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Ces enfants, que nous le voulions ou non, font partie de ceux qui assureront la relève de notre génération

Les enfants sont un élément fondamental dans la vie et la croissance d'une ville-santé. Sans eux, la communauté n'est pas totalement représentée. Trop souvent, les besoins des enfants font l'objet d'une attention de pure forme, mais dans une ville-santé, les jeunes participent vraiment à la vie civique. Ils expriment leurs opinions et prennent part aux projets de voisinage. Dans la province canadienne du Québec, en 1987, 5000 jeunes de Rouyn-Noranda (30 000 habitants) avaient été invités à décrire ce que serait leur ville dans l'avenir si elle devenait plus saine. Leurs idées ont formé la base d'un ordre du jour de la jeunesse, présenté au conseil municipal, qui aide depuis quelques années à modeler les activités de la ville.

Au nombre des initiatives inscrites à l'ordre du jour figuraient un programme visant à mettre en lumière les réalisations des jeunes , ainsi que des mesures destinées à réduire les émissions d'acides et de métaux lourds de la fonderie qui est le cœur économique de la région. Lors d'un forum communautaire organisé en juin 1996, une seconde série de projets a été adoptée, notamment des plans pour créer dans les quartiers des cercles de justice pour les jeunes et une stratégie de réduction de la pauvreté. Dans l'Etat de Californie (Etats-Unis), Oakland applique depuis 1993 un programme villes-santé mais, même avant cette date, la municipalité travaillait en partenariat avec le comté d'Alameda à promouvoir la santé et le bien-être de ses administrés. Dans plusieurs quartiers, le taux de mortalité infantile était aussi élevé que dans certains pays en développement - plus de 40 décès pour 1000 naissances vivantes. Les administrateurs de la santé publique avaient pris les mesures habituelles, développant les soins prénatals, les programmes de nutrition, les consultations de santé maternelle, mais sans beaucoup d'effet. Des membres de la communauté, préoccupés par le taux de mortalité des nourrissons, ont formé une coalition pour travailler sur le problème.

Dans la foulée se sont créées, au début des années 90, une série de coalitions sur les questions d'éducation, d'habitat, de développement économique, de sécurité et d'application de la loi. Lors d'une réunion, alors que la discussion allait aborder la mortalité infantile, les représentants de certaines coalitions se sont levés pour partir, pensant qu'ils n'avaient pas à intervenir. Persuadés de rester, ils ont commencé à comprendre que le taux de mortalité infantile était une question qui ne relevait pas seulement de la santé, mais où intervenaient aussi des facteurs comme la pauvreté, l'adolescence, l'éducation, l'habitat et les transports.Quatre ans plus tard, le taux de mortalité infantile d'Oakland était tombé de moitié, première réduction enregistrée en 25 ans - parce qu'on avait commencé à traiter les décès de nourrissons non pas simplement comme un problème médical, mais comme un problème communautaire.

La coopération entre les diverses institutions s'est améliorée, et la ville a obtenu une subvention fédérale pour la diminution de la mortalité infantile. Les habitants ont appris, grâce au processus de coalition, l'existence de services en place depuis longtemps, de sorte qu'un plus grand nombre de femmes enceintes ont commencé à en profiter. En 1996, Oakland a adopté un collectif budgétaire de 12 ans prévoyant de consacrer 2,5 % des fonds municipaux aux besoins des enfants. Les enfants ont été une force déterminante dans l'adoption de cette disposition, et ils participent aux décisions sur l'emploi des fonds. A Milan (Italie), un projet «Enfants des villes» a démarré en 1989 avec le soutien de l'UNICEF, pour améliorer la qualité de la vie des enfants, en mettant l'accent sur leur droit à la participation. Ville prospère, Milan souffre néanmoins de toute la gamme des fléaux sociaux modernes, notamment la pauvreté, la délinquance et l'inégalité dans l'accès aux services communautaires. Les recherches entreprises au début du projet ont fait ressortir un manque de coordination entre les nombreuses institutions s'occupant des problèmes de l'enfance. Les informations sur les besoins des jeunes étaient incohérentes, et il n'existait pas de suivi systématique de la situation.

