Méprise quant aux motivations des talibans
Murray Brewster, La Presse Canadienne
KANDAHAR, Afghanistan - Les nations occidentales se sont méprises quant aux motivations guerrières des talibans, selon un nouveau rapport partiellement subventionné par le ministère fédéral des Affaires étrangères, qui prévient qu'un éventuel traité de paix avec les insurgés pourrait constituer une menace pour les droits de la personne.
L'étude, initiée par le U.S. Institute for Peace avec l'aide du Fonds pour la paix et la sécurité mondiales, organisme du gouvernement canadien, fait surface alors que le gouvernement afghan multiplie les efforts afin de se réconcilier avec les insurgés.
Selon le document, de nombreux combattants talibans ont pris les armes pour se venger de ce qu'ils perçoivent comme une agression de l'OTAN — un sentiment qui a trouvé écho dimanche lorsque le président afghan Hamid Karzaï a demandé aux armées occidentales de freiner leurs opérations.
Les talibans s'accrochent à cette perception malgré les milliards de dollars qui ont été jusqu'à présent investis par la communauté internationale dans la reconstruction de l'Afghanistan, permet de constater le document.
L'auteur du rapport, le chercheur Matt Waldman, ancien conseiller du parlement britannique en matière de défense et d'affaires étrangères, affirme qu'à mesure que les combats s'éternisent, les talibans sont de plus en plus convaincus, tout comme la population afghane, qu'ils mènent une guerre de libération.
C'est d'ailleurs l'une des raisons qui font que l'insurrection a gagné en vigueur, selon lui.
Avant de rédiger son rapport, M. Waldman a mené plus de 80 entrevues avec des insurgés à Kandahar de même qu'avec d'anciens combattants talibans à Kaboul et des responsables gouvernementaux. Leur plus grande préoccupation, a-t-il constaté, est que la reconstruction vise à imposer des valeurs occidentales, notamment la «libération et la sexualisation» des femmes.
Certaines des politiques occidentales ont servi à enflammer les éléments conservateurs de la société afghane, et les talibans ont exploité cette colère, a écrit M. Waldman dans son rapport.