Le Saint-Siège, pris dans la tourmente médiatique autour de la pédophilie, a promptement réagi
«Après son frère Georg, Joseph Ratzinger sera attaqué. » Au Palais pontifical, ces derniers jours, beaucoup s’attendaient à une mise en cause, après son frère Georg, accusé d’avoir couvert des actes de violence et de pédophilie au sein du chœur d’enfants de Ratisbonne, du cardinal Joseph Ratzinger, archevêque de Munich de mars 1977 à février 1982.
Dès vendredi matin 12 mars, sortant d’un entretien à huis clos de 45 minutes avec le pape, Mgr Robert Zollitsch, archevêque de Fribourg et président de la conférence épiscopale allemande, s’est adressé à la presse. Il a évoqué le « bouleversement » des évêques, qui « présentent à nouveau leurs excuses aux victimes » et veulent « assumer leurs responsabilités » devant les « crimes commis par certains membres d’ordres religieux, certains prêtres et collaborateurs dans nos diocèses ».
« Mettre la vérité au grand jour » reste le souci constant de l’Église en Allemagne, qui reconnaît « avoir sous-estimé l’ampleur de ces manquements graves ». Mgr Zollitsch a fait référence à plusieurs reprises aux « directives de procédures en cas d’abus sexuels sur des mineurs par des religieux en Allemagne », publiées dès le 26 septembre 2002. Ces directives « ont reçu, ce matin, le soutien explicite du pape », a-t-il affirmé. Benoît XVI l’a « fortement encouragé à poursuivre dans cette voie. Il est très satisfait des mesures que nous avons prises. »
Une rapidité inhabituelle
« Aucun autre pays, a affirmé Mgr Zollitsch, si ce n’est peut-être l’Autriche, n’a pris des mesures aussi précises pour lutter contre ces crimes » : interlocuteur diocésain pour les victimes, actions de prévention, relation constante avec les autorités judiciaires allemandes, dialogue soutenu avec la société civile.
En résumé, « le pape, a dit Mgr Zollitsch, a encouragé les évêques allemands à faire la lumière sur toutes ces affaires, pour arriver à la vérité, assainir les blessures du passé et éviter d’autres blessures pour le futur ». Enfin, Mgr Zollitsch a affirmé à nouveau que la pédophilie « n’a rien à voir avec le célibat sacerdotal. Si celui-ci est l’objet d’attaques, nous devons tout faire pour l’expliquer. » Défense du célibat aussi au même moment, par Benoît XVI, devant les participants à un congrès théologique réuni au Latran.
Mais quelques heures plus tard, les nouvelles venues d’Allemagne ont brutalement confirmé les pressentiments du Vatican : le pape est mis en cause dans son propre pays pour avoir couvert des faits remontant à l’époque où il était à la tête du diocèse de Munich.
Mise en cause sans doute attendue, car, avec une rapidité inhabituelle, le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, a diffusé un communiqué argumenté et précis du diocèse de Munich, rétablissant précisément la chronologie des faits, exonérant le pape de toute responsabilité.
«Les tentatives de mettre en cause le Saint-Père ont échoué»
Pour compléter ce dispositif de contre-feu, dès le lendemain samedi matin 13 mars, le même P. Lombardi publiait en cinq langues l’entretien réalisé par le quotidien des évêques italiens, Avvenire , avec l’homme clé de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur ces dossiers, Mgr Charles Scicluna, promoteur de justice, l’équivalent d’un procureur général.
Il ne restait plus alors au même P. Lombardi qu’à conclure ces heures difficiles, dans une note diffusée par Radio Vatican samedi en milieu de journée : la ligne de l’épiscopat allemand (reconnaître la vérité, aider les victimes, renforcer la prévention, collaborer avec les autorités politiques et judiciaires) est soutenue par le pape.
La question du célibat ne doit en aucune manière être confondue avec celle de la pédophilie. Le cardinal Ratzinger a toujours été rigoureux et cohérent dans le traitement de ces affaires. En résumé : « Les tentatives de mettre en cause le Saint-Père ont échoué. »
Frédéric MOUNIER, à Rome