En 1992, des maires, des planificateurs urbains et d'autres responsables des services sociaux de villes d'un certain nombre de pays se sont rencontrés à Florence dans le cadre d'une réunion intitulée «Les enfants d'aujourd'hui - les villes de demain», pour comparer leurs politiques relatives aux enfants et mettre au point des stratégies destinées à améliorer les conditions de vie de ceux-ci. Ils ont élaboré un document appelant une nouvelle vision des enfants, reconnus comme citoyens possédant le droit et le pouvoir d'améliorer leur vie. En 1994, Milan a créé un conseil pour le bien-être des enfants, chargé de suivre les plans des programmes en faveur de l'enfance, de surveiller le respect des droits de l'enfant et d'aider à coordonner les ressources municipales. Deux projets pilotes ont été lancés en 1995 pour favoriser l'accès aux services des travailleurs sociaux, rénover les zones urbaines et encourager la participation des enfants et des communautés locales.

De nombreux avantages en sont résultés. L'étude menée sur les ressources des services a abouti à l'établissement d'une carte, appelée «Des espaces conviviaux pour nous» qui a été largement distribuée. Les enfants, aidés par des animateurs, ont enquêté dans leur quartier et préparé pour améliorer leur environnement des plans auxquels ne manquaient ni dessins ni modèles,. Ils ont mené des projets pour aménager les parcs et les cours des immeubles avec l'aide d'artisans locaux et des techniciens municipaux. Plus de 3000 enfants de Milan ont participé aux activités villes-santé, et le projet s'élargit à trois autres localités. Ce sont aujourd'hui quelque 300 000 personnes qui en bénéficient.

De même, des enfants de Seattle, dans l'Etat de Washington (Etats-Unis), ont participé à l'amélioration de leur environnement dans le cadre du projet «La place des enfants», lancé en 1983 par un pédiatre à la retraite afin que les jeunes aient un endroit où aller s'amuser autre que les centres commerciaux. La première activité, mise au point par les enfants avec l'aide d'adultes, était un simple questionnaire interrogeant les enfants sur les différents endroits de leur communauté - l'endroit le plus propre, l'endroit où on se sent le plus heureux, l'endroit le plus dangereux, ou le plus stimulant. Grâce à cette enquête, les enfants ont identifié les carrefours dangereux, les zones polluées, les bonnes écoles et les zones sûres - tout cela sans étude coûteuse. Ils ont fait remarquer que les transports publics ne les amenaient pas là où ils voulaient aller parce que le réseau avait été conçu pour conduire les adultes à leur travail et les en ramener. Impressionné par leur effort, le maire a demandé aux enfants de proposer des changements dans les lignes d'autobus. Les itinéraires ont été modifiés, les besoins des enfants ont été satisfaits et les autobus ont gagné plus d'argent. Seattle a maintenant défini une politique municipale pour les enfants et les jeunes.

On trouve maintenant dans de nombreuses villes d'Europe, du Japon et d'Amérique du Nord des programmes du type «La place des enfants». Ils ont permis de créer des parcs et des aires de jeu, des passerelles pour piétons, des centres de quartier et des dispensaires pour adolescents. Les jeunes se sont débrouillés pour obtenir l'autorisation d'organiser des rencontres nocturnes de basket-ball et ont persuadé les proviseurs de laisser les écoles ouvertes tard dans la soirée afin qu'elles puissent être utilisées pour des activités récréatives.

Ces efforts ont en commun la participation des citoyens pour décider des priorités de la communauté et pour travailler à leur réalisation. Une communauté-santé est dynamique. Elle a la capacité de changer avec le temps et avec les besoins de ses citoyens. Mais les résidants ne peuvent réussir à eux seuls. Ce n'est que lorsque les autorités s'unissent avec eux dans une volonté de partenariat que les zones urbaines sont à même de répondre aux besoins et aux droits de tous leurs habitants, jeunes et vieux, pauvres et riches. Ces efforts exigent une volonté politique et de nouvelles formes de gestion démocratique et participative réorientées vers les besoins sociaux.

Alors que nous entrons dans le millénaire urbain, où la majorité des enfants du monde naîtront et grandiront dans les villes, la santé et le bien-être des jeunes et des générations à venir dépendront de notre aptitude à créer des villes et des communautés plus saines. Le progrès des nations sera donc étroitement lié au progrès accompli dans les villes.

