Une première dans l’Ouest : un sanctuaire consacré au culte de Mithra a été découvert il y a deux mois à Angers.
La découverte a été faite par des archéologues qui effectuaient des fouilles préventives sur un chantier situé à l’emplacement de l’ancienne clinique Saint-Louis, dans le centre de la ville, où va s’édifier un immeuble d’habitations. Les restes d’une très vaste demeure gallo-romaine avaient été mis à jour début janvier.
Poursuivant leur travail, les archéologues ont découvert dans une cave un vase zoomorphe portant une inscription en grec dédiée à Mithra. Des fragments d’un bas-relief représentant la divinité procédant au sacrifice d’un taureau ont également été retrouvés, ainsi que ceux de colonnes qui servaient de support à des statues dont on a retrouvé des morceaux.
Ce lieu de culte, construit au début du IIIe siècle, a fait l’objet d’une destruction systématique et volontaire moins de deux siècles plus tard. Les archéologues ont en effet mis en évidence des traces d’incendie et la destruction de tous les objets de culte. La tête de Mithra a été pour sa part martelée.
Divinité indo-européenne provenant de Perse, Mithra vit son culte se développer à Rome à partir du Ier siècle de notre ère, sans que l’on sache exactement quand et comment il fut introduit au sein de l’empire. Répandu principalement en Italie, en Grande-Bretagne, sur le Rhin et le Danube, son culte fut particulièrement populaire dans les armées, essentiellement chez les soldats et les centurions.
Culte à mystères, le mithraïsme et les valeurs qu’il véhiculait demeurent mal connues. Des suppositions ont été récemment émises selon lesquelles les valeurs d’amitié et de loyauté étaient primordiales. Le sacrifice du taureau, scène fréquemment représentée, faisait partie du rite d’initiation à ce culte.
Culte d’un dieu iranien, solaire et sauveur, le mithraïsme était un dangereux rival pour le christianisme et lorsque ce dernier prit de l’expansion, l’empereur Julien essaya de lui substituer le culte de Mithra. Mais cette religion ne réussira jamais à pénétrer les couches populaires et restera toujours le fait d’une certaine élite, essentiellement militaire.
Le mithraïsme ne survivra pas à l’essor du christianisme. Il fut finalement interdit par l’empereur chrétien Théodose en 392. La cause de la destruction volontaire du temple découvert à Angers n’est pas à chercher ailleurs.
