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Philosophie - Aristote (Référence: Philo.record)


ARISTOTE

Bibliographie:
Ethique à Nicomaque: Table des matières
Physique: plan des livres I-IV
Métaphysique: plan
De la génératione et de la corruption
Histoire des animaux
De l'âme
Politique: Table
Organon: Catégories, Premiers analytiques, Seconds analytiques, De l'interprétation, Topiques.
Sur Aristote:
Louis Millet, Pour connaître Aristote (Bordas)
A. Cresson, Aristote: sa vie, son oeuvre
Niveau fac:
Pierre Aubenque, Le problème de l'être chez Aristote
Aristote sur le Web:
Association Aristote
Wikipedia
Aristote semble montrer à Platon le sol de l'expérience concrète.
Il est né dans la ville de Stagire, c'est pourquoi on le surnomme parfois le "Stagirite". On a surnommé ses disciples "péripatéticiens" parce qu'il avait l'habitude de leur faire cours en marchant. Elève de Platon, il fonde l'école du Lycée. "Amicus Plato, sed magis amica veritas": je suis ami de Platon, mais plus encore de la vérité.

Aristote
Il fera l'admiration des philosophes du moyen âge par son savoir encyclopédique. On le tient pour le fondateur de la logique; il a établi la théorie du syllogisme dans l'Organon. Il met en pratique la distinction entre genre, espèce et individu en décrivant et classant les êtres vivants. Il est ainsi le fondateur de l'histoire naturelle. L'homme appartient au genre animal, mais se caractérise par une différence propre à son espèce: il est un animal raisonnable, ou encore un animal politique. Sa théorie politique est moins utopique et plus soucieuse de la réalité concrète que celle de Platon. Au lieu d'imaginer la société idéale et parfaite, Aristote cherche plutôt quelle organisation convient le mieux à tel peuple, en tenant compte des données démographiques, géographiques et sociales. De façon générale, par rapport à son maître Platon, Aristote entend revenir davantage au monde sensible et fait une plus grande place à l'expérience. Il reprend la théorie platonicienne des Idées, mais elles n'existent pas, selon lui, à part des choses réelles, il n'y a pas de monde intelligible en plus du monde sensible.
La physique aristotélicienne imprègne l'histoire des idées jusqu'au XVII ème siècle. Pour expliquer l'origine du mouvement sans remonter, de cause en cause, jusqu'à l'infini, il faut supposer un "Premier Moteur". La Terre occupe une position centrale dans un univers limité par la sphère où sont fixées les étoiles. Cet univers est rempli d'air, car "la nature a horreur du vide". Il se compose de deux régions de natures différentes. Le monde infralunaire, intérieur à l'orbite de la Lune, est changeant et imparfait. Au-delà de la Lune, c'est le monde de l'immobilité éternelle. Cette conception va régner jusqu'à l'époque de Galilée.

Comme Platon ("il est vraiment d'un philosophe, ce sentiment"), Aristote fait commencer la philosophie par l'étonnement. La philosophie commence avec la conscience de ne pas savoir et le désir de comprendre.
Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, ce furent les difficultés les plus apparentes qui les frappèrent, puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à résoudre des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des Etoiles, enfin la genèse de l'Univers. Apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance (et c'est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière, se montrer philosophe, car le mythe est composé de merveilleux). Ainsi donc, si ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, il est clair qu'ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une fin utilitaire. Ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve: presque tous les arts qui s'appliquent aux nécessités, et ceux qui s'intéressent au bien-être et à l'agrément de la vie, étaient déjà connus, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre. Il est donc évident que nous n'avons en vue, dans la philosophie, aucun intérêt étranger. Mais, de même que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa fin et n'est pas la fin d'autrui, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule elle est sa propre fin (...)
Quant à l'état d'esprit où doit nous mettre son acquisition, il est tout le contraire de celui de nos premières recherches. Le commencement de toutes les sciences, avons-nous dit, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont (...) Or nous devons finir par l'étonnement contraire et, selon le proverbe, par ce qui est meilleur, comme il arrive dès qu'on est instruit de la cause: ainsi, rien n'étonnerait autant un géomètre que si la diagonale devenait commensurable.
ARISTOTE, Métaphysique, A, 2.
Déjà Aristote se demande s'il faut chercher à tout démontrer, ou s'il faut accepter qu'il y ait de l'indémontrable.