Leonard Duhl et Trevor HancockLeonard Duhl et Trevor Hancock sont les fondateurs du mouvement villes-santé/communautés-santé. Le Dr Duhl est directeur de la Fondation internationale des villes-santé, qu'il a créée. Professeur de santé publique et de planification urbaine, il enseigne également la psychiatrie à l'Université de Californie, à Berkeley. Son secteur principal d'activité concerne les villes-santé, et ses conseils sont très sollicités par des autorités gouvernementales et des institutions internationales désireuses de développer ce type d'agglomérations. Auparavant, le Dr Duhl a été chef de la planification à l'Institut national de santé mentale (Etats-Unis), où il a participé à la création du Peace Corps.

Le Dr Hancock, médecin de santé publique et consultant en promotion de la santé, a beaucoup travaillé ces dernières années sur les communautés/villes-santé. Il apporte ses services aussi bien à des communautés locales, des autorités provinciales et nationales qu'à des organismes sanitaires et à l'Organisation mondiale de la Santé. Il a donné des consultations pour des projets villes/communautés-santé dans plusieurs pays, notamment en Suède et aux Etats-Unis, ainsi que dans tout le Canada. Le Dr Hancock était omnipraticien avant de devenir administrateur médical associé de la santé pour la Ville de Toronto, où il a aidé à lancer le mouvement villes-santé.

Chômage des jeunes: de grandes disparités.En Espagne, plus de 40 % des jeunes de 24 ans et au-dessous à la recherche d'un emploi ne trouvent pas de travail. En Autriche et en Suisse, par contre, le taux de chômage des jeunes n'est que de 6 %.. Dans plus d'un quart des 22 pays industrialisés qui ont fourni des informations, le taux de chômage des jeunes dépasse les 20 %. Dans 10 de ces pays, les jeunes femmes sont défavorisées par rapport aux garçons, la situation étant inversée dans huit autres. Les données ne prennent en compte que les jeunes d'un groupe d'âge déterminé, généralement entre 15 et 24 ans, qui cherchent du travail. Le taux de chômage des jeunes dans un pays représente le pourcentage des jeunes à la recherche d'un emploi par rapport à l'ensemble des jeunes qui travaillent et qui cherchent du travail. Dans tous les pays, ce taux est plus élevé que le taux de chômage global.

L'article 32 de la Convention relative aux droits de l'enfant demande aux pays de fixer un/des âge(s) minimum(s) d'accession à l'emploi, de prévoir une réglementation appropriée des conditions d'emploi et de protéger les enfants contre l'exploitation économique et les travaux susceptibles de compromettre leur santé, leur éducation ou leur développement. La norme la plus fréquemment retenue est l'âge minimum prévu par l'Organisation internationale du Travail, 15 ans (à condition que l'âge de la scolarité obligatoire ne soit pas supérieur).

Le chômage des jeunes entraîne un traumatisme socio-économique sur les plans personnel, communautaire et national. Pour les jeunes, un emploi n'est pas seulement une source de revenus; c'est une phase critique dans la transition de l'enfant dépendant à l'adulte indépendant, et une source de bien-être émotionnel et social. Bien que les liens entre la criminalité et l'emploi des jeunes soient assez minces, la recherche met en évidence une association entre chômage et baisse de la santé psychologique.

Ce phénomène n'a rien de nouveau: les taux de chômage des jeunes se situaient il y a dix ans entre 5 % et 48 % dans le monde industrialisé, et aujourd'hui la fourchette va de 6 % à 43 %. C'est en recherchant des solutions au problème - notamment par la promotion de moyens associant emploi et éducation - que les pays pourront satisfaire à la fois la demande croissante de compétences spécialisées sur le marché du travail et le plus grand intérêt des jeunes.

Adolescents: abus d'alcool et violence

Des millions d'adolescents, dans certains des pays les plus riches du monde, sont sérieusement affectés par des problèmes d'abus d'alcool et de violence qui compromettent leur santé et restreignent leurs chances de réussir leur vie d'adulte. Très présents dans un certain nombre de pays industrialisés, selon une enquête de l'OMS sur la santé des jeunes, l'abus d'alcool et la violence s'associent à une distanciation par rapport à l'école et à la famille, et à de mauvais résultats scolaires. Le risque est plus élevé chez les garçons que chez les filles.

