès de son Dieu et Père : un chemin de sacrifice, de souffrance et même de mort pour le bien de ses frères humains.
Un mythe ?

Cela, aucun homme n’aurait pu l’inventer, encore moins des pêcheurs frustes, imprégnés de la religion juive, comme l’étaient les apôtres, ou un fils de menuisier comme apparaissait le Christ à ses contemporains. Seul Paul avait l’éducation pour cela. Mais Paul était l’ennemi des chrétiens, jusqu’à ce qu’il soit transformé par sa « vision » du Christ, au moment où il allait à Damas pour en ramener les chrétiens enchaînés. Serait-il devenu fou, pour échanger sa situation de puissance et de richesse contre un avenir fait de dangers et d'épreuves, endurés jusqu'au martyre ? Ses lettres postérieures à cet événement montrent tout le contraire.

Le Christianisme repose sur le sacrifice de Dieu qui « prie », oui, qui prie l’homme de L’écouter et de revenir à Lui pour accepter la Vie qu’il lui prépare en Sa compagnie. Qui, en ce temps-là ou même aujourd’hui, aurait pu inventer une pareille légende ?

Une autre différence entre la religion chrétienne et les autres religions, c’est le fait qu’elle a conquis l’Empire romain par le martyre et non par l’épée. Son fondateur, le Christ, n’a jamais cherché à menacer ou à faire peur, et quand Pierre a dégainé son épée pour le défendre contre les soldats envoyés contre lui, il lui a donné l’ordre de la remettre au fourreau. Un mythe pareil ne peut pas être une création humaine, encore moins la création de pêcheurs juifs élevés dans l’idée que leur Yahvé est le Dieu des armées, Celui qui a fait mourir les armées d’Egypte dans la mer Rouge. Leur Messie, celui promis au peuple juif, devait être un messie conquérant qui installerait le Royaume d’Israël sur la terre entière. Ils n’auraient jamais pu imaginer un Dieu souffrant qui combat le Mal par l’Amour.

La conquête de l’Empire romain par les martyrs prouve que cette le christianisme n’est pas fondé sur des légendes et des mythes. Cette preuve est renforcée par le fait que ces martyrs accompagnent encore aujourd'hui l'Eglise. Depuis le Concile Vatican II, celle-ci s’est ouverte au dialogue oecuménique avec les autres chrétiens et inter-religieux avec les autres religions, surtout la musulmane et la juive, tandis qu’elle poursuit en Europe ses recherches pour une synthèse entre foi et raison et entre science et foi.

Dialogues, discussions et critiques ne peuvent que renforcer le christianisme, car elles le poussent à poursuivre sa recherche pour une connaissance encore plus profonde de Dieu, comme les discussions, avec mes amis français agnostiques, m’ont poussé à approfondir mes connaissances religieuses. Loin de s’affaiblir, le christianisme évolue et poursuit sa marche vers le point Omega où l’attend Dieu le Père, avec le Fils et l’Esprit.