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Saurons-nous gérer la décroissance du pétrole? Par Caroline Rogers

(Montréal) Quand on parle des réserves mondiales de pétrole, les experts ne s'entendent pas toujours pour dire ce qu'il en reste, ce qui est exploitable et pour combien de temps l'humanité pourra-t-elle encore compter sur cette ressource.

«Il faut distinguer entre les ressources ultimes de la planète et les réserves que l'on peut exploiter de façon convenable, dit Gaëtan Lafrance, professeur à l'INRS et auteur. Si on regarde ce qui se passe aujourd'hui avec la marée noire dans le golfe du Mexique, on constate que c'est ça, le nouveau pétrole: c'est difficile à exploiter, et ça peut avoir beaucoup d'impacts environnementaux.»

Quand atteindrons-nous un pic pétrolier, c'est-à-dire le moment où la production atteindra son maximum? Difficile à dire avec précision, mais il n'est pas loin. Autour de 2020.

«Les économistes, qui font les scénarios les plus optimistes et qui se basent sur les pics pétroliers qu'on a eus en 1973 et en 1979, vous diront que l'industrie pétrolière a toujours su se retourner rapidement, comme c'est le cas par exemple avec les sables bitumineux, explique M. Lafrance. Mais les géologues sont plus pessimistes et nous disent qu'en gros, les nouveaux pétroles coûtent extrêmement cher, tandis que les chiffres sur les réserves fournis par certains producteurs ne sont pas fiables, car ces pays n'ont pas les ressources nécessaires pour mettre leurs renseignements à jour.»

D'ici 2020, malgré des investissements importants dans l'exploration, il faudra commencer à gérer la décroissance du pétrole pour le reste du siècle, explique le chercheur.

«L'accident qui vient de se produire (NDLR dans le golfe du Mexique) va inciter les gouvernements à être très prudents désormais sur l'exploitation dans les endroits difficiles d'accès», dit-il.

D'autre part, les plus gros gisements actuellement en exploitation vieillissent et ne sont plus capables de produire autant.

Comment réaliser la transition?

Les solutions ne sont pas simples, croit Normand Mousseau, professeur de physique à l'Université de Montréal et auteur du livre L'avenir du Québec passe par l'indépendance énergétique.

«Une bonne partie de ce pétrole sert pour le transport. Quand on l'utilise pour d'autres fonctions, comme la production d'électricité ou le chauffage, il est plus facile d'utiliser des alternatives, comme le gaz naturel ou l'énergie solaire. Parce qu'il est difficile de faire fonctionner les avions avec autre chose que le pétrole. Pour les voitures électriques, la marche est encore haute. Il n'y a que les transports en commun que l'on pourrait électrifier facilement.»

Un scénario où l'on diminue la dépendance au pétrole exige un changement d'attitude de la part de la population et des structures organisationnelles, croit Gaëtan Lafrance.

«Cela veut dire changer notre mode de vie de façon considérable dans le futur, dit-il. Si on veut aller vers des énergies renouvelables, il faut que tous les groupes se mettent ensemble pour trouver des solutions au lieu de dire: pas dans ma cour.»