De tous les pays étudiés, c'est au Danemark que l'abus d'alcool est le plus répandu, chez les garçons comme chez les filles - ces dernières présentant le taux absolu le plus élevé: 67 %. Le Danemark est d'ailleurs le seul pays où l'abus d'alcool est plus marqué chez les filles que chez les garçons. Dans 14 pays ou régions où des adolescents de 15 ans ont été interrogés sur leurs expériences concernant l'alcool, plus d'un tiers des garçons ont reconnu s'être enivrés deux fois ou davantage.

Les adolescents qui abusent de l'alcool sont plus exposés à voir apparaître des problèmes de santé, ou à mourir prématurément. Cette augmentation du risque est en partie une conséquence des effets directs d'une consommation excessive d'alcool - affections hépatiques, dépression, accidents de la circulation routière - mais elle découle aussi du lien entre la boisson et d'autres comportements à haut risque, comme le tabagisme ou la violence.

Les jeunes qui se livrent à des brutalités, physiques ou verbales, sont souvent aussi des fumeurs et des buveurs. Il est étonnant de voir combien peut varier le niveau des brimades et autres violences chez les adolescents de 15 ans. C'est en Allemagne que les taux sont les plus forts: 86 % des garçons et 72 % des filles ont déclaré en avoir brutalisé d'autres au moins une fois au cours du trimestre précédent l'enquête. Au Pays de Galles, ces taux ne sont que de 28 % chez les garçons et 13 % chez les filles. En Autriche, en Belgique (Wallonie), au Danemark et en Lituanie, plus de la moitié des garçons et des filles ont dit se livrer à des brimades. Ce type de comportement est toutefois nettement moins fréquent chez les filles.

Partager? L'aide à son niveau le plus bas en 45 ans

L'aide publique au développement (APD) fournie par les pays industrialisés est aujourd'hui dans le pot-au-noir. Elle est en effet tombée en moyenne à tout juste 0,27 % des PNB combinés des donateurs, soit le niveau le plus bas depuis 1950, année où l'on a commencé à relever des statistiques. C'est aux Etats-Unis d'Amérique que la proportion du PNB allouée à l'aide est la plus faible (0,10 % en 1995, dernière année pour laquelle on possède des données), tandis que le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède réalisent tous l'objectif convenu en 1969, de consacrer à l'aide au développement plus de 0,7 % du PNB. Le Danemark se classe en tête, avec 1,04 %.

Si l'on compte en dollars, le Japon arrive premier, avec 14,5 milliards de dollars, presque deux fois plus que les Etats-Unis (7,4 milliards). Ceux-ci, qui occupaient la première place en 1990, avec un don de 11,4 milliards de dollars, sont tombés au quatrième rang. Toutefois, le Japon, la France, l'Allemagne et les Etats-Unis ensemble ont versé plus des trois cinquièmes des 59 milliards de dollars fournis en 1995 au titre de l'APD par les 21 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Mais si l'on calcule l'aide fournie par habitant, le Danemark vient en tête, donnant 311 dollars par personne. Trois pays, l'Italie, le Portugal et les Etats-Unis, sont ceux qui donnent le moins: 28 dollars par habitant.

Bien que le flux des prêts et des investissements privés vers les pays en développement ait triplé entre 1990 (52 milliards de dollars) et 1995 (159 milliards), la plus grosse part est allée à une douzaine d'économies en développement, dont la Chine, le Mexique et la République de Corée, tandis que les pays les plus pauvres, et notamment ceux de l'Afrique subsaharienne, ne recevaient pratiquement rien. Pourtant, ces pays ont désespérément besoin d'aide pour combattre la pauvreté, rembourser leurs dettes, soutenir les investissements et financer les services sociaux.

Dans ce sombre tableau se glisse cependant une lueur d'espoir, car il apparaît que les allocations de l'aide s'orientent désormais davantage vers le secteur social. Cette tendance a été renforcée par l'initiative 20/20, soutenue par le FNUAP, l'OMS, le PNUD, l'UNESCO et l'UNICEF.