Citation du jour:

N'oubliez pas de faire un don. Nous avons besoin de votre aide en ces temps difficiles.Faire un don.

Société - Le nouveau visage du mouvement féministe

Source: humanite.fr

Les voix du renouvellement féministe

«Qu’est-ce qu’une politique féministe aujourd’hui ?» C’est sur cette réflexion engagée par la philosophe Geneviève Fraisse que s’est clôturé, dimanche, le congrès international « Le féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques », qui se tenait au Palais de la femme, à Paris. Couronnant avec succès les quarante ans du Mouvement de libération des femmes (MLF), l’événement inédit a réussi le pari de réunir une pluralité d’associations féministes, des universitaires du monde entier (Algérie, Brésil, États-Unis, France, Haïti, Inde, Iran, Mali, Pologne, Roumanie, Tunisie…) et des centaines de participant(e)s. Tou(te)s venu(e)s débattre et réfléchir ensemble, durant deux jours et demi, sur la « cause des femmes », « l’égalité des sexes » et « la liberté » à l’heure de la mondialisation. Objectif commun : dégager, à plusieurs voix, des pistes pour construire une politique féministe capable de dessiner un autre monde pour les femmes et, par là même, pour tous.

Publicité

« Nous avons pris acte de la fin d’un cycle. Dans les pays occidentaux, ce qui est de l’ordre de la conquête des droits depuis deux siècles s’est clos, même si nous restons sous la menace de la réversibilité des droits. Il est frappant de voir la répétition du point de vue de la domination et de l’émancipation mais ce colloque n’a pas fait ritournelle, au sens de refrain », a conclu Geneviève Fraisse. Pour développer une politique féministe et de nouvelles stratégies d’émancipation, un changement de concepts et de paradigmes est nécessaire selon la philosophe, qui prévient : « Je récuse le terme “instrumentalisation” », qui sépare le sujet de l’objet, car, selon elle, ce n’est pas parce que l’on devient sujet que l’on n’est plus objet de consommation, d’échange, de marchandisation…. Parce que, « la question de l’égalité homme-femme est une affaire politique. Dans l’Europe économique, nous ne gagnerons l’égalité de traitement que par la ruse de l’histoire. À ruses, ruses ennemies ! » a ainsi appelé Geneviève Fraisse, soulignant la pluralité de stratégies possibles à développer.

« Nos modèles d’émancipation pour le XIXe et le XXe siècle doivent être renouvelés », a appuyé la chercheuse féministe Françoise Picq. « En effet, nous sommes à la fin d’un cycle mais pas à la fin de la réflexion féministe. Grâce à ce congrès nous savons où nous en sommes par rapport à il y a quarante ans et nous pouvons identifier les instruments pour continuer la lutte », a ajouté Liliane Kandel, sociologue. « Longtemps, nous n’avons eu ni la possibilité ni l’occasion de débattre de ces questions : ce congrès l’a permis », a continué Monique Dental, du réseau féministe Ruptures.

Publicité


Wassyla Tamzali, du collectif Maghreb Égalité, s’est également félicitée de cet événement, rappelant qu’il était primordial de travailler, aussi, sur l’absence de liberté de conscience dans les pays arabes qui ligote l’égalité. Dans la salle, le public, venu nombreux, s’est exprimé. Sabine Salmon, de Femmes Solidaires, a par exemple insisté sur la nécessaire « déconstruction » des « caricatures qui pèsent sur le féminisme », « des stéréotypes », de « la société patriarcale », d’« un système de pensée et d’action préjudiciable aux femmes » ou encore de « l’idéologisation des religions » pour « la construction d’un projet féministe », avant d’interroger : « Ce projet doit-il entrer dans une nouvelle phase de radicalité, devenir une alternative politique à l’instar de l’écologie politique ou rester une composante du mouvement social ? »

« Ce congrès est un petit événement. Il a statut de commencement », a conclu Martine Storti, présidente de l’association 40 Ans de mouvement.

AGORA

Anna Musso