Avertissement
Le présent texte ne relève pas de la science-fiction, mais de la prospective et de la philosophie.
J’adhère sans restriction à la théorie synthétique de l’évolution qui inclut la théorie de l'hérédité mendélienne, la génétique des populations et la théorie darwinienne.
Dieu est absent de mon propos. Si je personnalise la vie, le vivant ou la nature, c’est pour faciliter mon expression, pas du tout pour les sacraliser ou créer un nouveau démiurge.
Préambule
La vie est un leurre que nous découvrons sur le tard, quand il est trop tard étant donné que nous ne pouvons revenir en arrière pour changer notre comportement.
Car enfin, si nous en avions conscience bien plus tôt, nous serions mobilisés pour lutter contre ces anomalies que sont la vieillesse et la mort, et revendiquer sinon la vie éternelle du moins une existence illimitée.
Il convient en premier lieu de modifier notre point de vue sur la vie et sur la mort et de renoncer à trouver « normal puisque c’est naturel » que nous soyons mortels.
J’affirme que la mort n’est pas nécessaire à la vie, que nous sommes potentiellement immortels et que nous devrions cesser de vieillir et de mourir.
Définition et fonctionnement du vivant
Le vivant est l’ensemble de ce qui vit. C’est également un mécanisme (une machinerie) dont on comprend de mieux en mieux le fonctionnement, surtout depuis Darwin.
L'ADN présent dans chaque cellule de notre corps est une molécule qui renferme les informations nécessaires au développement d'un organisme. C'est encore le support de l'hérédité qui est transmis lors de la reproduction, de manière intégrale ou non. Il porte le code génétique et compose le génome des êtres vivants. (Wikipédia)
Cependant, nous ne transmettons pas que des gènes à nos enfants, mais aussi des mèmes qui sont les éléments constitutifs de nos cultures (voir la mémétique).
Le vivant nous accorde à chacun le temps, qui (lui) convient pour remplir ces deux fonctions. Puis, il nous occis sans autre forme de procès (voir les télomères).
L’étrange action du vivant sur la Terre
La démarche du vivant consiste semble-t-il à occuper le plus d’espace possible au moyen des réplicateurs (les cellules à ADN) en s’adaptant à l’environnement.
La multiplication des espèces a permis qu’aucune étendue terrestre n’échappe à son emprise. Cette occupation de la Terre a été réalisée par plusieurs espèces végétales et animales depuis longtemps.
Les Homo erectus eux-mêmes (ou les Homos ergaster), nos ancêtres pré humains, ont exploré la plus grande partie de la Terre il y a 1 ou 2 millions d’années, bien que leur cerveau fût d’un volume inférieur au nôtre (les 2/3) et leurs techniques rudimentaires.
Se posent alors les questions suivantes :
— Pour quelle raison nous les Homo sapiens avons-nous un cerveau si important, si puissant ?
— Qu’est-ce que le vivant peut attendre de nous depuis que la Terre nous est devenue exiguë ?
— Pourquoi le vivant cours- t-il le risque de nous voir supprimer toute vie ici-bas, ce dont nous sommes capables ?
Le « projet » du vivant
Si l’on peut admettre que la mort programmée des Homo sapiens ait été justifiée par l’extension de la vie à la Terre entière où l’espace et l’énergie disponibles sont limités, il n’en va plus de même si l’on considère la Galaxie (la nôtre), car l’espace à « féconder » est gigantesque puisqu’il contient en masse 2000 milliards d’équivalents du Soleil autour desquels peuvent graviter des exo planètes dont certaines seraient appropriées à la vie humaine.
Cela expliquerait que le processus d’accroissement du cerveau ait continué avec les Homo sapiens et produit une machine à penser à l’échelle du Cosmos pour nous permettre de comprendre tout de l’Univers qui nous englobe, notamment l’espace et le temps illimité, cette éternité qui seule devrait nous agréer.
Ainsi l’objectif du vivant (si tant est qu’il ait un but) ne se réduit-il pas à la Terre, mais concerne l’Univers tout entier.
La fonction des êtres humains ou ce à quoi nous servons
Chaque être humain, à l’instar des cellules qui le constituent, peut être assimilé à une sorte de macro cellule à ADN, un élément générateur et transporteur de vie.
Notre rôle d’abord en tant qu’individu, puis lorsque nous sommes regroupés en sociétés (nos cultures et nos civilisations), serait de répandre la vie, non seulement sur la Terre, mais hors du Système Solaire, dans la Galaxie et vraisemblablement au-delà.
(Précisons que le moteur de l’expansion du vivant ne se résume pas à la procréation, mais englobe tout ce qui contribue d’une façon ou d’une autre à son amplification et à sa pérennité).
Car ce que le vivant a mis en nous et qui nous oblige, outre notre instinct de survie, c’est l’amour de nos enfants, le souci de leur avenir y compris celui de leurs descendants.
À quoi s’ajoute, chez la plupart des êtres humains, une admiration sans bornes pour la nature, ce qui fait de nous les serviteurs zélés du Moloch que nous adorons bien qu’il nous fasse mourir à petit feu .
