40 chefs d'État participent au 13e Sommet de la francophonie qui s'ouvre vendredi 22 octobre 2010 à Montreux.
Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, et Abdou Diouf, secrétaire général de l'organisation internationale de la francophonie, mercredià Montreux. Crédits photo : FABRICE COFFRINI/AFP |
Plus de 220 millions de personnes parlent français dans le monde. Mais l'organisation internationale de la francophonie (OIF) manque encore de crédibilité.
C'est sur les rives du lac Léman, au cœur de la Riviera suisse, que l'OIF tient son 13e sommet. L'événement, qui a lieu jusqu'à dimanche soir à Montreux, coïncide avec le 40e anniversaire de la Convention de Niamey, acte fondateur de la francophonie.
Dès vendredi, 40 chefs d'État et de gouvernement ainsi que 3 000 délégués de 70 pays sont attendus aux pieds des Alpes pour participer aux réunions qui déboucheront sur la signature de la «Déclaration de Montreux», document établi selon trois thèmes prioritaires : la francophonie dans la gouvernance mondiale, le développement durable, l'apprentissage du français dans un monde globalisé.
D'après le rapport de l'organisation publié la semaine dernière, plus de 220 millions de personnes parlent la langue de Molière dans le monde et 116 000 sont en train de l'apprendre. Le français est aussi la troisième langue sur Internet. Ces chiffres records sont surtout dus au dynamisme du continent africain. «Selon une projection, en 2050, le continent noir pourrait concentrer 85 % des locuteurs francophones de la planète», note le quotidien romand Le Temps.
«Oser parler français»
Dans ce contexte multilingue, les défenseurs du français prônent l'ouverture. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, affirme ainsi que «la francophonie ne doit pas être opposée à l'anglophonie. L'heure n'est plus aux combats d'arrière-garde ! Il est important que l'Afrique francophone parle aussi anglais, et réciproquement».
Malgré toujours plus de locuteurs, la francophonie manque cependant de poids politique. 90 millions d'euros de budget en 2009 - dont la France verse 40 % - ne suffisent pas à lui donner de la superbe. Il est loin le temps où Léopold Sédar Senghor vantait «l'humanisme moderne» de la francophonie. Pour le site Swissinfo, celle-ci est désormais une sorte «d'ONU au rabais», car «la place réservée à cette langue se réduit, notamment dans les instances internationales». «Le français n'est pas plus utilisé au niveau de l'Union européenne, déplore aussi Abdou Diouf, secrétaire général de l'OIF. Il faut oser parler français même si ce n'est pas dans le vent.»
En Suisse non plus, parler français n'est pas à la mode. Dans la partie alémanique du pays, la majorité des cantons optent pour l'anglais comme première langue étrangère obligatoire dans l'enseignement, tandis que seuls 1,4 % des gens y parlent le français comme langue principale.
Autre motif de critiques : les pratiques de certains membres de l'organisation qui détourneraient des fonds. Laurent Gajo, enseignant à l'université de Genève et spécialiste du sujet, se veut malgré tout optimiste. «L'OIF finance des chantiers importants en termes de coopération internationale et de développement. Elle évolue», estime-t-il.
Samedi, Nicolas Sarkozy sera présent à Montreux pour participer aux discussions, entre autres celles sur le processus électoral en Guinée et les tensions au Sahel. Le sommet peut «influer sur les grandes questions qui agitent le monde» , a déclaré la ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey. Les chefs d'État devront aussi confirmer l'adhésion de nouveaux membres ainsi que la réélection d'Abdou Diouf à la tête de l'organisation.
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