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La morale cherche son camp

La polémique est souvent un bain à remous où les politiques s'ébattent avec amusement et parfois délectation. Mais il existe aussi ces eaux trop chaudes, autour desquelles tournent les responsables, osant parfois tremper un doigt de pied pour prendre la température, avant de l'enlever aussitôt pour éviter la brûlure.

PS et UMP se tiennent ainsi au bord du précipice ouvert par deux élus du Val- d'Oise. Francis Delattre, maire UMP qui avait déjà moqué le chef de file socialiste noir du Val-d'Oise, l'accuse maintenant d'être un « délinquant multirécidiviste chevronné ». Il a, avec un collègue, envoyé une liste de condamnations à plusieurs journaux pour appuyer ses propos. Sans preuve à l'appui. Le député Axel Poniatowski, tête de liste de la majorité présidentielle dans le département, a repris à son compte ces allégations. Ali Soumaré va poursuivre ces élus pour diffamation.

À l'échelon supérieur, le silence est de rigueur. Jean-Paul Huchon, tête de liste PS en Île-de-France, s'interroge sur les sources des dénonciateurs. Son adversaire, Valérie Pécresse, estime que l'affaire ne la concerne pas.

La retenue est compréhensible. Cette polémique risque d'entraîner la campagne électorale dans le caniveau. Personne ne le souhaite, sauf peut-être ses instigateurs.

Mais le seul silence ne suffit pas à éteindre une mèche allumée par des élus UMP. Il ne suffit non plus à soutenir un candidat face à des accusations véhémentes.

Ali Soumaré est originaire de Villiers-le-Bel. Alors que deux jeunes sont tués dans un accident impliquant une voiture de police, en 2007, il devient porte-parole des familles des victimes et joue un rôle dans la canalisation de la colère.

Désormais, le doute pèse sur ce candidat aux régionales. Or la suspicion est toujours plus cruelle que la vérité. Le PS ne peut qu'éclaircir au plus vite la situation, afin d'aider l'électeur dans son choix. Une peine purgée ne doit toutefois pas faire obstacle dans le parcours d'une personne. L'honnêteté présente et la confiance priment.

Le silence est surtout embarrassant à droite. Le procès en moralité risque de se retourner contre les inquisiteurs. Alors que le Parti socialiste se prévaut, certes tardivement, de la morale en politique depuis quelques semaines grâce à l'affaire Frêche, l'UMP prend son temps pour condamner les propos de ses élus. Les méthodes employées abîment l'image de la campagne, des partis et, plus généralement, de la politique. La Rue de la Boétie ne peut pas se contenter de regarder ses brebis galeuses sans les réprimander.

Si le refus d'alimenter la polémique est louable, celui de l'éteindre est contestable. Toute occasion est bonne pour bannir des usages les viles attaques.