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L’education des enfants dans l’ancienne Chine

La rentrée est toujours un moment où l’on prend de bonnes résolutions et tout particulièrement dans l’éducation des enfants. Nous voulions vous montrer aujourd’hui comment l’éducation était envisagée dans la culture traditionnelle chinoise.


L’éducation s’appuyait sur un principe fondamental énoncé dans le Classique des trois Caractères sur wikipedia

‘’Les hommes à leur naissance,
sont naturellement bons.
Leurs natures sont pour beaucoup les mêmes ;
leurs habitudes sont largement différentes.
Si, négligemment, on ne leur enseigne pas,
leurs natures se détérioreront.
Enseignez leur le Tao ;
il est précieux pour quelqu’un de suivre le Tao avec un absolu dévouement.’’
Dans « les règles de la famille Yang », l’éducation d’un enfant commence dans le ventre de sa mère. La femme de rang impérial, enceinte de trois mois, va dans un autre palais où elle doit suivre des règles spéciales comme n’écouter aucune mauvaise chose, n’avoir pas de mauvaise pensée, avoir de la bonté, écouter de la musique.


Vivre dans une famille harmonieuse

La toute première éducation de l’enfant se faisait dans la famille et celle-ci se devait d’être harmonieuse. L’accent était mis sur la relation avec les parents et les frères et sœurs et cela a mené à la mise en place du principe confucéen le plus traditionnel de la piété filiale et du respect pour les parents et les frères et sœurs. Dit autrement : « un père doit être clément, la progéniture doit avoir de la piété filiale, le frère aîné doit être amical et le frère plus jeune doit être respectueux. »

Voila ce que voulait dire « l’harmonisation de la famille ».

Les familles dans le passé étaient nombreuses. Habituellement quatre ou même cinq générations vivaient ensemble, avec beaucoup de frères et sœurs. Ainsi, on devait apprendre beaucoup de choses : la vie de tous les jours, les champs et les affaires, les recettes et les dépenses, etc. Par ailleurs, on devait aussi gérer correctement les relations avec les proches et les voisins; on devait traiter les choses dans la société pour déterminer les relations entre le Ciel, la Terre; les déités et les ancêtres.

Pour assurer l’harmonie parmi tous les membres de la famille dans la distribution de tous les avantages, on devait apprendre à contrôler son ego, ses désirs et ses émotions, et à regarder à l’intérieur de soi lorsqu’on était confronté à des conflits, ce qui est justement comme Zeng Zi le décrit, « Je pratique trois périodes d’introspection par jour », pour purifier et rectifier son esprit, traiter les gens avec compassion, accumuler des vertus morales, corriger chaque méfait, et ne rien tolérer d’incorrect.

Tout petit l’enfant était baigné dans cet environnement qui privilégiait par-dessus tout, les valeurs morales.


L’éducation

Durant les dynasties Xia, Shang et Zhou, tous les enfants de huit ans, qu’ils fussent enfants de rois, de nobles, de fonctionnaires ou tout un chacun, allaient à l’école élémentaire. Les cours y enseignaient les comportements de la vie de tous les jours, comme l’arrosage des plantes, le nettoyage, s’occuper des affaires courantes, faire des concessions dans une dispute Ils devaient également étudier, entre autres, la musique de cour, le tir à l’arc, comment conduire les véhicules impériaux, les caractères littéraires et l’arithmétique.

A l’âge de 15 ans, les meilleurs élèves allaient dans une université pour entreprendre des études concernant « la quête d’une vérité plus haute», « la correction de son état d’esprit », « le travail sur soi » et «les gens gouvernants, afin d’acquérir une profonde compréhension du comportement droit de l’homme. On utilisait les résultats de ses propres études pour traiter les relations entre personnes, les relations dans les domaines des seigneurs féodaux, entre dirigeants, ministres et petites gens, pour le juste gouvernement d’un état.

Le but de l’éducation dans les temps anciens était qu’une personne devienne vertueuse et réellement bonne, capable de penser et d’agir profondément, et de prendre la responsabilité pour la société et même pour la nation.


Voici deux exemples

Zhuge Liang, (181 à 234 après JC) était un grand stratège militaire dans l’ancienne Chine, qui personnifia les qualités chinoises de loyauté et sagesse et fut un modèle pour les générations qui vinrent ensuite. Il a écrit un livre intitulé « Directive pour mon enfant », dédié à son fils de 8 ans.

