En moins de deux ans, plus de mille professeurs kenyans ont été licenciés pour abus sexuels sur des enfants âgés de 12 à 15 ans, rapporte la BBC. La plupart des victimes sont des enfants habitant dans des zones rurales. Au total, c'est presque 1% du corps enseignant du Kenya qui a été licencié. Et les femmes ne font pas exception, raconte à la BBC Jane Thuo, ancienne professeure et aujourd'hui membre de l'Association des Femmes dans les Médias au Kenya: «Les jeunes hommes ont souvent des relations avec des femmes plus âgées et ce schéma se reproduit à l'école.»
Mais la plupart des cas concernent les filles. «J'ai découvert [dans la région de Nyanza] une école où il y avait 20 filles enceintes et la moitié des grossesses étaient dues à leurs professeurs», raconte à la BBC Brian Weke, président d'une association pour les droits des enfants au Kenya, la Cradle.
La situation n'est pas nouvelle, elle était en revanche difficile à mettre au jour auparavant. Ce serait la mise en ligne d'une ligne d'urgence (116 Childline Kenya) pour les abus sexuels sur enfants qui aurait permis à ces derniers et à leurs parents de dénoncer les professeurs pédophiles. «Avant, nous ne pouvions pas savoir ce qu'il se passait dans le pays à cause des pauvres moyens en communication», explique à la BBC le ministre des Enfants, Ahmed Hussein.
Selon l'Associated Press, Kenya fait partie des 14 pays africains qui possèdent des lignes d'urgence pour les victimes de viols. Le gouvernement kenyan a aussi promulgué une loi contre les violences sexuelles en 2006. Mais le plus souvent, raconte à l'AP Emma, dont la fille handicapée a été violée par son maître d'école, le coupable paie un bakchich de 100 dollars (environ 72 euros) à la police ou bien le dossier disparaît au cours du procès. D'ailleurs, selon la BBC, parmi les 1.000 professeurs licenciés, seuls quelques-uns auraient été convoqués au tribunal: la majorité sont simplement rentrés à la maison.
Chacun y va de sa théorie pour expliquer le phénomène. Pour un psychothérapeute kényan interrogé par l'AP, «si les professeurs violent leurs élèves, c'est souvent afin de réaffirmer leur domination sur un être trop petit pour les menacer» –une façon pour eux de gérer leur sentiment d'inadéquation face la pauvreté et à la politique de leur pays.