Histoire
Apparition du terme
Le terme « point G » apparaît pour la première fois dans le livre éponyme publié en 1982 par le Dr Patrick Dao, Alice Ladas et Beverly Whipple2. L'ouvrage décrit une zone dans le vagin répondant à la stimulation directe pour provoquer un orgasme chez certaines femmes. Le nom « point G » a été utilisé par les auteurs du livre en référence au sexologue allemand Ernst Gräfenberg qui le premier considéra la sensibilité érotique de cette zone en 19503,4.La thèse de Gräfenberg
Dans ses travaux de 1950, Gräfenberg ne mentionne pas l'existence d'une zone vaginale orgasmique précise. Sa publication note simplement le comportement sexuel de certaines patientes qui s'introduisent des aiguilles à chapeau dans l'urètre pour se procurer des orgasmes. Il pense que l'urètre pourrait être une zone érogène occasionnelle mais ne pense pas à une zone orgasmique commune à toutes les femmes.Utilisation contemporaine du terme
Depuis le livre de 1982, la zone décrite est restée hypothétique pour le corps médical. Toutefois, l'existence du point G est largement envisagée dans le grand public, et des sexologues5 emploient parfois le terme.
Dessin de l'anatomie sexuelle interne chez la femme (voir l'article Système reproducteur pour une légende détaillée).
Le point G (4) est dit être situé de trois à sept centimètres à
l'intérieur du vagin, près de l'urètre (6) et de la vessie (2).
Sommaire
Analogie avec la prostate
Par analogie, la zone de la prostate masculine accessible au toucher est parfois qualifiée de « point G masculin » (ou point P). Cette zone est située sur la paroi antérieure du rectum (celle qui sépare la base de la verge de l’anus), près de l’urètre. Sa stimulation directe est réputée procurer une forme d'orgasme différent de l'orgasme pénien.Controverse
L'existence du point G ne fait pas l'objet d'un consensus dans la communauté médicale. Les observations médicales à son sujet restent anecdotiques et les études de cas faites sur la base d'un petit nombre de sujets sont rarement soutenues par des études anatomiques et biochimiques6.En 2012, le gynécologue américain Adam Ostrzenski prétend avoir trouvé la première preuve de l'existence de structures anatomiques du point G au cours de la dissection de la paroi intérieure du vagin d'un cadavre lors d'une autopsie. Ces structures bien délimitées (longueur: 8,1 mm ; largeur : 1,5 à 3,6 mm ; hauteur : 0,4 mm) situées sur la membrane périnéale, à 16,5 mm de la partie supérieure de l'orifice de l'urètre et formant un angle de 35° par rapport à la partie latérale de celui-ci, seraient constituées d'un tissu érectile (en) très innervé 7.
Ces conclusions restent critiquées, notamment la présence à ce niveau de terminaisons nerveuses, le rôle excitatoire de ces structures et l'existence d'un point unique (d'autres études ayant suggéré qu'il peut y en avoir plusieurs8).
Rapprochements anatomiques
Les structures intravaginales pouvant correspondre à une zone érogène ne sont pas connues avec précision et pourraient provenir soit :- De l'innervation intrinsèque de la paroi antérieure du vagin,
- Des parties internes du clitoris (qui entourent le conduit vaginal),
- D'autres structures connexes (sphincter urétral, glande de Skene, et fascia d'Halban),
- Soit d'une combinaison de ces possibilités.
Point G et clitoris
Certaines études10,11 assimilent le « point G » à la structure interne du clitoris stimulé indirectement lors de la pénétration vaginale12En 2010, la gynécologue Odile Buisson et Pierre Foldes réalisent des échographies complètes et en 3D d’un coït, ce qui leur permet de repérer une zone du corps du clitoris qui se moule sur la partie postérieure du vagin et du pénis lors de la pénétration. Cette étude (qui constitue une première mondiale) montre également la turgescence des bulbes vestibulaires entourant l'entrée du vagin13.