Il demandait à son fils de rester paisible, de constamment travailler sur lui-même, de regarder en lui plutôt que mettre la faute sur l’autre. Il disait que pour acquérir un caractère noble et de l’intégrité morale, on devait être frugal ce qui veut dire dans ce contexte : libérer son cœur des désirs. Si on est constamment sous l’emprise de désirs, on est incapable de discerner les buts à atteindre, l’esprit n’est pas en paix et on ne peut pas réaliser de grandes choses.

« Pour avancer, il faut acquérir sans cesses des connaissances. Pour gagner en sagesse, on doit être en paix et diligent. Pour obtenir le succès, on doit être déterminé».

Xu Mian (466 à 535 après JC) avait une position élevée durant la dynastie Liang. Il était réputé pour être sérieux, juste, prudent, incorruptible. Il ne possédait rien personnellement car une grande partie de son salaire était reversée aux pauvres, à des amis dans le besoin etc… Ses amis lui suggéraient fréquemment de constituer un patrimoine pour ses héritiers mais il leur répondait : « d’autres peuvent laisser des biens en héritage, mais moi je laisserai une réputation sans faille. Si mes petits enfants sont vertueux et capables, alors ils créeront leur propre richesse. S’ils ne sont pas capables, ça ne sert à rien que je leur laisse des biens ».

Xu Mian enseignait donc à ses enfants à bien se conduire, à garder leur intégrité morale et leur rappelait ce proverbe : « il est plus important de donner aux enfants le livre de la connaissance plutôt qu’un seau rempli d’or».

La philosophie de l’éducation dans les anciens temps n’insistait pas sur l’acquisition de grandes quantités de connaissances superficielles dans le monde matériel. L’ancienne approche éducative, guidait les élèves à regarder en eux-mêmes et à considérer des niveaux plus profonds. A mesure que l’étudiant élevait lui-même continuellement sa moralité, il pouvait saisir les principes à un niveau plus profond. Ainsi, le processus d’explorer la science était un processus d’amélioration constante de sa moralité. C’est ce que les anciens appelaient ‘’ la fusion de la connaissance et de la conduite’’.

Les principes écrits dans les livres ne signifient pas qu’ils doivent être appris simplement pour l’étude. On doit expérimenter et valider ces principes. Cette philosophie éducative elle-même est un enseignement de toute une vie. Comme le dit le dicton : ‘’ Il y a une limite à la connaissance de quelqu’un, mais il n’y a pas de limites à ce que quelqu’un peut apprendre.’’ Considérant l’immensité de l’univers et la complexité du ciel, de la terre et de la société, peu importe combien un érudit est sage, il ne connaît simplement qu’une partie minuscule à l’intérieur de son monde. Donc, les anciens avaient un grand respect pour l’univers mystérieux, et pour tous les phénomènes inconnus et miraculeux qui dépassent la compréhension des gens.


Le professeur

Un professeur enseigne à ses élèves, non seulement les connaissances qu’il a accumulées, mais aussi tout ce qu’il a appris dans le travail moral effectué durant sa vie. Ceci est une manifestation réelle de ce que Han Yu un érudit Confucéen chinois, connu pour son essai sur l’essence de l’enseignement. a exposé : « Un professeur est quelqu’un qui prêche le Tao, enseigne les techniques, et résout les mauvaises conceptions et les confusions ».

La moralité d’un professeur détermine ses enseignements de la philosophie et son approche. Aussi grand et accompli qu’il soit, il ne peut que guider et aider ses étudiants ; il ne peut pas marcher sur leur chemin pour eux. Un professeur doit être tolérant et compréhensif envers ses étudiants ; il les conseille afin qu’ils se corrigent et leur donne la liberté de marcher sur leurs chemins respectifs. Les étudiants peuvent tomber ou trébucher, c’est inévitable. Le professeur est heureux lorsqu’ils se relèvent et en tirent la leçon.

Les anciens ont un dicton sur le respect des professeurs : « Si vous êtes mon professeur pendant un jour, je vous respecterai comme mon père toute ma vie durant ». Alors que les parents vous donnent votre corps et vous fournissent un environnement pour grandir, un professeur va vous aider à élever votre royaume spirituel et à atteindre un certain niveau moral.

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Donc on le voit bien, l’éducation d’un enfant dans la Chine traditionnelle consistait avant tout à en faire une personne droite, au sens moral élevé, qui apporte sa contribution vertueuse à son environnement, à la société, à son pays. On vise l’harmonie du groupe social.

L’éducation de nos jours a pris un angle différent : bien connaître la vie matérielle, savoir utiliser les outils et engranger un savoir qui permette de bien vivre. Une vie tournée plutôt vers la satisfaction des besoins personnels.
En définitive ce sont des courants différents : le spirituel et le matériel, l’altruisme et l’égocentrisme.