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Science fiction - L'Antarctique livre le secret de poussières extraterrestres. Stéphane Foucart

Les glaces de l'Antarctique sont connues pour receler les archives climatiques de la Terre ; elles renferment bien d'autres secrets. Outre de minuscules bulles d'air - qui livrent la composition de l'atmosphère au cours des derniers 800 000 ans -, les scientifiques découvrent aussi, emprisonnées dans l'inlandsis du Continent blanc, des poussières extraterrestres, témoins des premiers instants du système solaire.

Des chercheurs français publient, vendredi 7 mai dans Science, l'analyse de tels grains microscopiques, dont certains forment "une nouvelle population d'objets extraterrestres", dit Cécile Engrand (CNRS et université Paris-XI), coauteur de ces travaux qui pourraient contribuer à trancher le débat sur l'origine de la matière organique du système solaire.

La Terre subit en permanence le bombardement subtil de telles particules. Mais celles-ci, sitôt parvenues à la surface du globe, se mêlent aux poussières terrestres. Pour les retrouver, les chercheurs n'ont d'autres choix que de prospecter les étendues enneigées de l'Antarctique, seuls lieux suffisamment vierges pour en garder la trace ténue.

"C'est en soi très simple : il suffit de prendre la neige et de la filtrer, dit Jean Duprat, principal auteur de ces travaux. La difficulté est de le faire sans la "polluer"." La moisson est toujours chiche, "une centaine de particules d'un dixième de millimètre environ par mètre cube de neige, dont plus de la moitié sont d'origine extraterrestre ", précise M. Duprat.

La récolte effectuée en 2006 grâce au soutien de l'Institut Paul-Emile-Victor (IPEV), non loin de la station Concordia (centre de l'Antarctique), a ramené 1 500 de ces grains "étrangers", leur provenance extraterrestre étant, pour certains, signée par les importantes quantités de deutérium - la version lourde de l'atome d'hydrogène.

Principale surprise : la quantité de matière organique - essentiellement composée de carbone (C) et d'hydrogène (H). Celle-ci constitue jusqu'à 80 % du volume de certains grains étudiés, soit environ dix fois plus que dans les corps extraterrestres retrouvés jusqu'ici. "Cette caractéristique suffit à en faire une catégorie à part, précise M. Duprat. Elle suggère en outre que ces grains sont d'origine cométaire, puisque l'on sait que les comètes sont très riches en composés organiques."

De plus, l'analyse de ces "micrométéorites ultracarbonées" a permis de révéler la présence de minéraux sous forme cristalline. "Or les phases cristallines sont très rares dans le milieu interstellaire, explique M. Duprat. Elles sont au contraire typiques des disques protoplanétaires, ces disques de matières en rotation autour des étoiles jeunes et qui donnent, à l'issue d'un mécanisme d'accrétion, les systèmes planétaires."

Cette matière organique pourrait donc avoir été formée au sein même du système solaire. "Jusqu'il y a environ cinq ans, l'hypothèse dominante était que la matière organique était héritée du milieu interstellaire et n'était pas à proprement parler originaire de système solaire", explique Mme Engrand.

Ces données plaident, au contraire, en faveur de l'idée que les processus de formation des systèmes stellaires - à l'image du système solaire - incluent des mécanismes capables de forger cette matière organique, brique élémentaire de tout édifice biologique.
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