Certains soutiennent qu'il ne semble pas y avoir de connaissance scientifique du fait qu'il faut connaître les propositions premières. Pour d'autres, il y a bien des connaissances scientifiques, mais ils soutiennent qu'il y a démonstration de toutes les propositions: l'une et l'autre de ces thèses ne sont ni vraies, ni nécessaires. En effet, ceux-là, qui supposent qu'il n'est pas possible de connaître autrement que par démonstration, pensent qu'on remonte à l'infini en argumentant à juste titre qu'on ne saurait connaître scientifiquement les propositions dérivées en vertu de propositions antérieures qui ne seraient pas premières. (Et de fait il est impossible de mettre un terme au parcours de séries infinies si ces dernières ne sont pas connues par des principes premiers). Et ils pensent que, s'il y a un point d'arrêt et des principes premiers, ils sont inconnaissables scientifiquement puisqu'il n'y a pas de démonstration, qui est pour eux le seul savoir scientifique. Or s'il n'est pas possible de connaître les propositions premières, il n'est pas possible de connaître à partir d'elles, au sens strict et plein du terme, la connaissance des propositions dérivées reposant sur la supposition que les propositions premières sont vraies.
Quant à ceux qui professent la seconde thèse, ils s'accordent avec les autres concernant la connaissance scientifique, puisqu'ils soutiennent qu'elle est seulement possible par la démonstration; mais ils ajoutent qu'il y a démonstration de toutes les propositions car ils ne voient aucun inconvénient à ce que la démonstration soit circulaire et qu'elles se prouvent les unes à partir des autres.
Quant à nous, nous disons d'abord que toute connaissance scientifique n'est pas susceptible d'être objet de démonstration, mais que celle des propositions immédiates est au contraire indémontrable. Et il est clair que, en effet, s'il est nécessaire de connaître les propositions antérieures à partir desquelles il y a démonstration, et s'il est aussi nécessaire qu'à un moment donné, on s'arrête aux propositions immédiates, alors il est nécessaire que ces dernières soient indémontrables. Nous disons donc de celles-ci qu'elles relèvent non seulement de la connaissance scientifique, mais encore qu'il y a, en outre, un principe déterminé de connaissance scientifique par lequel nous sommes capables de connaître les définitions.
ARISTOTE, Seconds analytiques
Aristote distingue choix et souhait, ou si l'on préfère dire ainsi: volonté et désir. Vouloir vraiment, ce n'est pas se contenter d'un vœu pieu, mais vouloir aussi se donner les moyens d'atteindre la fin que l'on désire.
Le choix n'est certainement pas la même chose que le souhait, bien qu'il en soit visiblement fort voisin. Il n'y a pas de choix, en effet, des choses impossibles, et si on prétendait faire porter son choix sur elles on passerait pour insensé; au contraire, il peut y avoir souhait des choses impossibles, par exemple de l'immortalité. D'autre part, le souhait peut porter sur des choses qu'on ne saurait d'aucune manière mener à bonne fin par soi-même, par exemple faire que tel acteur ou tel athlète remporte la victoire; au contraire, le choix ne s'exerce jamais sur de pareilles choses, mais seulement sur celles qu'on pense pouvoir produire par ses propres moyens. En outre, le souhait porte plutôt sur la fin, et le choix sur les moyens pour parvenir à la fin: par exemple, nous souhaitons être en bonne santé, mais nous choisissons les moyens qui nous feront être en bonne santé; nous pouvons dire encore que nous souhaitons d'être heureux, mais il est inexact de dire que nous choisissons de l'être: car, d'une façon générale, le choix porte, selon toute apparence, sur les choses qui dépendent de nous.
Aristote, Ethique à Nicomaque, III, 4
Texte célèbre. Aristote définit l'homme comme animal politique ou animal sociable, disent d'autres traductions.
Il est manifeste (...) que la société fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain, et il est comme celui qui est décrié en ces termes par Homère: 'sans famille, sans loi, sans maison'. Car un tel homme est du même coup naturellement passionné de guerre, étant comme un pion isolé dans un jeu. C'est pourquoi il est évident que l'homme est un animal politique plus que n'importe quelle abeille et que n'importe quel animal grégaire. Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain; or seul parmi les animaux l'homme a un langage. Certes la voix est le signe du douloureux et de l'agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux; leur nature, en effet, est parvenue jusqu'au point d'éprouver la sensation du douloureux et de l'agréable et de se les signifier mutuellement. Mais le langage existe en vue de manifester l'avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste. Il n'y a en effet qu'une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux: le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre. Or avoir de telles notions en commun c'est ce qui fait une famille et une cité.