Nous voici donc, volens nolens, responsables de tout ce qui vit et de la poursuite de la vie, ce qui serait notre unique raison d’être et donnerait enfin un sens à la vie.
Objections et réfutations
On rétorquera que la vie existe probablement sur différentes planètes et dans des formes diverses. Pourtant, rien n’est moins sûr, car les conditions qui ont permis aux Homo sapiens de voir le jour sur la Terre sont telles qu’il est douteux qu’elles se soient reproduites ailleurs.
On dira aussi que nous ne sommes pas, ici-bas, l’unique espèce à posséder la conscience de soi. Il y a en effet les chimpanzés qui sont très proches de nous et qui pourraient prendre la relève si nous étions défaillants. Je crains toutefois que si nous disparaissions, ils ne nous accompagnent ou nous précèdent.
Comment sommes-nous manipulés par le vivant
Après avoir fait de nous des transporteurs d’ADN, le vivant a inventé le couple infernal « insatisfaction-jouissance » qui est le moteur principal de notre activité transmettrice.
Nous devons être insatisfaits tout au long de notre existence (c’est notre état normal) pour passer notre temps à rechercher la jouissance (sous toutes ses formes) qui est de courte durée par définition (sinon le couple ne fonctionne pas).
Nous vivons dans le manque d’abord créé par notre biologie qui suscite le besoin à l’intérieur de notre corps et nous astreint à le servir dès qu’il le demande ; puis l’insatisfaction gagne notre esprit, cela depuis le berceau, aggravé par notre environnement social (les parents, la famille, la société).
Nous avons horreur de l’ennui qui s’assortit d’une étonnante capacité à aider le temps à s’écouler en s’occupant de quelque manière, le plus souvent par l’action ou la réflexion, mais aussi par le rêve ou le sommeil.
Nous sommes des êtres de désir (s) qui n’atteignent jamais ou rarement à l’ataraxie.
Cette quête jamais assouvie est peut-être notre façon de servir le vivant, une sorte de remerciement, notre don à la mère Nature.
Comment nous soustraire à la mort
La vie est courte, ridiculement courte, adaptée par le vivant au cas particulier de la Terre qui est un espace limité, clos, où les êtres humains sont soumis à une gravité et à une atmosphère spécifiques, une prison d’où ils ne peuvent s’échapper, car ils sont incapables de survivre dans le vide interstellaire.
Quant à s’enfuir dans des vaisseaux spatiaux vers les étoiles, outre que l’être humain ne tolère pas un interminable enfermement, l’espace est un milieu délétère, radioactif sur le long terme. Or les distances à franchir sont colossales ainsi que le temps requis pour les parcourir.
La contradiction entre le corps humain uniquement ajusté aux exigences de la vie terrestre et la puissance énorme de son cerveau signifie qu’il faut, pour explorer l’espace, dissocier le cerveau du corps, lui donner sa complète autonomie.
Pour se soustraire à la mort, il faut donc abandonner son corps en sauvegardant ce qui fait l’être humain, son cerveau.
Deux solutions sont envisageables, la recopie du cerveau sur un support inaltérable ou son extraction et son maintien en fonction.
C’est à cela que nous devons travailler.
L’aptitude des êtres humains à l’immortalité
L’être humain vit par habitude hors du temps dans une sorte d’extension infinie du présent, sentiment accentué par une difficulté à imaginer un avenir qui s’étende au-delà de son « horizon mental » et par un rétrécissement du passé qui s’estompe d’où émergent parfois quelques traces indélébiles réactivées volontairement ou par le hasard des associations d’idées à moins qu’elles ne soient mises au jour dans les rêves.
Nous vivons le plus souvent comme si nous étions immortels, cela durant une grande partie de notre vie (je parle des gens bien portants qui mangent à leur faim).
Vivre, c’est consommer tout son temps sans y penser, comme si nous disposions de l’éternité.
Car on ne voit pas le temps passer. On peut prendre son temps ou le perdre sans lui accorder d’importance. D’aucuns en arrivent même à « tuer le temps ».
C’est la preuve que le cerveau humain (immatériel) est conçu pour se perpétuer, alors que le corps, lui, est programmé pour mourir à brève échéance.
Nous devons reconnaître cette antinomie qu’il nous appartient de surmonter, ne serait-ce que pour servir le vivant.
La vie sans la mort
Après qu’il aura longtemps vécu « dans son corps », l’être humain aura la possibilité, de renoncer à celui-ci tout en sauvegardant son cerveau pour ne pas mourir.
Les « cerveaux » qui ne participeront pas directement à la « conquête spatiale » demeureront sur Terre (ou sur toute autre exo planète habitée).
Ils resteront au sol dans des structures adaptées, ou bien ils seront placés en orbite (géo) stationnaire et, dans les deux cas, continueront de participer à la vie de la cité par l’intermédiaire des robots.
La mort sera sinon totalement abolie du moins réduite aux accidents.
Fin
Francis Nicol