LIVRE: La Vocation chrétienne de la France par Jean-François Chemain
Préface du Mgr Dominique Rey.
Le débat sur l’identité nationale a relancé la réflexion sur les fondements historiques et religieux de notre pays. L’auteur a donc choisi d’aborder ici le rôle méconnu joué par le christianisme dans la formation et l’épanouissement de la communauté française. Cette histoire du christianisme en France montre quel a été le rôle de celui-ci dans la formation et l'épanouissement de la communauté française, manière de répondre à une question qui paraît incongrue aujourd’hui aux esprits forts, mais que n’aurait pas renié (et que n’a pas renié) le pape polonais du passage au deuxième millénaire : quelle est la vocation spirituelle et temporelle de la France ?
Mais est-il pertinent de parler de vocation pour un peuple, a fortiori quand l’appel de Dieu ne signifie plus rien pour les individus eux-mêmes ? L’auteur se garde de raisonner. Historien, il constate. Du baptême de Clovis à l’héroïsme de Geneviève ou de Jeanne, de l’Occident de Charlemagne au doux royaume de saint Louis, du vœu de Louis XIII au martyre de Louis XVI, du concordat de Bonaparte aux lois de séparation des Églises et de l’État, l’auteur fait revivre dans un style vivant et coloré les principaux rendez-vous de notre histoire avec le sacré, ce mystère de la différence qui protège l’homme des folies de sa prétendue autonomie.
Royaume de Notre-Dame, la France est appelée à l’être du Sacré-Cœur en dépit des déchaînements successifs du laïcisme révolutionnaire et des assauts de l’islamisme. C’est la mise en évidence de cette vocation de la France « éducatrice des sociétés » dont parlait encore le pape Jean Paul que réussit ce petit livre, sans esquiver la question de sa fidélité de première baptisée en Europe.
Mgr Dominique Rey, dans sa préface, reprend d'ailleurs ce problème de la fidélité en citant l'adjuration de Jean Paul II lors de sa visite apostolique en 1980 : « France, fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » L’évêque de Fréjus-Toulon explique : « Les peuples, comme les personnes, ont une âme et une vocation à remplir, en toute liberté. Une nation est une famille de familles qui a sa physionomie, son histoire temporelle et spirituelle particulières. L'amour de Dieu est certes le même pour tous les peuples de la surface du globe, même si ces derniers ne Le connaissent pas encore. Mais chacune des nations est aimée d'un amour de prédilection, qui correspond à son “genre de beauté” propre, c'est-à-dire à sa vocation communautaire spécifique. »
C’est l’histoire qui le dit : le rayonnement de la France à travers le monde s'enracine dans son intelligence chrétienne, source toujours vivante d'une culture riche de poètes et d'écrivains, de philosophes et de théologiens, de penseurs et d'artistes de génie, surgis d'un terreau fécondé par la foi des apôtres et irrigué du sang des martyrs. Notre géographie est recouverte d’un manteau d'églises, de sanctuaires et de cités, qui souligne combien la foi a embrasé notre histoire. En plus d’être une référence, cette mémoire chrétienne est une espérance pour le futur. La construction de l’avenir se construit toujours dans le mystère de sa naissance.
Jean Voisin