ARISTOTE, Politique, I, 2, 1253
L'homme n'a pas de défenses naturelles, mais il a l'intelligence, qui lui permet d'inventer des techniques et d'imiter les défenses de tous les animaux. Tandis que l'instinct est limité, l'intelligence est créatrice. Voir Leroi-Gourhan. "Le moins bien partagé" signifie: le moins bien pourvu, le moins bien loti.
L'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils: or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs. Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres. C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main.
Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pour combattre) sont dans l'erreur. Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre. L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut. Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute autre arme ou outil. Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir.
Aristote, les Parties des animaux, IV
[Texte expliqué]
Les lois ont pour défaut d'être toujours trop générales, c'est inévitable. Il est impossible au législateur de prévoir tous les cas particuliers. C'est pourquoi la loi doit être interprétée. St Thomas reprend cette idée de son maître Aristote, en y ajoutant la distinction chrétienne entre la lettre et l'esprit.
La loi est toujours quelque chose de général, et il y a des cas d'espèce pour lesquels il n'est pas possible de poser un énoncé général qui s'y applique avec rectitude. Dans les matières, donc, où on doit nécessairement se borner à des généralités et où il est impossible de le faire correctement, la loi ne prend en considération que les cas les plus fréquents, sans ignorer d'ailleurs les erreurs que cela peut entraîner. La loi n'en est pas moins sans reproche, car la faute n'est pas à la loi, ni au législateur, mais tient à la nature des choses, puisque par leur essence même la matière des choses de l'ordre pratique revêt ce caractère d'irrégularité. Quand, par la suite, la loi pose une règle générale, et que là-dessus survient un cas en dehors de la règle générale, on est alors en droit, là où le législateur a omis de prévoir le cas et a péché par excès de simplification, de corriger l'omission et de se faire l'interprète de ce qu'eût dit le législateur lui-même s'il avait été présent à ce moment, et de ce qu'il aurait porté dans sa loi s'il avait connu le cas en question.
Aristote, Ethique à Nicomaque, V, 14
La connaissance de soi, paradoxalement, suppose autrui, et de préférence un ami. Non parce qu'un ami nous connaît mieux que nous-mêmes, mais parce qu'il est un alter ego, un autre moi.
Apprendre à se connaître est très difficile (...) et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître!); mais nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes: ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement. Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu'un ami est un autre soi-même. Concluons: la connaissance de soi est un plaisir qui n'est pas possible sans la présence de quelqu'un d'autre qui soit notre ami; l'homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d'amitié pour apprendre à se connaître soi-même.
(Attribué à Aristote)
[Texte expliqué]
Voir aussi le texte sur la main, ci-dessus.
Imiter est naturel aux hommes et se manifeste dès leur enfance (l'homme diffère des autres animaux en ce qu'il est très apte à l'imitation et c'est au moyen de celle-ci qu'il acquiert ses premières connaissances). Et tous les hommes prennent plaisir aux imitations.
Un indice est ce qui se passe dans la réalité: des êtres dont l'original fait peine à la vue, nous aimons à en contempler l'image exécutée avec la plus grande exactitude; par exemple les formes des animaux les plus vils et des cadavres. Une raison en est encore qu'apprendre est très agréable non seulement aux philosophes mais pareillement aussi aux autres hommes; seulement ceux-ci n'y ont qu'une faible part. On se plaît à la vue des images parce qu'on apprend en les regardant et on déduit ce que représente chaque chose, par exemple que cette figure c'est un tel. Si on n'a pas vu auparavant l'objet représenté, ce n'est plus comme imitation que l'œuvre pourra plaire, mais à raison de l'exécution, de la couleur ou d'une autre cause de ce genre.
Poétique, 4
La justice est cette vertu qui concerne les relations avec autrui.
La justice, parmi les autres vertus, a pour fonction propre d'ordonner l'homme en ce qui est relatif à autrui. En effet, elle implique une certaine égalité, comme son nom lui-même l'indique: ce qui s'égale "s'ajuste", dit-on communément; or l'égalité se définit par rapport à autrui. Les autres vertus au contraire ne perfectionnent l'homme que dans ce qui le concerne personnellement.
