Il faut aller voir ce film de toute urgence. Pour sa beauté, sa force émotive, sa réflexion sur la violence et son antidote: la fraternité..
Je ne sais comment il peut être reçu par des incroyants, des mécréants.
Comme le disait Mickael Lonsdale, dans son interview dans La Vie « J’ai laissé parler mon cœur ». Alors, tout homme peut être touché quand c’est ce langage qui est choisi: celui de la compassion, de l’amour....
Mais pour les croyants que nous sommes, ce film est une question radicale sur le sens de notre foi.
Il faudrait revenir sur toutes les interventions de Lambert Wilson/ Christain de Chergé .
Pour ma part, j’ai été particulièrement touchée par sa méditation sur les naissances multiples que la foi nous invite à traverser pour devenir d’une façon ultime des « Enfants de Dieu ».
Il faudrait revoir le film pour s’imprégner de toute la richesse des dialogues.
Je voudrais surtout souligner mon impression la plus forte.
« Des hommes et des dieux » est d’abord une magnifique œuvre cinématographique.
La plus belle scène du film est celle du dernier repas partagé, entre les frères, une vraie « Cène »...
Les habitants du monastère dégustent deux bonnes bouteilles de vin apportées par Frère Luc ( Mickaël Lonsdale) . Ce dernier a glissé dans le magnétophone un passage du Lac des cygnes de Tchaïkovski. » : Leur chant du cygne....
Et c’est une séquence bouleversante où tour à tour, sur les visages des frères filmés en plan serré, se lisent l’émotion, la plénitude, la crainte, la prière....
Ils pressentent qu’ils vont vers leur mort comme le Christ pressentait sans doute sa Passion....
On a vécu en 1996, le drame de l’enlèvement des moines, l’annonce de leur mort.On a pu lire leurs écrits..
Il aura fallu cette œuvre artistique présentée à Cannes au printemps dernier, pour bouleverser le petit monde du Festival, le monde du cinéma, des soirées cannoises, celui de la critique branchée et blasée et enfin celui du grand public, pour provoquer cette onde de choc, cette émotion et ce concert de louanges .
Preuve que le christianisme ne peut être une contre culture, mais qu’il doit être pleinement dans la culture de son temps..
Je me demandais avant d’aller voir ce film pourquoi dans le titre « Des hommes "précédaient "Des dieux".
Ce film raconte en vérité, ce que ces moines étaient en fraternité avec leurs plus proches voisins, ils étaient hommes au milieu des hommes, en communion avec leurs frères musulmans partageant leurs vies, leurs peurs, leurs moments de joies, leurs prières..
Oui, le christianisme ne pourra être pleinement du Christ que s’il sait être auprès des hommes et des femmes qui luttent, qui prient, qui espèrent. En partageant leurs mots, leurs cultures..
Ici et maintenant....
MNG