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Le concept de l'au-delà dans l'Égypte antique

Mots-clés: mythes funéraires des Anciens Égyptiens, l'au-delà
Selon les mythes funéraires des Anciens Égyptiens, l’au-delà est le lieu où séjournent les dieux, les bienheureux et les damnés. Domaine d'Osiris, ce monde supranaturel est à la fois souterrain, terrestre et céleste. Il est connu sous les dénominations de Kheret-Netjer, Ro-Sétaou, Douât et Neferet Imentet (Bel Occident). La géographie de cet autre monde, ainsi que les êtres qui le peuplent, sont renseignés par divers écrits dont les Textes des Pyramides, le Livre des deux chemins, le Livre des Morts, les Livres du monde souterrain et quelques contes.

Funérailles égyptiennes - Papyrus de Hounefer -
XIXe dynastie - British Museum.
La mort est une interruption temporaire de la vie et non une fin définitive. À l'instar des dieux, les humains survivent grâce à leurs principes immatériels que sont l'âme-Ba, la vitalité-Ka et l'esprit-Akh. Dès l'Ancien Empire, deux cycles de croyances religieuses caractérisent la conception de la vie éternelle. D'un côté, le mythe d'Osiris traite tous les aspects de la préservation du cadavre par les rites de la momification. De l'autre, le mythe solaire concerne le voyage du défunt auprès de Rê à bord de la barque solaire. Au Nouvel Empire, ces deux mythes forment une unité de croyance, le dieu solaire voyageant à travers les contrées souterraines et osiriennes. Certains recueils funéraires sont des cartes de ce monde mystérieux. Ils guident les défunts sur des chemins ponctués de nombreux dangers. D'après le Livre de l'Amdouat et le Livre des Portes, l'au-delà est une zone souterraine constituée de douze régions successives. Chaque région correspond à une heure de la nuit et chacune d'elles est séparée de la suivante par un portail surveillé par des dieux-gardiens. Le destin du défunt est déterminé par l'épreuve du jugement de l'âme. Acquitté, il entre dans le royaume d'Osiris. À l'image du pays égyptien, l'au-delà est un désert traversé par un fleuve qui inonde champs et marais. Dans le Champ des Offrandes, le défunt retrouve les mêmes activités que de son vivant. Il y travaille ses champs et profite de bons moments de repos et de joie. Tout au contraire, pour les damnés sont réservés des salles de torture, des fosses ardentes et des lacs pestilentiels.

Les morts ont des besoins similaires à ceux des vivants, car ils connaissent une nouvelle vie dans la tombe. C'est pourquoi des dépôts d'offrandes alimentaires sont placés près des corps pour entretenir leur vitalité. Tout esprit a la possibilité de revenir sur terre pour intervenir, en bien ou en mal, dans l'existence des vivants. Tandis que les méfaits des morts dangereux sont très redoutés, les ancêtres bienveillants, en revanche, servent d'intercesseurs auprès des dieux pour obtenir des faveurs.

Principaux apports de l'égyptologie

En Égypte antique, la croyance en l'au-delà a trouvé un terrain particulièrement favorable. D'innombrables vestiges archéologiques témoignent encore de l'importance culturelle de la mort au sein de cette civilisation ; les pyramides et les mastabas, les hypogées et leurs décorations rupestres, les tombes et leur contenu, les sarcophages et leurs momies.

Durant trois millénaires, entre 3100 et 30 av. J.-C., les prêtres égyptiens ont développé une littérature funéraire abondante et diversifiée2. Pendant la période romaine de l'Égypte, la maîtrise de l'écriture hiéroglyphique se perd progressivement sous le poids des exigences de l'administration et des mutations religieuses (développement du monothéisme chrétien)3. Durant plus de treize siècles, les hiéroglyphes et le message religieux qu'ils véhiculaient ont échappé à la compréhension humaine. Cette période de méconnaissance prend fin en 1822 quand Jean-François Champollion parvient à déchiffrer ces écrits. Avant lui, les mythes et les croyances des Anciens Égyptiens ne sont guère renseignés. Les maigres sources textuelles sont glanées auprès des auteurs antiques de culture gréco-romaine tels Plutarque, Hérodote, Strabon ou Diodore de Sicile. Après Champollion, la mise en place de l'égyptologie au sein des grandes universités a permis l'étude d'une quantité impressionnante de documents pharaoniques et ainsi de mieux cerner la perception égyptienne de l'au-delà.

Dès la Campagne française d'Égypte (1798-1801), le corpus du Livre des Morts a retenu l'attention des scientifiques ; notamment les auteurs de la Description de l'Égypte (1809-1829) qui publient une poignée de fac-similés. Plus tard, en 1842, Karl Richard Lepsius dresse la première traduction d'après un exemplaire conservé à Turin5. Avec la découverte des Textes des Pyramides en 1880-1881 par Gaston Maspéro, l'intérêt s'est tourné vers ces inscriptions funéraires, les plus anciennes de la civilisation égyptienne6. Quelques textes inscrits sur les cercueils du Moyen Empire sont publiés en 1867 par Karl Lepsius. D'autres traductions suivent en 1904-1906 par Pierre Lacau. Finalement, entre 1935 et 1961, Adriaan De Buck fait paraître l'intégralité de ce corpus (7 volumes) qui depuis lors est connu sous le titre des Textes des Sarcophages7. Les Livres du monde souterrain ou Guides de l'au-delà ont longtemps été dédaignés. Découverts par Champollion en 1829, ils ont été étudiés à la fin du xixe siècle par Gaston Maspéro et Eugène Lefébure. Par la suite, ces compositions ont été jugées comme trop abstruses et de peu d'intérêt. Surmontant ces préjugés négatifs, Alexandre Piankoff commence leur étude systématique dans les années 1930 ; travail, entre autres, poursuivi par Erik Hornung. Depuis lors, ces guides sont considérés comme une importante source pour la compréhension des conceptions égyptiennes de l'au-delà. Lire la suite