Plusieurs associations locales réunissent des passionnés du potager autour du savoir-faire et de la bonne humeur. Tour de sillons des jardins partagés du Libournais.
Ces dernières années, des associations ont fleuri dans le terreau libournais, prônant un retour à la terre convivial. photo isabelle leparoux |
La saison, froide et humide, ne se prête pas vraiment au jardinage. Pourtant, les travaux d'hiver conditionnent souvent la réussite de la prochaine récolte au retour des beaux jours. Il faut préparer le compost, arracher les pieds de légumes épuisés, nettoyer les allées ou redessiner les carrés de cultures… Alors pour se motiver, des jardiniers se regroupent parfois. Ils commencent par se partager le travail, pour mieux récolter ensemble les fruits de leurs efforts.
Héritiers des jardins ouvriers
Ces dernières années, des associations ont fleuri dans le terreau libournais, prônant un retour à la terre convivial. Ainsi a germé la graine des jardins partagés, dignes héritiers des jardins ouvriers. Vestiges du XIXe siècle, ces derniers étaient généralement mis à la disposition de familles par les municipalités ou des entreprises. Après avoir peu à peu disparu, ils ont été récemment relancés dans les années 2000, notamment par la multiplication d'initiatives citoyennes.
Des jardins familiaux ont ainsi été créés en 2006 dans le quartier de Condat, sur Libourne. Un projet de ce type est actuellement en cours sur Coutras où une vingtaine de familles devraient bichonner leurs premières salades dès le printemps prochain. À quelques kilomètres de Libourne, ils sont une quinzaine de jardiniers membres de La Main Vayres'te, à se retrouver régulièrement depuis un an. « Entre les lotissements, les vignes et les sols de grave, il n'a pas été facile de trouver le terrain idéal », reconnaît Pol Guion, représentant de l'association.
« Nous avons commencé sur un terrain de 2 000 m2 au lieu dit La Lande. Chacune des parcelles délimitées est cultivée en individuel. Par contre, sur le terrain de 1 200 m2 qu'un particulier vient de mettre à notre disposition gracieusement en plein centre de Vayres, nous lançons une expérience communautaire. » Les travaux de remise en état ou de préparation de sol se font souvent en commun. « On se retrouve au jardin pour déstresser, et s'entraider, car c'est une activité qui vaut bien des séances de fitness », prévient Pol Guion, sourire aux lèvres malgré tout.
Au niveau organisation générale, c'est souvent la mutualisation qui prime. Les commandes de plants, de semences ou de matériel sont elles aussi regroupées.
À la bonne franquette
La Main Vayres'te s'est rapprochée des Jardins de tomates, une association de Landiras qui essaie de promouvoir et sauvegarder les centaines d'espèces de ce légume.
Plus de 100 pieds de tomates ont ainsi été plantés cette année à Vayres, pour récupérer les graines bien sûr, mais aussi pour découvrir de nouvelles saveurs.
Les jardins partagés riment avec qualité et convivialité. Outre l'intérêt économique de produire soi-même les légumes destinés à sa consommation personnelle, le plaisir de jardiner donne un avant-goût de celui de l'assiette. Didier Texier, de Solensemble, à Saint-Germain-du-Puch, est satisfait de la « belle récolte de légumes » réalisée cette année. Là aussi les parcelles sont individuelles, mais la solidarité est de mise, et les règles communes.
Animée par « un esprit de bonne franquette », l'association a organisé en octobre un concours de confitures maison, avec Le Cercle des gourmets. Les jardiniers ont pu échanger leurs recettes de grand-mère, et surtout partager un moment ensemble.
À Castillon, Stéphanie Jousseins anime depuis septembre un petit groupe pour l'association Cygnes de vie-Arrpej. « Le but du jardin partagé n'est pas d'alimenter tout le village. Si on produit tant mieux ! Pourvu que la chaleur humaine soit là. C'est un espace de lien social, entre des gens de tous âges, de tous horizons. »