Source: Abidjan.net
Publié le mardi 4 janvier 2011
Togosite.com - L’un des Ivoiriens qui auront le plus marqué en mal ces dix dernières années de la vie de leur pays, c’est bien Charles Blé Goudé, le chef des miliciens pro-Gbagbo. De telle sorte qu’il n’a pas manqué de taper dans l’œil de la Cour pénale internationale (CPI) au début des années 2000. Après le 28 novembre 2010 et suite au statu quo et aux événements malheureux qui ont élu domicile en Côte d’Ivoire, cette institution judiciaire à vocation internationale n’a pas hésité à rappeler à cet homme de triste réputation, qu’il est fiché par ses services. Un peu comme pour lui dire qu’il gagnerait à se surveiller pour éviter d’aggraver son cas.
Mais comme souvent, l’être humain aime à se laisser facilement aveugler par sa capacité à démontrer jusqu’où il pourrait aller loin dans le mal, plutôt que dans le bien, à partir du moment où il se sent « ovationné » dans ses prouesses par des zélateurs et fanatiques inconditionnels, Charles Blé Goudé, « le Général de la rue », même devenu ministre, n’a pas perdu ses vieux réflexes, sa fougue juvénile. Par trois fois, il aura projeté des actions destinées à jeter de l’huile sur le feu, dans cette période très sensible que traverse son pays, alors que l’ensemble de la Communauté internationale y compris la CEDEAO et l’UA ne reconnaît que la victoire de son adversaire.
L’action à plus fort taux de risques annoncée par Blé Goudé avait été programmée pour le samedi dernier, premier jour de l’an. Cette action serait destinée, selon ses propres déclarations, à libérer le Golf Hôtel d’Abidjan, le quartier général de Ouattara, les mains nues (sans doute pour aller dans le même sens que son rival Guillaume Soro qui avait déclaré que leur marche sur la RTI était pacifique) en compagnie des jeunes patriotes. Aux dernières nouvelles, cette opération a avorté. Elle serait reportée sur aujourd’hui mardi. Tiendra, tiendra pas ? On attend de voir. En dehors de cela, deux rassemblements initiées par le camp Gbagbo et à la tête desquels se trouverait Charles Blé Goudé, avaient été annoncés également puis annulés pour, dit-on, donner aux missions africaines des chances d’aboutir.
A supposer que l’annonce par Blé Goudé de libérer les mains nues, le QG de Ouattara s’inscrive selon le camp Gbagbo dans la même logique que celle qui avait conduit Guillaume Soro à vouloir libérer la RTI, en y installant un nouveau DG, il ne faut pas oublier que le bilan de cette action réprimée par les forces loyalistes a été lourd. Selon les Nations Unies, il y a eu 179 morts et des centaines de blessés. Doit-on entendre par cette opération de libération que le Ministre de il l’Emploi et de la Jeunesse tient à livrer le peuple ivoirien à une autre boucherie, quand bien même il a été ciblé depuis plusieurs années par les responsables de la CPI ?
Dans cet ordre d’idées, il convient de rappeler que toute la Communauté internationale, la faiseuse de roi, reconnaît la victoire d’Alassane Ouattara et traite ce dernier comme le président élu des Ivoiriens. La légitimité étant alors de son côté, toute action tendant à aller contre ses intérêts ne saurait être vu d’un bon œil, d’où Charles Blé Goudé risque d’aggraver son cas, si d’aventure, il devait reprogrammer son opération dite de libération de l’Hôtel et le maintenir et que l’ONUCI devrait réprimer ce qu’on peut appeler provocation. La responsabilité devait incomber à Charles Blé Goudé.
Doit-on considérer les différentes sorties médiatiques de l’ancien patron des miliciens de Gbagbo comme de simples chantages, de simples effets d’annonce ? Difficile de les considérer comme tels, dans la mesure où le camp Gbagbo donne l’impression de reprendre du poil de la bête en entendant quelques appels à ne pas user de violence pour déloger le président sortant, parlant de risque de guerre civile qui risquerait d’embrasser toute la sous-région, propos qui semblent faire bomber le torse à la bande à Gbagbo.
La mission CEDEAO-UA d’hier qualifiée de mission de la dernière chance, vient de se solder comme toutes celles qui l’avaient précédée, par un échec. Que va-t-il se passer, après que Gbagbo a refusé toutes les propositions qui lui ont été faites jusqu’ici pour une heureuse sortie de crise à son profit, bien entendu, abstraction faite de la victoire qu’il s’est octroyée ? Tout bien pesé, Laurent Gbagbo semble plus disposé à l’affrontement armé. Mais que lui réserve l’avenir ? Que réserve l’avenir au peuple ivoirien ? Time will tell.
Alain SIMOUBA
LIBERTE HEBDO TOGO