Introduction
Comment se construit la connaissance humaine et par là même peut-elle
être certaine ? A
cette question, Locke répond que l’Ame n’est qu’une
table rase sans idée et que celle-ci en reçoit de l’extérieur pour
former les matériaux nécessaires à la naissance de toutes pensées et
indispensable à la construction de la connaissance de l’Homme. Il
affirme alors que cet apport d’idées ne vient que de l’expérience.
L’auteur explique dans un premier temps que nos Sens perçoivent les
informations générées par des éléments de notre environnement, des
éléments extérieur à notre être. Nos sens sont pour lui les premiers
touchés par ces apports extérieurs. Locke affirme de même que
l’entendement se nourrit de ces perceptions transmises par ces derniers
pour les digérer et former des idées. Il nomme ce phénomène, la
Sensation. Dans un second temps, l’auteur affirme en plus que notre âme
reçoit les perceptions de nos Sens et les manipulent, ce à quoi est
sensible l’entendement. Ce dernier utilise aussi ces réflexions de l’âme
pour produire d’autre idées, il nomme ce second phénomène la Réflexion.
I. La saisie d'information: la Sensation
Tout d’abord, par quel moyen les résultats de nos expériences
sont-ils récupérés ? Il s’agit d’après Locke de la Sensation. Nos sens
sont ici au premières lignes. Ils sont « frappés par certains objet
extérieurs et font entrer dans notre âme plusieurs perception distinctes
des choses ». En effet ces derniers sont les premiers à recevoir la
multitude d’information, le gigantesque apport, que donne
l’environnement dans lequel l’Homme évolue. Ils intègrent alors
certaines perceptions de ces informations et les transmettent à
l’entendement. Ces perception sont distinctes suivant la nature des
informations reçues. Il faut entendre par là que nos sens, que sont
l’ouïe, l’odorat, la vue, le goût et le toucher et qui nous permettent
d’évoluer dans un environnement, fournissent à l’entendement des
informations autant variées qu’ils en perçoivent. De cette façon, l’œil
d’un individu, à la vue d’une rose, analysera cet élément extérieur
comme étant rouge, et l’entendement de l’individu utilisera cette
perception pour savoir que cette rose est rouge. Ainsi, nos sens
récupèrent-ils ce que l’on peut appeler les résultats de nos
expériences. Cependant, cette affirmation mène inévitablement à la
question de l’exactitude des perceptions transmises par nos sens. Des
années avant Locke, Descartes avait déjà émis l’idée d’une fausse
réalité, d’un tromperie de nos sens, il s’agit de l’idéalisme
problématique de Descartes. Il exprimait alors l’idée que nous pouvions
douter de tout ce que nous entourait et que nous pensions exacte. Il
nous faut en effet considérer la possibilité que nos sens puissent
fournir à l’entendement des informations erronées. Dans ce cas les idées
établies à partir de ces informations par l’entendement et qui
constituent le terreau de la connaissance, seront elles aussi erronées.
Ce qui implique que la connaissance résultant de ces mêmes idées soit
fausse. Dans ce cas, si l’Homme a une mauvaise connaissance d’un élément
extérieur, il n’a pas une connaissance exacte de cet élément et donc
pas de connaissance. On peut donc dire que l’Homme ne peut avoir une
connaissance que si ses sens lui transmettent une information exacte sur
la réalité des choses. De plus, il est aisé de constater que les
éléments extérieurs peuvent être perçues différemment d’un individu à
l’autre. Pour reprendre notre exemple précédent, si un individu perçoit
la rose comme étant rouge et somme toute banale, il est tout à fait
possible qu’un autre que lui la voit plutôt mauve, la trouve au
contraire magnifique et souhaite la prendre en photo. Dans ce cas quel
phénomène est à l’origine de ces divergences ? Il s’agit de ce que
l’auteur nomme la Réflexion.
II. La manipulation et la digestion des informations: la Réflexion
Dans un second temps, Locke nous présente une seconde source qui
irrigue notre entendement : les réflexions de l’âme. En effet, l’âme
procède à une certaine manipulation et digestion des idées reçues par
les sens. Les résultats de cette digestion sont alors récupérer par
l’entendement. C’est alors que ces derniers « produisent dans
l’Entendement une autre espèce d’idées, que les objets extérieurs
n’auraient pu lui fournir ». Effectivement, la digestion que l’âme fait
des idées déterminées de nos sens, génère de nouvelle idées de nature
arbitraire. On peut dire que ces idées sont les reliquats issus du
traitement effectué par l’âme sur les idées que les sens lui apporte.
Celles-ci provenant d’une importante diversité d’idées, sont elles-même
autant variées et distinctes. Il est possible de comparer ce phénomène à
l’extraction d’un minerai précieux. En effet, l’ouvrier va tailler
grossièrement dans la roche des blocs, il s’agit là de la Sensation, nos
sens sont les ouvriers qui récupèrent la base nécessaire à la
production d’idées. Par la suite, c’est au tour du spécialiste de
s’intéresser aux blocs de pierres. Ce dernier va minutieusement les
analyser, les traiter et les observer, pour en déterminer la
composition. L’âme est ici le spécialiste qui va se pencher plus en
profondeur sur les matériaux apportés par les sens, c’est la Réflexion.
L’âme ne fait donc que réfléchir sur les résultats de nos expériences.
L’ensemble des produits des sens et de l’âme sont alors collectés par
l’entendement, ce qui forme la connaissance humaine. Toutefois, cette
thèse soutenue par Locke pose diverses questions. En effet, si l’on
considère que la connaissance humaine se construit de la façons dont
Locke nous la présente, on peut se demander si cette connaissance est
juste et simplement si une connaissance juste peut exister ? Entendue
que la réflexion humaine n’est qu’arbitraire, car elle est propre à
chacun, la connaissance obtenue de ces réflexion ne peut donc être
qu’arbitraire. En effet tel que le suggère Locke, « l’âme ne reçoit par
son moyen que les idées qu’elle acquiert en réfléchissant sur ses
propres opérations ». La connaissance s’avère donc être individuelle.
Pour qu’une connaissance soit alors admise comme juste, il faut qu’elle
soit discutée, ce qui se fait à travers le langage. Le langage qui, si
l’on en croit Nietzsche, est lui aussi arbitraire. La finalité d’une
telle manipulation de la connaissance est donc une connaissance
arbitraire dont l’on ne peut assurer l’exactitude. De plus Kant affirme
que la connaissance n’est non pas basée sur l’empirisme mais sur le
sujet connaissant. Dans ce cas Kant prend le contre-pied de Locke et
affirme que ce ne sont pas les objets extérieurs qui permettent au sujet
de les connaître, mais bien le sujet qui connaît l’objet en le
définissant. Dans ce cas le problème de la relativité du jugement de
l’Homme se pose aussi. On peut donc penser que la connaissance ne peut
être exacte mais tend continuellement à le devenir.
Conclusion
Ainsi, d’après Locke, la connaissance humaine se base-t-elle sur
l’empirisme. Les expériences jouent dans sa théorie le rôle de matériaux
de base servant à l’élaboration de la connaissance, une élaboration qui
s’effectue par deux phénomène distincts. Tout d’abord, les sens
récupèrent les résultats de ces expériences pour en former des premières
idée transmises