Source: RTBF
Par Françoise Baré
Les scandales a répétition qui secouent l'Eglise catholique ces dernières années ne sont pas étrangers à une démarche en très forte hausse, notamment en 2010 : celle du débaptême. Le diocèse le plus touché est Malines-Bruxelles, celui de l'archevêque André-Jospeh Léonard.
Pour l'Eglise, les baptisés qui posent cet acte d'apostasie ne sont pas des catholiques pratiquants. Et le sacrement, lui, ne meurt pas avec cette démarche purement juridique.
Au diocèse de Tournai, le vicaire épiscopal, Jean-Pierre Lorette, qui a en charge les aspects de droit canon, est formel : 460 demandes d'apostasie, le terme juridique d'origine grecque pour débaptisation, 4 fois plus qu'en 2009, 10 fois plus qu'en 2008. "Il s'agit, en l'immense majorité des cas, de gens qui ont été baptisés lorsqu'ils étaient tout bébés et qui n'ont pas été éduqués par ailleurs dans la foi chrétienne et donc finalement comme beaucoup d'entre eux, c'est une clarification par rapport à un baptême qui a été purement sociologique et n'est nullement l'adhésion à une communauté de foi."
Ces statistiques sont clairement associée aux années noires de l'Eglise catholique et de son clergé : "Notamment à l'époque, l'affaire Williamson, les propos du Pape, enfin, ce qu'on lui a prêté comme propos à propos du préservatif lors de son voyage en Afrique, l'élection de Monseigneur Léonard comme archevêque et alors en 2010, eh bien, la révélation des scandales de pédophilie dans l'Eglise belge".
Les registres de baptême sont paroissiaux
Il n'y a pas de registres de baptême centralisés ni informatisés. Chaque paroisse a son registre de papier ; à chaque baptisé, sa rubrique, son année de mariage et quand il y a débaptisation, une mention "a cessé de faire partie de l'Eglise à telle date", ce qui entraîne, en droit canon, l'interdiction d'être parrain ou marraine, de se marier à l'Eglise, de s'y faire enterrer. Il faut adresser un courrier à l'Evêque, un formulaire ou une lettre manuscrite : "C'est un acte juridique que nous acceptons parce que simplement l'Eglise catholique reconnaît la liberté de conscience et la liberté d'adhérer et de quitter l'Eglise si on en fait la demande officielle, évidemment, oui."
Certains Evêques jouent la transparence, d'autres sont plus tâtillons en scrutant les démarches des apostats. L'association "Les amis de la Morale laïque" avance pour cette année un chiffre global de 1500 demandes ; cette association centralise et transmet aux autorités ecclésiastiques les demandes. Le coordinateur Daniel Leclercq : "C'est une manière pour beaucoup de protester contre certaines déclarations, certains actes qui émanent de personnes impliquées dans l'Eglise catholique."
Pour l'Abbé Gabriel Ringlet, cela ne trouble pas l'Eglise, ce n'est qu'une suppression juridique : "C'est un phénomène tout à fait marginal et qui même au coeur de l'Eglise, mais je ne dis pas du tout ça ironiquement, ne l'atteint pas. Je n'entends jamais un débat là-dessus, nulle part."
Mille dossiers à Malines-Bruxelles, une centaine de dossiers à Namur. Quatre fois plus qu'en 2009. L'augmentation spectaculaire des demandes de débaptisation n'aura pas d'influence sur les subsides accordés à l'Eglise catholique belge. En effet, le financement des cultes en Belgique est déterminé par un décret impérial de 1806 et le nombre de baptisés n'a donc aucun impact sur les budgets alloués aux différents cultes.