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Culture et barbarie par Henri Dalbos

Pour les Grecs, le barbare, c’était toujours « l’autre », l’inconnu, celui qui était d’une autre culture comme si les cultures entre elles ne pouvaient pas s’enrichir. Mais aujourd’hui, on le sait, le barbare est l’être humain, tout seul ou en groupe, en ethnie, en civilisation.

Tout seul le barbare est un monstre, une sorte de déviance d’une nature humaine jugée philosophiquement comme bonne. C’est oublier que tous les mécanismes technologiques ou humains peuvent se détraquer. Et puis le barbare, ce n’est pas l’animalité quoi qu’on en dise. On ne connaît pas de bande de lions voulant exterminer une bande de tigres pour des raisons de race différente. Alors que dans le monde humain, l’on tue par plaisir, par idéologie, pour le pouvoir, l’exclusivité.

Mais il existe une barbarie « culturelle » qui a la prétention d’exister en tant que telle et je veux parler de toutes les mutilations du corps de l’être humain au nom d’une culture. Je veux parler de l’excision, cette ablation du clitoris de la femme donc de sa jouissance « infinie », comme le disait le psychanalyste Lacan, et qui fait si peur aux hommes avec leur éjaculation limitée voire précoce.

Alors certains hommes restent dans l’archaïsme intellectuel doublé d’une peur ancestrale d’être dominés par la femme. Ces hommes-là ont au nom de leur propre peur « inventé » l’excision et pire encore, l’ont installée dans la tête de certaines femmes qui ont fini par l’accepter et la tolérer.

J’ajouterais pour finir, quitte à faire froncer les sourcils juifs, que la circoncision, comme par hasard pas du tout anti-jouissive, fait pour moi partie aussi d’une barbarie soi-disant hygiénique. Et pourquoi pas le gland à l’eau de Javel !

Sans oublier que ces hommes-là ont tous la prétention de croire dur comme fer en leur Dieu et qu’ils n’hésitent pas à mutiler le corps que ce même Dieu leur a donné.