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Benoît XVI veut défendre la place du christianisme dans la société

En dépit des protestations récentes, cette première visite d’État d’un pape depuis Henry VIII devrait se dérouler dans la sérénité

C’est avec sérénité que Benoît XVI devrait s’envoler jeudi matin 16 septembre pour le Royaume-Uni. En dépit des nombreux nuages apparents à l’horizon de ce voyage, dense d’une vingtaine de rencontres et de pas moins de quinze discours en quatre jours, le pape, à son habitude, se fera le porteur respectueux d’une bonne nouvelle évangélique à proposer sans concessions à une société sécularisée. Comme le fut son « double théologique », le cardinal Newman, qu’il béatifiera.

La pensée romaine étant adepte du temps long, on se souvient ici que les deux monarchies qui vont se rencontrer officiellement - ce sera la première visite d’État d’un pape depuis le schisme de Henry VIII - figurent parmi les plus anciennes du vieux monde.

Et Benoît XVI sait que sa contemporaine Elizabeth II, pourtant avare de confidences, a confié en 2008 à des représentants du Saint-Siège : « C’est tellement mieux de pouvoir se parler aujourd’hui, plutôt que de se combattre comme nous le faisions autrefois. »

Souci d’apaisement
Et ce combat fut acharné. Le Collège Anglais de Rome, où sont formés depuis cinq siècles les futurs prêtres britanniques, conserve encore vivace le souvenir des 44 martyrs qui, de 1581 à 1678, ont versé leur sang en raison de leur fidélité à Rome.

De 1580 à 1829, rappelle-t-on ici, la foi catholique était illégale outre-Manche, assimilée à la haute trahison, la hiérarchie catholique n’ayant été rétablie qu’en 1850. Et l’actuel ambassadeur britannique près le Saint-Siège, Francis Campbell, est le premier diplomate catholique à ce poste.

Mais les temps ont changé, et le million de catholiques pratiquants britanniques, venus du monde entier, contrediront probablement les protestations médiatiques, habituels préludes aux visites papales. Ils forment bien une « minorité créative » comme les affectionne le pape.

Dans un souci d’apaisement, celui-ci ne devrait pas aborder les conséquences de sa constitution apostolique Anglicanorum Coetibus publiée en novembre 2009, relative à l’admission possible de communautés anglicanes dans l’Église catholique. De même, il rencontrera, en privé, des victimes d’abus sexuels.

Le programme du nouveau Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation
Le cœur de son message sera centré, à l’instar, du cardinal Newman, sur la continuité de l’apport chrétien aux sociétés civiles, de surcroît sécularisées : le respect de la dignité humaine, la participation aux débats culturels, le refus de la relégation de la foi au domaine privé, le primat de la vérité sur le relativisme seront les thèmes scandés par le pape au fil de son onzième déplacement dans la vieille Europe.

Sans oublier, vendredi soir à Londres, un « dîner de travail » qui réunira, en l’absence du pape et de la reine, 150 experts des diplomaties britannique et vaticane sur des thèmes comme le développement, l’écologie, l’éducation, les migrations, la construction européenne.

Au total, ce voyage devrait donner la tonalité du programme que Benoît XVI fixera sans tarder au nouveau Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation et à son président, Mgr Rino Fisichella. Programme valable également pour la France…

Frédéric MOUNIER, à Rome