Par Denis HIAULT | Agence France-Presse – mar. 7 déc. 10:45 HNE
Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange s'est livré mardi matin à la police britannique, et a été aussitôt arrêté en vertu d'un mandat européen émis par la Suède qui réclame son extradition dans une affaire de viol.
Il s'agit du premier acte dans une bataille judiciaire qui s'annnonce longue et complexe, selon ses avocats. Des avocats d'autant plus déterminés à combattre l'envoi de leur client à Stockholm qu'ils redoutent un engrenage susceptible de le mener en fin de compte devant les tribunaux américains, pour divulgation de secrets militaires et diplomatiques par le site WikiLeaks.
"Il a été arrêté en vertu d'un mandat européen à 09H30 GMT (...) et doit comparaître aujourd'hui devant la cour de justice de Westminster", a précisé Scotland Yard dans un communiqué.
Un grand nombre de journalistes et de photographes a immédiatement entrepris de faire le siège du tribunal, situé en plein coeur de Londres, à proximité de la chambre des Communes.
Julian Assange doit répondre de plusieurs chefs d'inculpation dont celui d'agression sexuelle et viol, pour des faits survenus en août en Suède.
Mark Stephens, l'un de ses avocats londoniens, a précisé que l'Australien de 39 ans, devenu l'ennemi public numéro un depuis qu'a éclaté le "cablegate" (diffusion de câbles diplomatiques à l'origine d'un séisme politique ayant Washington pour épicentre), s'était rendu "de son plein gré", afin de clamer son innocence.
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L'ancien pirate informatique, qui s'est proclamé justicier de l'internet face aux abus des grandes puissances, mène depuis des mois une existence de fugitif, changeant constamment de domicile et de puces téléphoniques afin d'éviter d'être localisé. Il se trouvait depuis des semaines dans le sud de l'Angleterre, pendant que l'étau se resserrait, selon les médias locaux.
Le mandat suédois obéit à une "procédure accélérée" européenne. L'affaire cependant pourrait durer "de plusieurs jours à plusieurs mois" en fonction du nombre des recours, a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'Agence officielle chargée de la lutte contre la criminalité (Serious Organised Crime Agency, ou SOCA).
"Je pense qu'il bénéficiera de conditions équitables en Grande-Bretagne (...), mais s'il est expédié aux Etats-Unis, ce qui constitue une réelle menace, la perspective d'un procès juste serait à mon sens quasi impossible" à envisager, a déclaré dans une interview à la télévision australienne ABC Jennifer Robinson, une autre avocate de M. Assange.
Mise en cause, la justice suédoise a démenti avoir cédé à des pressions américaines en vue de mettre la main sur le fondateur de WikiLeaks.
Qui plus est, les Etats-Unis n'ont à ce jour pas trouvé la solution légale pour traduire en justice celui qu'ils considèrent au mieux comme "un irresponsable".
En attendant, le site WikiLeaks se débat au milieu d'une offensive tous azimuts allant des cyber-attaques en passant par des interdictions de domaines et interdits bancaires.
Sans pour autant être réduit au silence. Julian Assange a assuré avoir pris toutes dispositions pour garantir la poursuite des fuites, quel que soit le sort qui lui sera réservé.
"Tout est prévu, tout ça va continuer comme jamais. C'est tout ce que je peux vous dire", a confirmé mardi à l'AFP James Ball, collaborateur de WikiLeaks.
Les derniers télégrammes en date cités par le quotidien espagnol El Pais assurent que le président nicaraguayen "Daniel Ortega et les sandinistes reçoivent régulièrement de l'argent des trafiquants internationaux de drogue pour financer les campagnes électorales du FSLN (Front sandiniste de libération nationale, au pouvoir)".
A Londres, un groupe baptisé "Justice pour Assange" a appelé sur twitter à manifester devant le tribunal de Westminster.