Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le brutal attentat à la bombe dans une église de Bagdad peut être le coup de grâce pour la minorité chrétienne d’Orient vieille de 2 000 ans. « Ce massacre de Bagdad n’est que l'exemple le plus spectaculaire de la discrimination croissante et de la persécution des communautés chrétiennes d'Irak et d'Iran, qui subissent désormais un exode massif sans précédent dans l’histoire moderne, car elles sont confrontées à une vague montante de militantisme islamique et de chauvinisme religieux déferlant sur la région ». Le Collectif VAN vous propose la traduction d’un article en anglais paru le 2 novembre 2010, sur le site américain Foreign Policy [The Magazine of Global Politics, Economics, and Ideas], dépendant du Washington Post.
Foreign Policy
La fin du christianisme au Moyen Orient ?
Le brutal attentat à la bombe dans une église de Bagdad peut être le coup de grâce pour cette communauté minoritaire vieille de 2 000 ans.

Mais ce massacre à Bagdad n’est que l'exemple le plus spectaculaire de la discrimination croissante et de la persécution des communautés chrétiennes d'Irak et d'Iran, qui subissent désormais un exode massif sans précédent dans l’histoire moderne, car elles sont confrontées à une vague montante de militantisme islamique et de chauvinisme religieux déferlant sur la région.
Les chrétiens sont la plus grande minorité religieuse non-musulmane tant en Irak qu'en Iran, et leurs racines au Moyen-Orient remontent aux premiers jours de la foi. Certains suivent l'Église arménienne orthodoxe apostolique. D'autres souscrivent à la tradition syriaque vieille de 2 000 ans, représentée principalement par l'Église catholique chaldéenne en Irak et par des locuteurs araméens, communément connus sous le nom d’Assyriens en Irak et en Iran.
Les responsables musulmans irakiens et iraniens affirment que les minorités religieuses dans leurs pays sont protégées. En septembre, l'ancien président iranien l'Ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani a réaffirmé au patriarche de l'Église assyrienne de l'Est que les minorités religieuses étaient respectées et protégées en Iran. Et pourtant, les membres des confessions chrétiennes d'Iran, tout comme leurs homologues juif, zoroastrien, mandéen et bahaï, ne se sentent pas en sécurité. Un membre du Conseil national des Églises d’Iran, Firouz Khandjani, s’est plaint au mois d’août : « Nous faisons face à la pire persécution » depuis de nombreuses décennies, y compris la perte d'emplois, de maisons, de libertés et de vies, a-t-il dit, « Nous craignons de tout perdre. »
En Irak, depuis l’invasion américaine, les communautés chrétiennes assyriennes et chaldéennes ont assisté à une montée de la violence des militants musulmans contre leurs quartiers, leurs enfants et des sites religieux. Même les pasteurs ne sont pas en sécurité - deux d’entre eux sont morts dans le récent attentat à la bombe à Bagdad ; plusieurs ont été tués par les Irakiens sunnites et chiites depuis 2003. En Iran, d'autres ecclésiastiques, y compris des membres des Églises arménienne, protestante et catholique, ont été arrêtés, enlevés, emprisonnés, torturés, ou même exécutés sommairement, au cours des trois dernières décennies.
« De nombreux chrétiens de Mossoul ont été systématiquement visés et ne sont plus en sécurité » a déclaré Laurens Jolles, un représentant du HCR, en 2008, après que des femmes chaldéennes ont été violées, et leurs maris, y compris l'archevêque Paulos Faraj Rahho, torturés et tués en signe d’avertissement aux chrétiens pour qu’ils abandonnent leurs maisons et leurs emplois. En Iran, des ecclésiastiques chrétiens ont été ciblés - Tateos Mikaelian, le pasteur de l'Église évangélique arménienne Saint Jean à Téhéran a été assassiné en 1994, comme le fut l'évêque Haik Hovsepian Mehr, qui présidait les Assemblées de l’Église de Dieu. (Note : pentecôtistes)
©Traduction de l’anglais C. Gardon pour le Collectif Van – 09 novembre 2010 – 07:25 - www.collectifvan.org
Eden Naby est une historienne de la culture du Moyen-Orient. Elle a enseigné à l'Université du Wisconsin et à l'Université Harvard. Son livre sur les chrétiens assyriens sera publié en 2011.
Jamsheed K. Choksy est professeur d'études iraniennes et internationales à l'Université d'Indiana et membre du Conseil national sur les sciences humaines.
* C’est „une allusion à deux femmes de prêtres coptes, Wafaa Constantine et Kamelia Shehata. Personne ne sait où sont ces femmes, qui ont en commun d'avoir quitté le domicile conjugal, l'une en 2004, l'autre cet été, et d'y avoir été reconduites par les services de sécurité. Les coptes, environ 8 % des 80 millions d'Égyptiens, affirment qu'elles ont été enlevées et converties de force. Les musulmans soutiennent qu'elles ont embrassé l'islam par choix et sont retenues contre leur gré dans un couvent. L'Église copte n'acceptant le divorce qu'en cas d'adultère, certains chrétiens trouvent dans la conversion à l'islam le seul moyen d'échapper à un mariage raté.“ (Tangi Salaun pour Le Figaro).