La guerre en Irak et les interventions militaires comme celles faites en Haïti mettent en évidence l'obligation de rechercher des approches qui évitent que le monde du 21e siècle soit une jungle où la force continue de primer le droit.
Haïti peut et doit jouer un rôle important à cette croisée des chemins où ses problèmes rencontrent ceux du monde. Les Haïtiens doivent parler haut et fort au sein des groupes qui luttent pour une Mondialisation humaniste.
Haïti est une victime des abus de force des Grandes Puissances, une victime des embargos dévastateurs dont elle n'arrive pas à se relever.
De même qu'elle a porté la hache à l'esclavage et à la colonisation aux 18e et 19e siècles, elle doit participer activement à porter la hache aux abus tels les embargos punitifs. Elle doit encourager leur remplacement par des approches préventives, constructives, participatives ; approches que préconisent déjà des membres des Nations Unies et des leaders du Tiers Monde dont certains très agressifs d'Amérique du Sud.
Le Panaméricanisme dont Haïti a été l'inspiratrice par les interventions du président Alexandre Pétion en faveur de Simon Bolivar, deviendrait un Panaméricanisme humaniste et le Mondialisme sauvage se transformerait en Mondialisme à visage humain, comme le propose le mouvement Citoyens du Monde – dont je fais partie depuis 1980 – j'encourage donc ceux qui sont en position pour le faire de rédiger et adresser une pétition à l'ONU qui pourrait s'inspirer de la lettre que j'avais jadis adressée à Koffi Annan et qui commençait ainsi :
« Au tribunal de l'histoire, aucune puissance ne pourra justifier la violation délibérée des droits des peuples. Il faut remplacer le devoir d'ingérence par le devoir de solidarité. De même que l'on a condamné l'esclavage, on doit condamner l'embargo punitif parce qu'il porte atteinte aux droits des peuples au développement, aux droits de l'homme au mieux être; parce qu'il encourage la violence et aussi la dégradation de l'environnement dont la protection est un devoir pour l'humanité... ».
Le tourisme rural du konbitisme
La Communauté internationale classe Haïti seul PMA de l'Amérique et seul pays de ce continent en voie de totale désertification. Ses problèmes majeurs sont donc la MISÈRE et l'ENVIRONNEMENT. Les Haïtiens doivent trouver des solutions en urgence à ces deux drames auxquels leur pays est confronté. Pour combattre la misère, il n'y a qu'un moyen : produire de la richesse.
Le Konbitisme propose une voie qui combat en même temps l'exclusion : l'exclusion de la paysannerie et celle des Haïtiens de l'extérieur et protège aussi l'environnement. Le développement communautaire rural, ou tourisme rural, basé sur l'exploitation de toutes les immenses richesses naturelles, historiques et culturelles qui se trouvent pour la plupart dans le monde paysan. De telles richesses permettent de planifier un large circuit touristique intérieur, encouragent les investissements des Haïtiens de la Diaspora dans leurs régions d'origine.
Il est grand temps d'arrêter ce flot d'images désobligeantes, affligeantes que nous offrons au monde depuis quelques années : divisions, dechoukajes, misère, ordures, boat-people, coupeurs de canne d'autrui... pour imposer la vision d'une Haïti artistique, riche en vestiges d'un passé prestigieux ; une Haïti aux héritages culturels intelligemment exploités ; une Haïti qui chante, qui danse, qui peint, qui PRODUIT ; une Haïti qu'on se doit de visiter non pour des assistances humanitaires, mais pour ses beautés naturelles protégées et surtout sa culture originale, son art, son artisanat et, évidemment, son accueil chaleureux.
L'ex-Représentant de l'OEA, M. Juan Gabriel Valdès, a souligné avec force qu'Haïti est un pays UNIQUE ; Haïti a une histoire UNIQUE à exploiter.
Évidemment, ce tourisme rural exigera la protection et l'embellissement de l'environnement.
En conclusion, nous Haïtiens avons intérêt à revendiquer et à exploiter tous les héritages : indiens, africains, occidentaux et haïtiens.
New York, le 12 juin 2006