Le gouvernement algérien continue de souffler le chaud et le froid sur le christianisme.
Alger.- Correspondance DNA
Dimanche 12 décembre, un tribunal de Tizi Ouzou en Kabylie (est d’Alger) a condamné à des peines de prison avec sursis quatre Algériens convertis au christianisme pour avoir construit sans autorisation un lieu de culte.Le lendemain, deux hauts responsables de l’Etat algérien -le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, et le représentant personnel du président de la République, Abdelaziz Belkhadem- prenaient part à la réouverture de la basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger, en compagnie d’officiels français et de plusieurs ambassadeurs étrangers.
Gagner la sympathie des islamistes modérés
Cette réouverture est intervenue après quatre ans de travaux de restauration de cette basilique construite en 1872. Les travaux ont été financés grâce à des dons algériens et européens.La présence de ces hauts responsables, connus pour leurs déclarations anti-convertis, signifie que l’Etat algérien tolère l’Eglise catholique, officiellement présente en Algérie.
En revanche, le gouvernement a multiplié ces dernières années les poursuites judiciaires à l’encontre des nouveaux chrétiens, recrutés par l’Eglise protestante, plus active que l’Eglise catholique. De nombreux convertis ont été condamnés à la prison et l’ouverture de nouvelles communautés protestantes est soumise à des conditions drastiques.
Les services de sécurité surveillent les groupes de chrétiens évangéliques, fraîchement implantés, mais très actifs notamment en Kabylie et dans le sud du pays.
Certains jeunes se convertissent par conviction, d’autres par intérêt. Pour recruter de nouveaux fidèles, les évangéliques n’hésitent à promettre argent et visas aux convertis.
Les évangéliques achètent aussi des terrains privés pour ériger leurs lieux de culte. Les islamistes tentent à chaque fois de s’opposer à la construction de nouvelles églises et des affrontements entre les deux camps ont déjà eu lieu notamment à Tizi Ouzou.
Le gouvernement a quasiment gelé la délivrance d’autorisations pour la réalisation de lieux de culte aux Chrétiens, selon le président de l’Eglise protestante d’Algérie (EPA), Mustapha Krim.
Le gouvernement tente depuis le début des violences islamistes en 1990 de contrôler la pratique religieuse dans le pays. Tout en luttant contre les groupes armés islamistes, il cherche à montrer aux extrémistes qu’il ne tolère pas l’activité des évangéliques, pour gagner la sympathie des islamistes modérés.
Ali Idir
