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Gaz de schiste au Québec

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L'exploitation du gaz de schiste au Québec est un phénomène qui commence au début du XXIe siècle. Aux environs de 2008, il commence à toucher une plus grande proportion de l'opinion publique suite à la découverte du potentiel en ressources dans le sol québécois.

Historique des travaux d'exploration

L'exploration des gaz de schiste par la Boston Gas and Oil Co. date d'au moins 1907 dans la région de Saint-Pierre-les-Becquets1. Certains travaux d'exploration ont été menés dans les années 1950 par les compagnies Esso et Shell, mais c'est une société publique, la Société québécoise d'initiatives pétrolières (SOQUIP) qui a été l'une des pionnières en matière d'exploration du potentiel pétrolier et gazier du Québec. Dès 1969, la SOQUIP a effectué des forages dans la région au nord-est de Trois-Rivières, en Mauricie ainsi qu'en Gaspésie2.

Découvertes dans la strate de l'Utica

En 1985, peu après la fin des activités de prospection de la SOQUIP, quelques entrepreneurs poursuivent les travaux. Quelques sociétés, dont la plus connue est Junex, de Québec, ont effectué des forages dans la région de Bécancour, sur la rive sud du Saint-Laurent en 2008. L'entreprise affirme qu'elle pourrait avoir découvert un volume important de gaz naturel emprisonné dans une zone de schistes, les Schistes d'Utica, une strate épaisse de 200 m qui longe le fleuve Saint-Laurent entre Québec et Montréal2.

Forage exploratoire à Gentilly

Les découvertes de Junex ont été confirmées en septembre 2008 par deux concurrentes de la compagnie junior québécoise. Talisman et Questerre de Calgary ont alors annoncé qu'un forage exploratoire par fracturation verticale à Gentilly avait produit 22 650 m³ de gaz naturel par jour3.

Potentiel des gisements

Le potentiel de ce champ gazier a été comparé au Barnett Shale, un gisement de la région de Dallas-Fort Worth au Texas qui est exploité depuis 1999 pour ses ressources considérables de gaz non conventionnel. Le partenaire de Junex dans le champ de Bécancour, la société Forest Oil de Denver, estime que le gisement découvert sur la rive sud du Saint-Laurent pourrait contenir jusqu'à 113x109 m³ de gaz4.
Des découvertes récentes de gaz de schiste ont provoqué une forte augmentation des estimations de gaz naturel récupérable au Canada5. Certains analystes du marché pétrolier croient que l'exploitation commerciale des gaz de schiste québécois pourrait commencer dès 20106.
Afin d'encourager la poursuite de l'exploration gazière dans le contexte de la crise financière de 2007-2009, le budget 2009-2010 du Québec a institué un congé de redevances de 5 ans sur les puits forés avant 20117. Il y a 10 ans, le gaz était fort difficile à extraire, mais récemment, un puits a été foré à Laval ce qui relance le secteur8.
En 2009, un rapport du gouvernement du Canada estime un potentiel de 30x1012 m³ (au-dessus de 9000 m³) de gaz de schiste exploitable pour l'ensemble des provinces et territoires9.

Controverse

L'exploitation du gaz fait l'objet de plusieurs controverses à la fin des années 2000. Du point de vue politique, on accuse le gouvernement du Québec d'attribuer les contrats avant d'avoir réalisé des études sur ses conséquences environnementales et sa pertinence économique. À la fin octobre 2010, après avoir reçu des demandes de la classe politique et des groupes écologistes de faire un moratoire sur l'exploitation, le gouvernement responsable rejette la proposition10.
Dans l'espoir de faire entendre l'opinion publique au gouvernement, une pétition initiée par le groupe citoyen « Non au pétrole et au gaz au Québec11 » et parrainée par le député Amir Khadir pour obtenir un moratoire sur la question est mise en ligne le 6 octobre 2010 sur le site de l'Assemblée nationale12.
D'autres mouvements se créent et viennent relancer la question du moratoire. On retrouve notamment plusieurs artistes qui se regroupent et qui œuvrent dans l'espoir d'obtenir un moratoire et afin « que la population soit appelée à se prononcer13,N 1 ».
Cette pétition se termina le 5 janvier 2011 avec un taux record de signatures de 128 000 noms. La pétition fut déposée à l'Assemblée Nationale le 8 février 201114 par le groupe citoyen NPGQ « Non au pétrole et au gaz au Québec » représenté par la fondatrice Marie-Hélène Parant, accompagnée des autres membres fondateurs Isabelle Hayeur et Marie-Christiane Mathieu du groupe citoyen NPGQ, de Christian Vanasse conseiller municipal à Saint-Jude et de l'AQLPA représentée par André Belisle.
La mobilisation citoyenne se poursuit par la formation de plusieurs comités régionaux à travers le Québec; Regroupement Citoyen "MOBILISATION GAZ DE SCHISTE" DE SAINT-MARC-SUR-RICHELIEU15, Comité Inter-Régional Gaz de schiste de la Vallée du St-Laurent16, Non à une Marée Noire dans le St-Laurent, Moratoire d'une génération17.
Début 2011, un rapport d'enquête du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (Bape), un organisme chargé de recueillir les opinions de l'industrie et de la population, révèle que 19 des 31 puits inspectés ont des fuites18. À la suite de cette information, les associations d'usagers ont demandé un moratoire sur l'exploration de ces gaz controversés19.

