Selon l'OMS, la malaria transmise par piqûre de moustiques pourrait être éradiquée d'ici 2015. [www.flickr.com] |
Une bonne nouvelle pour le Pacifique, principalement la Papouasie Nouvelle-Guinée et les îles Salomon où le paludisme reste un problème de santé majeur.
Le paludisme est dû à un parasite, le Plasmodium, transmis par les moustiques et chez l’être humain, ces parasites se multiplient dans le foie puis s’attaquent aux globules rouges.
En l’absence de traitement, le paludisme peut entraîner rapidement le décès par les troubles circulatoires qu’il provoque. Dans de nombreuses régions du monde, les parasites sont devenus résistants à plusieurs médicaments antipaludéens.
Sans vouloir jeter une ombre sur l’optimisme de l’OMS, qui envisage l’éradication en 2015, un expert australien spécialiste du paludisme fait preuve d’une plus grande prudence. Toutefois, Graham Brown reconnaît que le recul de cette maladie est loin d’être négligeable, surtout en Afrique.
Le nombre de morts attribué au paludisme est tombé d’environ un million en 2000 à 718 000 en 2009, une baisse enregistrée par toutes les agences de l’OMS à travers le monde :
« Et cela montre que si les ressources sont mises conjointement en application de manière appropriée, on peut lutter contre le paludisme. J’ai été en Zambie, dans un district où le paludisme faisait de nombreux morts. Et la mise en place de mesures comme les diagnostiques précoces, des traitements rapides, l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide et la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations, fait que le paludisme n’a fait aucune victimes [dans ce district] et c’est absolument merveilleux. »
À la suite de ce recul, Ray Chambers, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que si les progrès persistent, le paludisme pourrait être éradiqué d’ici 2015 [en Afrique].
Le professeur Brown se veut plus prudent :
« Je pense que c’est très important d’avoir des cibles. Mais dans le passé, certains ont fait trop de promesses qui n’ont pas pu être tenues et je ne pense pas que c’est une bonne stratégie. Les cibles c’est bien, mais il faut être réaliste au niveau du calendrier.
Il y a eu l’exemple de Melinda et Bill Gates qui ont dit qu’il fallait considérer l’éradication du paludisme de la totalité de la planète. C’est une excellente idée, mais il faut beaucoup de temps pour la réaliser. »
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D’autant plus que les problèmes changent au fil du temps au fur et à mesure que la situation évolue. Le réchauffement climatique fait que des moustiques porteurs de paludisme ont été signalés dans les Hauts Plateaux de Papouasie Nouvelle-Guinée ; une région jusqu’à présent trop froide pour les moustiques.
Un avis partagé par Graham Brown :
« Nous savons par exemple que des moustiques deviennent pharmacorésistants aux insecticides que nous utilisons. Ce produit chimique ne les tue pas. Ou ils changent aussi leur comportement, les moustiques ne vont plus se poser sur les murs [pulvérisés d'insecticide] mais sortent à l’extérieur et se poser sur les arbres. »
Les recherches doivent donc continuer pour que les armes contre le paludisme puissent s’adapter aux changements de comportement des moustiques.
Des propos recueillis par Samantha Donovan.