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Géopolitique - Un échec pour Obama face au conflit Israelo-Palestinien

Source: Reuters
Barack Obama se casse les dents sur le conflit du Proche-Orient
Comme ses prédécesseurs, le président américain Barack Obama semble s'être à son tour cassé les dents sur le conflit du Proche-Orient qui perdure depuis plus de 60 ans. 

Son incapacité à obtenir une reprise sous égide américaine du dialogue direct entre Israéliens et Palestiniens met fin à l'illusion qu'il pourrait être réglé d'un coup de baguette magique - qui plus est dans un délai d'un an.

Le mieux que les deux camps puissent espérer maintenant, ce sont des accords partiels et graduels, sans doute négociés loin des projecteurs et probablement mis en oeuvre sur des années, estime-t-on dans les milieux diplomatiques.

"On aurait dû enterrer il y a bien longtemps l'idée qu'on pourrait parvenir à une solution à deux Etats bilatéralement négociée", estime l'ancien négociateur israélien Daniel Levy.

"C'est ridicule de prétendre que ce type de processus de paix est encore vivace", estime Levy, aujourd'hui chercheur à la New America Foundation de New York.

Ce dernier épisode voué à l'échec de la diplomatie proche-orientale remonte au mois de septembre, lorsque Barack Obama a jugé possible d'obtenir un règlement global au terme d'un an de rencontres directes entre les deux camps.

Mais, conformément à leurs avertissements, les Palestiniens ont claqué la porte des négociations directes trois semaines après leur commencement, en raison du refus d'Israël de proroger un gel partiel de ses activités de colonisation.

Les Etats-Unis ont formulé une série d'offres à Israël pour le convaincre de prolonger de trois mois ce moratoire, dont la livraison de 20 chasseurs F-35 d'une valeur globale de trois milliards de dollars.


RETOUR À LA DIPLOMATIE DE LA NAVETTE?

Le secret espoir de Washington était qu'en 90 jours les deux parties feraient assez de progrès sur la question des frontières de la future Palestine pour rendre la question des colonies superfétatoire.

Mardi soir, des diplomates américains ont fini par admettre l'échec de cette stratégie et ont annoncé qu'il allaient se mettre en quête d'autres démarches, dont un retour possible à la "diplomatie de la navette".

Yasser Abed Rabbo, un proche collaborateur du président palestinien, Mahmoud Abbas, en est arrivé à se demander si les Etats-Unis, censés être le médiateur le mieux placé entre les deux camps, pourront jamais arracher un règlement.

Si Washington est incapable d'obtenir de l'Etat juif un arrêt de la colonisation "pour une période limitée", comment pourrait-il "faire accepter par Israël une solution équilibrée fondée sur les résolutions internationales et une solution à deux Etats ?", s'est-il interrogé.

Dès le départ des pourparlers, le pessimisme prévalait pourtant dans les deux camps sur la possibilité de résoudre en 12 mois des questions qui paraissent aussi inextricables que celle du statut de Jérusalem.

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"On ne doit pas présumer ou supposer que nous sommes la génération qui résoudra le problème ou parviendra à mener à bien les négociations", souligne Daniel Reisner, membre de l'équipe de négociateurs israéliens.

Certains diplomates américains ont laissé entendre que les Etats-Unis pourraient désormais chercher à sortir de l'impasse en tentant d'imposer aux deux camps récalcitrants leurs propres propositions sur les futures frontières de la Palestine.

Mais, pour Yossi Shain, directeur de la faculté de diplomatie de l'université de Tel Aviv, Washington est mal placé pour ce faire et risquerait s'il essayait et échouait de perdre encore un peu plus de son crédit diplomatique.


"ÉVITER CES CIRQUES DIPLOMATIQUES"

De même, il ne pense pas que les Palestiniens mettront à exécution leur menace de tenter de forcer la main d'Israël en essayant d'obtenir la reconnaissance de l'indépendance de la Palestine aux Nations unies.

"Les Palestiniens ne proclameront jamais leur indépendance" parce que non seulement Israël y est complètement hostile mais aussi que "les Américains ne permettront pas car il ne veulent pas le chaos", prédit Yossi Shain.

Le plus probable, c'est que le statu quo ne va pas évoluer sensiblement dans un avenir proche, du moins en surface.

Les Palestiniens vont continuer à mettre en place leurs futures institutions en Cisjordanie. Les Israéliens vont se concentrer sur leur priorité quasi obsessionnelle: la menace nucléaire de l'Iran.

Selon les analystes, personne ne va vraiment souffrir de l'échec de la reprise des négociations directes, et c'est précisément là l'un des problèmes.

"Tant qu'il n'y a pas de conséquences en terme de maintien du statu quo, pourquoi diable quiconque attendrait que quelque chose de différent se produise?", se demande Daniel Levy.

Mais, à Jérusalem, les diplomates disent ne pas s'attendre à ce que tous les canaux de communication entre les deux camps se ferment du simple fait que les Etats-Unis n'ont pas réussi à relancer le dialogue direct sous leur égide.

Israéliens et Palestiniens seront certainement plus à l'aise en menant des négociations secrètes loin de la frénésie des médias et des pressions politiques internes. Ils pourraient même trouver cette méthode plus efficace.

Après tout, l'accord de paix avec l'Egypte et les accords d'autonomie d'Oslo avec les Palestiniens résultent de contacts secrets dont les Etats-Unis ont au départ été tenus à l'écart.

"La meilleure chose que les Israéliens et les Palestiniens puissent faire, c'est d'éviter ces cirques diplomatiques et de se parler en secret dans quelque pays lointain", juge un diplomate européen basé à Jérusalem.