Autres rapprochements envisagés
Les structures connexes seraient le sphincter urétral14, les glandes de Skene15 et le fascia d'Halban. Ces deux dernières structures, et surtout le fascia d'Halban, pourraient correspondre à une zone érogène16.Stimulation
Certaines positions sexuelles permettent une stimulation directe de cette zone en particulier si l'homme est derrière la femme lors du coït ou si, dans la position du missionnaire, elle pose ses jambes sur ses épaules. L'attention et le savoir-faire du partenaire sont cependant plus déterminants qu'une position particulière.Chirurgie « du point G »
Des chirurgiens esthétiques proposent une opération permettant d'augmenter le volume du point G 17.Une étude18 menée en France sur dix femmes19a conclu que l'amplification chirurgicale du point G chez des femmes se plaignant de dysfonction sexuelle féminine (DSF) augmentait leur nombre d'orgasmes de 40 à 50 %, avec une satisfaction de 70 % des patientes.
Les chirurgiens proposant ce type d'opération parlent de régénération de la prostate féminine.
Bibliographie
- Shere Hite parle du point G dans la préface de son rapport : The Hite Report: A Nationwide Study on Female Sexuality.
- Une bande dessinée de Martin Veyron L'amour propre ne le reste jamais très longtemps, met en scène les aventures d'un homme à la découverte du point G féminin.
Notes et références
- (en) Desmond Morris, The Naked Woman : A Study of the Female Body, New York, Thomas Dunne Books, 2004 (ISBN 0-312-33852-X), p. 211–212
- The G Spot: And Other Discoveries about Human Sexuality, John D. Perry, Alice Khan Ladas, Beverly Whipple, IBN-10 : 0805077596
- (en) Ernst Gräfenberg: From Berlin to New York [archive]
- (en) G-spot exists, claim scientists [archive]
- Controverse sur le point G : 1re partie [archive]
- (en) The G-spot: a modern gynecologic myth. [Am J Obstet Gynecol. 2001] - PubMed Result [archive]
- (en) Adam Ostrzenski, « G-Spot Anatomy: A New Discovery », The Journal of Sexual Medicine, vol. 9, no 5, mai 2012, p. 1355-1359 [lien DOI [archive]]
- (en)Melissa Healy, « Doctor says he's found the actual G spot » [archive], sur Los Angeles Times, 25 avril 2012
- ALZATE H. Vaginal eroticism and female orgasm: a current appraisal, Journal of Sex and Marital Therapy, 11(4):271-284, 1985
- O'CONNELL H. E. , DELANCEY J. O. Clitoral anatomy in nulliparous, healthy, premenopausal volunteers using unenhanced magnetic resonance imaging, The Journal of Urology, 173(6):2060-2063, 2005
- O'CONNELL H. E. , HUTSON J. M. , ANDERSON C. R. , PLENTER R. J. Anatomical relationship between urethra and clitoris, The Journal of Urology, 159(6):1892-1897, 1998
- « Ce fameux point G n'est en fait que la partie interne de la structure clitoridienne, explique Andrée Matteau, sexologue. La partie extérieure et visible du clitoris, c'est cette petite perle que tout le monde peut identifier. Mais cette structure comporte également des nerfs qui aboutissent à l'intérieur du vagin, comme des pattes qui se rejoignent dans ces éponges.../...(les glandes de skene ?).../... Certaines femmes peuvent effectivement ressentir un grand plaisir de la stimulation de ces éponges qui sont fortement innervées. Elles peuvent les repérer par exploration manuelle et s'en servir lors de la pénétration pour amplifier les sensations.… »
- Odile Buisson et Pierre Foldès (préf. Israël Nisand), Qui a peur du point G ? : le Plaisir féminin, une angoisse masculine, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2011, 256 p. (ISBN 9782350132570).
- LENCK L. C. , VANNEUVILLE G. , MONNET J. P. , HARMAND Y. Urethral sphincter (G point). Anatomo-clinical correlations, Rev. Fr. Gynecol. Obstet., 87(2):65-69, 1992
- BENATTAR Marie-Claude. L'amplification du point G, une nouvelle approche thérapeutique des dysfonctions sexuelles féminines ? Sexologies, XIV(51):5-10, 2005
- HINES T. M. The G-spot: a modern gynecologic myth, Am. J. Obstet. Gynecol., 185(2):359-362, 2001
- Augmentation du point G : Augmenter le plaisir sexuel ? [archive]
- Nouvelle approche thérapeutique dans le traitement des dysfonctions sexuelles féminines : l’amplification « du point G » dans les baisses de désir et plaisir féminins [archive], M.-C. Benattar (Boulogne), JIM [archive], février 2005
- Ce qui ne constitue donc pas un échantillon suffisant. De plus, l'étude n'est pas faite en double aveugle. Elle doit donc être considérée avec précaution