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Percée médicale: Un coeur «vivant» est transplanté pour une première fois aux États-Unis

The Canadian Press
Alicia Chang, The Associated Press
7 décembre 2010


LOS ANGELES, États-Unis - Des médecins américains ont entrepris de comparer une nouvelle méthode pour préserver le coeur d'un donateur avant sa transplantation à celle qui est utilisée depuis des dizaines d'années.

Avec la nouvelle technique, le coeur du donateur est placé dans une boîte spéciale qui l'alimente en sang et le garde au chaud pendant qu'il continue à battre à l'extérieur du corps.

Cette méthode est radicalement différente de celle qui est utilisée depuis 40 ans. Normalement, les médecins doivent se précipiter au chevet du donateur, prélever le coeur et le transporter sur glace, le plus rapidement possible, jusqu'au récipiendaire. Des études démontrent que plus il s'écoule de temps avant la transplantation, plus le récipiendaire est à risque de décès ou de maladie cardiaque.

Avec la nouvelle méthode, le coeur prélevé est nourri par le sang du donateur pendant qu'il continue à battre, le temps que dure le voyage entre les deux hôpitaux.

En vertu de certains succès remportés à l'étranger, l'université de la Californie à Los Angeles (UCLA) dirige actuellement une étude — en compagnie d'autres écoles — pour comparer l'efficacité de la nouvelle méthode à celle de la technique habituelle. Si la nouvelle technologie se révèle plus efficace, disent les experts, cela pourrait révolutionner le champ des transplantations cardiaques.

L'emplacement des patients n'aurait plus d'importance, puisque les médecins pourraient transporter le coeur d'un vers l'autre sans se préoccuper des distances. Les coeurs disponibles sont actuellement octroyés aux récipiendaires admissibles qui sont les plus rapprochés de l'hôpital du donateur.

«L'effet d'empressement serait annulé. Je pourrais aller chercher un coeur jusque sur la côte Ouest», a expliqué le docteur Bruce Rosengard, de l'Hôpital général du Massachusetts, qui a transplanté le premier «coeur vivant» au Royaume-Uni en 2006.

Les chercheurs croient que les coeurs arriveraient possiblement en meilleur état s'ils continuaient à battre à l'extérieur du corps plutôt que d'être placés sur glace. Et s'il devient possible de surveiller le fonctionnement du coeur à l'extérieur du corps, on pourrait envisager le prélèvement et la transplantation de coeurs en moins bon état, ce qui pourrait alléger la pénurie d'organes disponibles.

De plus, les transplantations cardiaques pourraient aussi cesser d'être des interventions d'urgence et être planifiées plus longtemps d'avance.

«Si on sait qu'un organe peut être préservé, alors au lieu de faire la chirurgie à 3h du matin, on pourrait attendre à 6h», a dit le docteur Richard Shemin, de UCLA.

La première transplantation d'un «coeur vivant» a été réalisée en Allemagne en 2006, grâce à une boîte inventée par la compagnie américaine TransMedics. L'entreprise finance l'étude actuellement menée par UCLA.

Les premières conclusions de deux expériences menées en Europe auprès de 54 patients sont encourageantes. Le taux de survie un mois après la chirurgie atteint 97 pour cent, et les épisodes de rejet et autres complications sont rares. L'absence d'un groupe témoin empêche toutefois de déterminer si une transplantation de «coeur vivant» est préférable. La nouvelle étude américaine est la première à comparer directement les deux techniques.

Des experts n'ayant aucun lien avec l'étude soulignent toutefois que la nouvelle méthode devra encore faire ses preuves avant d'être adoptées par tous. De plus, le coût pourrait entrer en ligne de compte puisque la boîte spéciale se détaille environ 200 000 $ US contre seulement 35 $ US pour la glacière utilisée quand le coeur est mis sur glace.