Gaz de shale, pas de schiste

L’expression «gaz de schiste» pourrait porter à confusion d’un point de vue géologique. Aussi mince soit-elle, une distinction se manifeste entre cette roche métamorphique et le shale, formé par la sédimentation d’argile. Aucun gaz ne peut être extrait du schiste; l’appellation correcte serait donc du gaz de shale. L’expression «gaz de schiste» a été choisie en raison de sa termino- logie davantage francophone, selon le spécialiste en hydrogéologie de l’UQAC, Alain Rouleau. «En France, les géologues optent pour le mot shale. La commission du BAPE sur le gaz de schiste énonce dans son rapport la différence existante entre les deux. À mon avis, cela ne porte pas à confusion pourvu que les médias appellent tous cela de la même façon», rapporte-t-il. Le schiste découle d’une compression et d’une exposition à une haute température (300°C) pendant des millions d’années, ce qui donne des couches feuilletées dans la roche. Le résultat de cette transformation provoque une schistosité empêchant la libération de gaz. L’origine du schiste a plusieurs provenances, notamment la métamorphose naturelle du shale ou de la pierre volcanique. Ancienne roche sédimentaire, le shale est originaire d’une boue argi- leuse dont l’eau y a été comprimée. La matière organique contenue dans les strates permet la formation de gaz naturel emprisonné à cause de l’imperméabilité de la roche. Le bureau de traduction du gouvernement du Canada, Termium Plus, apporte la précision suivantesur le schiste: «Il peut s’agir d’une roche sédimentaire argileuse, ou bien d’une roche métamorphique. Quand celle- ci est uniquement sédimentaire, les géologues préfèrent utiliser le terme

Notes et références

  • Notes
  1. Une coalition d'artistes lance dans cette optique un vidéo intitulé : Gaz de schiste: Wo! [archive]
  • Références
  1. Du gaz de schiste auteur=Alain Manset [archive], sur [www.shglb.com. Consulté le 6 décembre 2010
  2. a et b Claude Turcotte, « Portrait - Le géologue qui voit le Québec d'un œil différent... », Le Devoir, Montréal, 15 décembre 2008 [texte intégral [archive] (page consultée le 9 janvier 2010)]
  3. Pierre Couture, « Junex découvre du gaz naturel près de Québec », [controverse], 4 septembre 2008 [texte intégral [archive] (page consultée le 20 mai 2009)]
  4. (en) Norval Scott, « Gas find may spur drilling in Quebec », The Globe and Mail, 2 avril 2008 [texte intégral [archive] [PDF] (page consultée le 19 mai 2009)]
  5. (en) Carrie Tait, « Canada's natural gas resource jumps dramatically in estimates », Montreal Gazette, Montréal, 13 mai 2010 [texte intégral [archive]].
  6. Pierre Couture, « L'année de Junex », Le Soleil, 3 janvier 2009 [texte intégral [archive] (page consultée le 20 mai 2009)].
  7. Gouvernement du Québec, Budget 2009-2010 - Le budget en un coup d'œil, Québec, Ministère des Finances du Québec, 19 mars 2009, pdf (ISBN 978-2-551-23763-0) [lire en ligne [archive]], p. 8.
  8. Journal de la ville de Laval semaine du 30 septembre 2010 (2B)
  9. Office national de l'énergie http://www.neb.gc.ca/clf-nsi/rnrgynfmtn/nrgyrprt/ntrlgs/prmrndrstndngshlgs2009/prmrndrstndngshlgs2009nrgbrf-fra.pdf [archive]
  10. Tommy Chouinard, « Gaz de schiste: Normandeau rejette la demande des municipalités », La Presse, 27 octobre 2010 [texte intégral [archive]]
  11. http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/201007/14/01-4298209-non-a-lexploitation-du-petrole-et-du-gaz-au-quebec.php [archive]
  12. Pétition : Exploration et exploitation du gaz de schiste [archive], site de l'Assemblée nationale du Québec
  13. Lise Millette, « Des artistes réclament un moratoire », Le Soleil, 29 novembre 2010 [texte intégral [archive]]
  14. [1] [archive]
  15. http://mobilisationgazdeschiste.blogspot.com/ [archive]
  16. http://www.regroupementgazdeschiste.com/ [archive]
  17. http://www.moratoiredunegeneration.ca/ [archive]
  18. http://www.radio-canada.ca/emissions/24_heures_en_60_minutes/2010-2011/Entrevue.asp?idDoc=130703 [archive]
  19. Ludovic Hirtzmann, La pollution des gaz de schiste suscite un tollé au Canada [archive], Le Figaro, 22 février 2011

Bibliographie

  • Normand Mousseau, La révolution des gaz de schiste, Québec, Éditions MultiMondes, 2010, 146 p. (ISBN 978-2-89544-173-1)
  • Québec, Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, Développement durable de l’industrie des gaz de schiste au Québec, Québec, Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, février 2011, 323 p. (ISBN 978-2-550-61069-4) [lire en ligne (page consultée le 22 juin 2011)]