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Livre - Au plus profond de l’âme humaine de Marie Laberge

Pour son dixième roman, Marie Laberge s’est intéressée au coma pour sonder le mystère du cerveau et de l’âme humaine. Dans Revenir de loin, elle explore les thèmes qui lui sont chers, dans une poétique ode à la vie choisie et assumée complètement.

Yolande, correctrice-réviseure victime d’un accident de voiture, se réveille après 18 jours passés dans le coma. Son esprit et sa capacité de penser sont intacts, mais il n’en va pas de même avec son affect et sa mémoire, qui font défaut. Les médecins lui assurent qu’elle s’en tirera, mais elle doit se réapproprier sa vie, ne sachant plus qui elle était, qui étaient ses proches, quels choix de vie furent les siens.

Pendant que ses proches ravagés par la culpabilité et les remords lui rendent visite et que Yolande tente de refaire le puzzle de sa vie, Steve, un jeune « bum » handicapé après un accident de moto, devient complice de sa convalescence. Ses mots crus et ses remarques acérées finissent par déteindre sur Yolande, la femme cultivée dont l’esprit amnésique est quand même meublé des vers de Rimbaud, de Baudelaire, de Nelligan et de Gaston Miron.

Revenir de loin est un plongeon dans les mystères du cerveau humain, mais aussi dans ceux de la conscience, de l’âme et du destin de chacun. Magnifiquement écrit, émouvant, profond et riche en réflexions, le roman de quelque 600 pages montre le talent exceptionnel de la romancière et dramaturge.

Il secoue et ébranle, joue une riche symphonie d’émotions, des plus drôles aux plus accablantes. « Tout le monde, dans ce roman, revient de très loin », fait remarquer Marie Laberge, qui a écrit le premier jet en 2006 mais l’a repris deux ans plus tard, le temps qu’elle ait suffisamment fait la paix avec lui pour le travailler jusqu’à ce qu’il arrive dans les mains du lecteur.

« Tout être humain est formé de couches successives d’émotions, de tatouages d’événements. C’est assez mystérieux de quoi est fait un être humain, mais c’est en même temps fascinant. Quand j’écris, c’est sûr que je m’abandonne totalement à ce que j’écris. Être ébranlée, c’est ce que j’espère chaque fois que je me mets à écrire, parce que ça veut dire que j’ai encore quelque chose à aller puiser là-dedans », explique-t-elle en entrevue téléphonique depuis une pâtisserie montréalaise.

Coma

Marie Laberge ne sait pas vraiment comment lui est venue l’idée d’écrire sur le coma. Ce n’est pas une expérience qui lui est arrivée, ni à ses proches. « J’ai vraiment besoin d’aller ailleurs que dans ma propre biographie », assure-t-elle. « J’ai parlé avec des médecins. J’ai lu beaucoup. Mais le reste, je le fais avec mon imaginaire et ma sensibilité. C’est là qu’elle me sert et qu’elle cesse de me desservir... », dit-elle d’un ton enjoué.

« Quand j’ai commencé à explorer le coma, l’idée qui m’est venue, c’est comment on peut porter une vie qu’on ignore, mais qu’on porte quand même. À quel point vit-on avec l’être profond qu’on est? On en fait des concessions dans la vie. Et plus on vieillit, plus on en fait. En plus, on peut même oublier qui, à 20 ans, on était et on croyait ou on voulait être. »

« Le coma m’a donné une chose que je n’avais jamais pensé avoir comme argument d’écriture : il n’y a pas d’affect, au départ. Quand tu sors du coma, ton système affectif n’est pas là. C’est un beau congé. Mais pour quelqu’un comme moi qui est très sensible, c’est à moitié un rêve et à moitié un cauchemar. »
Source: Le journal de Québec