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Le Jeu de la Mort: origine & décryptage (France 2)

L’histoire commence en 1961, à Jérusalem. Le fonctionnaire de haut-rang de l’Allemagne nazie et acteur de premier plan de la solution finale Adolf Eichmann est alors jugé pour crimes contre l’humanité/de guerre/contre le peuple juif et participation à une organisation hostile. Il affirmait, pour unique ligne de défense, n’avoir fait que « suivre les ordres ». Stanley Milgram, chercheur en psychologie à l’université de Yale, interpellé par cette justification, décide de mener des expériences afin d’évaluer le degré d’obéissance à des ordres jugés amoraux par la société.

En 1963, par petite annonce, il recrute quarante hommes d’âge et de catégorie socioprofessionnelle différente pensant participer à une étude sur l’influence de la punition sur la mémorisation. L’expérience commence par un tirage au sort dont les dés sont, évidemment, pipés : les sujets choisis par Milgram héritent du rôle d’enseignant, l’apprenant étant en réalité un membre de l’université. (A ce stade de l’article, les termes « apprenant » et « enseignant » seront utilisés de manière redondante, voire outrancière. Pardon pour la gêne occasionnée). Ce dernier est entraîné à l’écart des autres dans une pièce où on l’affuble d’un dispositif censé lui infliger des décharges électriques. Son seul contact avec le professeur de Yale (qui dirige l’opération) et l’enseignant est un microphone, grâce auquel l’enseignant fait mémoriser à l’apprenant une liste de mots par paire. A chaque erreur, l’enseignant, ignorant totalement qu’il est en réalité le cobaye de l’expérience, doit infliger des décharges électriques dont la puissance augmente graduellement de 15 V. Au fur et à mesure, l’apprenant feint une douleur croissante, gémissant, puis hurlant, pour finalement supplier de mettre un terme à l’expérience. Au bout de 300V, il fait alors semblant d’être inconscient. Le professeur de Yale s’occupe de rassurer l’enseignant quand celui-ci hésite à infliger les chocs, lui rappelant qu’il est déchargé de toute responsabilité en cas de problème. Le bilan de l’expérience ? 62,5% des participants ont accepté de mener l’expérience jusqu’au bout, administrant à une personne qui ne leur avait rien fait trois décharges électriques de 450V et ne contestant pas ou peu l’expérience. Ce résultat prouvait à l’époque que, face à une autorité légitime, un individu lambda a tendance à obéir à un ordre contraire à ses valeurs.

Demain soir sera diffusé le Jeu de la mort* documentaire sous forme de divertissement reproduisant l’expérience de Milgram. Le principe reste le même, seuls changent le décor et l’autorité légitime : on passe d’un professeur en blouse blanche dans un laboratoire de Yale à un plateau télé orchestré par Tania Young.

Le but est de réfléchir au pouvoir de la télévision sur des gens comme vous et moi, à la facilité avec laquelle nous sommes capables de perdre notre esprit critique, et surtout pas de s’affliger du comportement des participants. Après en avoir discuté autour de moi, avec mes amis ou ma famille, je me suis rendue compte que la première réaction est toujours de s’offusquer en disant « moi, jamais ». Pourtant, sur 80 candidats, seulement 16 se sont rebellés et ont refusé de continuer le « jeu ». D’autant plus que l’histoire nous a démontrés que l’être humain avait une tendance à la soumission à l’autorité, alors, au final, qu’est-ce qui nous prouve que dans un tel contexte, nous aurions su garder notre intégrité ?

Le rendez-vous est donné : demain, à 20h35** sera diffusé Le jeu de la mort, suivi d’un documentaire intitulé Le temps de cerveau disponible*.

(*Produit par Christophe Nick)