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Jeux vidéos - Football Manager: Le jeu vidéo qui inspire les recruteurs

Source: France Soir
Plusieurs clubs, dont Everton et Nice, utilisent l’immense base de données du jeu Football Manager pour dénicher de futures stars. Une révolution en matière de transferts.
Jonathan Beilin, 26 ans, recruteur salarié à l’OGC Nice, joue à Football Manager depuis 1996. Comme tant d’autres utilisateurs de cette célèbre simulation de management de football, il a pu prendre virtuellement les commandes de l’OM, de Lyon ou du PSG, mener Arles-Avignon au titre de champion de France ou faire remonter le FC Nantes en Ligue 1 avec un jeu flamboyant. Oui, Football Manager n’est pas toujours réaliste ! Sauf en ce qui concerne la valeur des footballeurs. « La base de données du jeu (370.000 joueurs, NDLR) est immense, raconte Beilin, mandaté par Nice pour superviser les championnats d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est. Je m’en sers pour découvrir des jeunes mais ensuite, évidemment, il faut faire appel à d’autres filtres pour en savoir plus. J’apporte au club cette connaissance particulière et c’est grâce à Football Manager que nous avons trouvé Pejcinovic. » Nemanja Pejcinovic, défenseur du FK Rad Beograd, inconnu en Europe jusqu’à son prêt à Nice, cet été, transformé en transfert définitif fin décembre. A 23 ans, le Serbe est devenu titulaire – quatorze apparitions – dans l’équipe d’Eric Roy, quinzième du classement. Les Aiglons, depuis, tentent de faire signer le latéral gauche argentin de Boca Juniors Fabian Monzon, l’un des meilleurs à son poste dans l’opus 2011 de la simulation. « Lui, je le suis depuis quatre ans. Il a toujours été bien noté ; cela a renforcé mon désir de le recruter. »

400.000 joueurs et 20.000 équipes

Lors de la sortie du jeu, nous avions rencontré son tout-puissant créateur, l’Anglais Miles Jacobson, PDG de Sega Interactive Games, qui avouait « ne pas encore avoir été contacté officiellement par des équipes de L1 » pour utiliser sa base de données étendue, estimée à 400.000 joueurs et 20.000 équipes. « Mais il faut désormais compter sur nous », lançait-il, enchaînant sur une anecdote soulignant l’impact de son jeu dans le milieu du football : « Lors du transfert d’Hatem Ben Arfa à Newcastle, les journalistes anglais ne le connaissaient pas, et ce sont les supporteurs qui ont vanté ses mérites pour l’avoir testé sur Football Manager. » Mieux encore : en 2009, la formation britannique d’Everton a passé un accord avec l’éditeur, employeur de plus de 1.000 « dénicheurs de talents » de tous âges, la plupart salariés de Sega. « Nous savions depuis longtemps que les équipes utilisaient le jeu pour leurs recherches sur certains joueurs, qu’il s’agisse d’acheter ou de surveiller les adversaires, mais cette reconnaissance officielle est fantastique », déclarait alors Jacobson. Everton, depuis, a engagé plusieurs perles de Football Manager, comme le milieu belge Marouane Fellaini ou l’attaquant portugais Joao Silva, 20 ans, qui végétait en D2 portugaise. Jean-Luc Witzel, aujourd’hui directeur sportif du RC Strasbourg, connaît bien Everton pour en avoir été le recruteur. « Quand j’exerçais en Angleterre, en 2007, le partenariat n’était pas encore à l’ordre du jour. Mais ce jeu est un outil intéressant. » Les Toffees ont d’ailleurs payé 1,4 million d’euros pour s’offrir les services, cet été, de l’attaquant alsacien Magaye Gueye.

Quarante critères de notation

L’idée de se servir d’un jeu vidéo pour miser beaucoup d’argent sur un footballeur pourrait paraître folle. Elle ne laisse, en tout cas, pas indifférents les techniciens français. Ainsi Bernard Genghini, responsable du recrutement au FC Sochaux, la trouve-t-il « intéressante ». Même s’il se dit trop âgé pour se plonger dans une simulation de management de football, l’ancien international, 52 ans, considère qu’il peut s’agir d’un bon outil de complément. « Les qualités principales d’un recruteur sont sa curiosité et son ouverture d’esprit. Il doit se servir de tous les éléments en sa possession pour observer un joueur. La priorité, toutefois, consiste à superviser le joueur en question. Si l’on recrute un étranger, il faut également mesurer sa capacité d’adaptation : les Brésiliens, souvent, ont du mal à s’adapter en Europe. » Ça tombe bien : Football Manager note sur 20 cette capacité, tout comme quarante autres qualités, dont l’endurance, la vitesse, le courage, le marquage, la technique ou la détermination.
D’autres, en revanche, se montrent encore dubitatifs sur l’objet. « Football quoi ? » s’interroge ainsi Serge Romano, entraîneur de Gueugnon, lorsque nous lui apprenons l’existence du jeu et son utilisation par les clubs. « Ah, d’accord… une aide au recrutement. Ouais, faut voir qui est derrière tout ça… Je trouve quand même cela bizarre. Nous, on utilise Scout Seven, une société anglaise qui scrute le monde entier et en temps réel. » Scout Seven, qui édite des rapports de match et des vidéos de joueur, a passé des partenariats avec 90 % des clubs de L1 et elle reste la référence en matière d’aide au recrutement. Coût du produit : 30.000 €. De quoi s’acheter 500 Football Manager.

Rooney et Robben, révélés par Football Manager

En 2000, Arjen Robben, star de la sélection néerlandaise et du Bayern Munich, avait encore de l’acné lorsqu’il évoluait au FC Groningue, club sans palmarès des Pays-Bas. Personne ne le connaissait sauf les recruteurs de Football Manager qui, à 17 ans, en faisait déjà une future vedette. L’international anglais Wayne Rooney a, lui aussi, été découvert par le jeu, en 2002, alors qu’il effectuait sa première saison à Everton. En quelques années, l’attaquant devenait l’un des meilleurs de la planète. Si ces joueurs n’ont pas eu besoin de Football Manager pour écrire leur destin, d’autres s’en sont servis pour monnayer leurs talents à l’étranger. « Dernièrement, un agent de joueurs est venu nous voir. Grâce au jeu, son poulain avait augmenté sa valeur financière en moins d’un an. Le jeune Sud-Américain vient de signer dans un grand club espagnol pour une belle somme », expliquait récemment Miles Jacobson sur le site du magazine So Foot. Il s’agit de Keirrison, transféré en 2008 à Barcelone pour 14 millions d’euros. L’attaquant brésilien, depuis, peine à s’imposer. Preuve que même Football Manager peut se révéler faillible.