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Socialisme, capitalisme et féminisme - SIDA DE CIVILISATION : Les grandes hypothèses par Yan Barcelo

Source: Centpapiers.com
Après deux mois d’absence, je poursuis dans cette chronique avec les grands thèmes qui forment les fruits privilégiés de l’Occident et dont le mûrissement est tributaire de l’héritage chrétien d’une façon fondamentale. Dans des articles précédents, j’ai tenté de montrer combien certaines des plus grandes productions culturelles de l’Occident (démocratie, assistance sociale, science, technologie, industrie) n’auraient pu voir le jour sans la matrice de pensée inaugurée en premier lieu par le christianisme, ensuite par les traditions grecques et judaïques.

Je poursuis dans cette chronique en mettant de l’avant trois autres fruits originaux de l’Occident : socialisme, capitalisme et affirmation de la femme (de façon plus restrictive, le féminisme). Je réserve une discussion plus étendue de ce dernier thème pour la semaine prochaine.

Certains jugeront ces fruits comme étant vénéneux et dont la valeur, dans certains cas, est contestable, mais il est certain qu’ils sont exclusifs à l’arbre culturel de l’Occident et n’auraient pu naître ailleurs que dans le terrain fertilisé par le christianisme. Aussi, ces fruits font-ils l’objet de la convoitise de presque tous les pays et toutes les nations, et leur diffusion, comme celle de la science/technologie et de la démocratie, sont-ils la marque d’un triomphe planétaire de l’Occident.

Quel pays aujourd’hui ne subit-il pas, ou n’a-t-il subi, l’influence profonde d’un de ces héritages? Combien de pays ont été marqués, par exemple, par la philosophie politique du communisme, du socialisme, de la social-démocratie? Combien se transforment pour intégrer les pratiques du capitalisme? Combien sont agités par l’affirmation croissante des femmes? Tous ces courants si puissants n’auraient pu voir le jour hors de la terre intellectuelle fertilisée par le christianisme.

Socialisme. – Toutes les variations de la pensée socialiste, qui vont du marxisme-léninisme au maoïsme, en passant par l’anarchisme libertaire et la social-démocratie prennent racine dans le deuxième commandement du Christ (aimer son prochain comme soi-même). Toutefois, le Christ avait également enjoint ses auditeurs d’aimer Dieu de toute leur force et toute leur pensée, mais c’est une partie que la plupart des théoriciens socialistes ont choisi d’ignorer. Ils ont cherché à penser l’utopie de la grande communauté humaine, mais sans Dieu. Et du coup, ils ont mené à certains des totalitarismes les plus étouffants de l’histoire.

En même temps qu’ils ont oublié Dieu, les socialismes ont étrangement oublié l’humain. Leurs systèmes sont cruellement carencés au plan de leur anthropologie : ils ont cru que l’être humain était une boîte noire totalement déterminée et contrôlée par les grandes structures extérieures : appareil de production, superstructure politique, impératifs idéologiques. Changez les conditions extérieures et vous allez changer l’humain, ont-ils pensé.

Laissez faire que l’humain porte en son cœur même l’envie, la convoitise et l’orgueil; en agissant sur les bons leviers de conditionnement structuraux, nous allons changer le cœur même de l’homme et le rendre généreux, charitable, communautaire… heureux. Mais Pascal nous avait déjà avertis : qui veut faire l’ange, fait la bête.

Il reste que le socialisme a eu un parcours extrêmement puissant pendant plus d’un siècle et a conquis près de la moitié de la population terrestre, que ce soit en Russie, en Chine, dans la moitié de l’Europe et dans nombre d’autres pays. Or, même s’il est un enfant estropié de la pensée chrétienne, il n’en reste pas moins que le socialisme est bel et bien son enfant.


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Capitalisme. – Comme l’ont démontré certains historiens de l’économie, notamment John Gilchrist, on trouve les premiers ferments du capitalisme dans l’organisation des monastères du Bas Moyen-Âge. C’est là qu’on voit pour la première fois des groupes s’organiser de façon complexe et systématique pour créer, à partir d’avoirs existants, des avoirs additionnels, et non plus simplement accumuler et exploiter des richesses existantes. On sait la fertilité que cette formule a eu par la suite, que ce soit dans les grandes banques italiennes de la Renaissance, les sociétés industrielles du 19è siècle et les conglomérats du 20è.

Malheureusement, la situation financière de ce début de millénaire nous donne une vision pervertie du capitalisme, un capitalisme purement monétaire qui ne s’occupe plus de faire de l’argent qu’à partir du loyer de l’argent. C’est une forme exaltée de l’usure, que l’Église condamnait si vigoureusement dans l’Europe du Moyen-Âge. Mais avant ce capitalisme hyper-financier, dont nous avons récemment vu le triomphe indécent, la faillite scandaleuse et le nouveau triomphe non moins scandaleux, il existe le capitalisme de production, celui qui s’occupe de faire fructifier son bien par la production, la distribution et la multiplication d’autres biens, matériels ou intellectuels.

Or, ce capitalisme-là est inséparable de ces autres fruits de l’Occident : science, technologie et industrie. À l’intérieur de cette matrice, le capitalisme agit essentiellement comme l’engin monétaire d’échange, d’accumulation et de réinvestissement. Et, à ce titre, il est un fruit totalement légitime et unique de l’Occident.

Le jugement sévère qu’on fait le plus souvent à l’endroit du capitalisme tient à une méprise : on condamne le processus même du capitalisme alors que l’objet véritable du litige tient à la propriété privée et au fait qu’on a vu en celle-ci un droit sacré, ce qui a eu tendance de préserver les droits à l’exclusivité des oligarchies depuis la plus haute antiquité.

Or, condamner le capitalisme en lui-même à cause d’une surextension du droit de propriété privée est une erreur. Si on respecte sa logique interne vouée à la multiplication de richesses (une logique qui peut être asservie autant par le dynamisme entrepreneurial individuel qu’étatique ou collectif), il se présente comme un des fruits les plus fertiles et les plus puissants à avoir émergé de la matrice chrétienne.