Ainsi donc, ce qui est droit dans les œuvres de ces vertus, et à quoi tend l'intention vertueuse comme à son objet propre, ne se définit que par rapport au sujet vertueux, tandis que le droit, dans les œuvres de justice, est constitué par son rapport avec autrui, même abstraction faite du sujet; en effet, nous appelons juste dans notre action ce qui correspond à autre chose selon une certaine égalité, par exemple le paiement du salaire qui est dû en raison d'un service.
En conséquence, on appelle juste, avec toute la rectitude de justice que cela comporte, le terme auquel aboutit l'acte de la vertu de justice, sans même considérer la façon dont le sujet l'accomplit, alors que, pour les autres vertus, c'est au contraire la façon dont le sujet agit qui sert à déterminer la rectitude de ce qu'il fait. C'est pourquoi l'objet de la justice, contrairement à celui des autres vertus, se détermine en lui-même, spécialement, et porte le nom de juste. Et c'est précisément le droit. Celui-ci est donc bien l'objet de la justice.
Aristote, Ethique à Nicomaque
Nul n'est méchant volontairement, disait Socrate. Aristote examine cette idée de façon critique, et reconnaît la difficulté de se défaire d'un penchant acquis par l'habitude.
Il est absurde de supposer que l'homme qui commet des actes d'injustice ou d'intempérance ne souhaite pas être injuste ou intempérant; et si, sans avoir l'ignorance pour excuse, on accomplit des actions qui auront pour conséquence de nous rendre injuste, c'est volontairement qu'on sera injuste. Il ne s'ensuit pas cependant qu'un simple souhait suffira pour cesser d'être injuste et pour être juste, pas plus que ce n'est ainsi que le malade peut recouvrer la santé, quoiqu'il puisse arriver qu'il soit malade volontairement en menant une vie intempérante et en désobéissant à ses médecins: c'est au début qu'il lui était alors possible de ne pas être malade, mais une fois qu'il s'est laissé aller, cela ne lui est plus possible, de même que si vous avez lâché une pierre, vous n'êtes plus capable de la rattraper, mais pourtant il dépendait de vous de la jeter et de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. Ainsi en est-il pour l'homme injuste ou intempérant: au début, il leur était possible de ne pas devenir tels, et c'est ce qui fait qu'ils le sont volontairement; et maintenant qu'ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l'être.
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque.
De même que l'enfant doit être éduqué, la raison doit gouverner l'âme.
Les enfants vivent sous l'empire du désir, et c'est surtout chez eux que l'on rencontre la recherche de l'agréable. Si donc on ne rend pas l'enfant docile et soumis à l'autorité, il ira fort loin dans cette voie: car dans un être sans raison, la recherche de l'agréable est insatiable et s'alimente de tout, et l'exercice même du désir renforce la tendance innée; et si ces désirs sont grands et forts, ils vont jusqu'à chasser le raisonnement. Aussi doivent-ils être modérés et en petit nombre et n'être jamais en conflit avec la raison. Et c'est là ce que nous appelons un caractère docile et maîtrisé. Et de même que l'enfant doit vivre en se conformant aux prescriptions de son gouverneur, ainsi la partie désirante de l'âme doit-elle se conformer à la raison. C'est pourquoi il faut que la partie désirante de l'homme modéré soit en harmonie avec la raison, car pour ces deux facultés le bien est le but visé, et l'homme modéré a le désir des choses qu'on doit rechercher, de la manière dont elles doivent l'être et au moment convenable, ce qui est également la façon dont la raison l'ordonne.
Aristote, Ethique à Nicomaque
Bien avant Marx, Aristote distingue la valeur d'usage de la valeur d'échange. Il définit l'homme comme un être d'échanges.
De chaque objet possédé il y a un double usage; dans les deux cas il s'agit d'un usage de la chose en tant que telle, mais pas en tant que telle de la même manière: l'un est propre et l'autre n'est pas propre à l'objet. insi une chaussure sert à chausser et à être échangée; ce sont bien deux usages d'une chaussure en tant que telle,car celui qui troque une chaussure avec celui qui en a besoin contre de l'argent ou de la nourriture se sert aussi de la chaussure en tant que chaussure, mais pas selon son usage propre: en effet, elle n'a pas été fabriquée en vue du troc. Et il en est de même pour les autres choses que nous possédons. car il y a échange de tout: il a son origine dans ce fait conforme à la nature que les hommes ont parfois plus, parfois moins des choses qu'il faut.