Michel Houellebecq (miʃɛl wɛlˈbɛk), né Michel Thomas, à la Réunion, le 26 février 1956 (acte de naissance), ou en 1958[1] (selon lui), est un écrivain français. Poète, essayiste, romancier et réalisateur, il est, depuis la fin des années 1990, l'un des auteurs contemporains de langue française les plus connus et traduits dans le monde.
Michel Houellebecq |
Il est révélé par les romans Extension du domaine de la lutte et, surtout, Les Particules élémentaires, qui le fait connaître d'un large public. Ce dernier roman, et son livre suivant Plateforme, sont considérés comme précurseurs dans la littérature française[2], notamment pour leur description au scalpel, mais non sans humour, de la misère affective et sexuelle de l'homme occidental dans les années 1990 et 2000. Avec La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq reçoit le prix Goncourt en 2010, après avoir été plusieurs fois pressenti pour ce prix[3].
Biographie
Son père, guide de haute montagne, et sa mère, médecin anesthésiste, se désintéressent très vite de lui, tandis que naît une demi-sœur. Dans un premier temps, ce sont ses grands-parents maternels, en Algérie, qui le prennent en charge. À six ans, il est confié à sa grand-mère paternelle Henriette, communiste, dont il a adopté le nom de jeune fille comme pseudonyme.
Après avoir été lycéen à Meaux, il suit les classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Chaptal de Paris et intègre, en 1975, l’Institut national agronomique Paris-Grignon (INA P-G). À l'Agro, il fonde l'éphémère revue littéraire Karamazov pour laquelle il écrit quelques poèmes et entame le tournage d'un film intitulé Cristal de souffrance. Il sort diplômé de l'école en 1978 avec une spécialisation (fortuite) en « Mise en valeur du milieu naturel et écologie ».
Il entre ensuite à l’École nationale supérieure Louis-Lumière, en section « cinématographe » (option prise de vues), mais en sort en 1981, avant d'avoir obtenu son diplôme. Cette même année naît son fils Étienne. Il connaît ensuite une période de chômage, et un divorce qui engendre une profonde dépression nerveuse.
Il débute en 1983 une carrière en informatique chez Unilog, puis au ministère de l'Agriculture, où il restera trois ans (cette période est racontée dans Extension du domaine de la lutte) et, enfin, à l'Assemblée nationale.
Il côtoie dans les années 90[4] Marc-Édouard Nabe, dont il est voisin d'immeuble. Mais les deux écrivains en devenir ne peuvent que constater leurs divergences esthétiques[5].
En 2000, il s'exile en Irlande puis, en 2002, il s'installe en Andalousie, dans le parc naturel de Cabo de Gata-Nijar.
Poète, romancier, parolier, essayiste, cinéaste...
Ses deux premiers recueils de poèmes, parus en 1991, passent inaperçus. L’ensemble des thèmes des livres à venir y sont déjà traités : solitude existentielle, dénonciation du libéralisme à l'œuvre jusque dans l’intimité des individus. Les deux recueils suivants seront primés (prix Tristan Tzara, en 1992, et prix de Flore, en 1996[6]), mais c'est par la prose que l'auteur accédera au succès public.
En 1994, son premier roman, Extension du domaine de la lutte, est publié par Maurice Nadeau après avoir été refusé par de nombreux éditeurs. Il fait de Houellebecq le précurseur d’une génération d’écrivains décrivant la misère affective de l’homme contemporain. Loué sur France Inter par Michel Polac et au Cercle de minuit par Laure Adler, le roman rencontre un succès public relatif (comparativement aux 30 000 exemplaires vendus lors de la sortie des Particules élémentaires, quatre ans après), mais deviendra rapidement « culte ». Il est adapté au cinéma en France par Philippe Harel en 1999 et, à la télévision danoise, par Jens Albinus en 2002.
En 1998, Les Particules élémentaires, son roman suivant, provoque un tapage médiatique, dû en partie à l’exclusion de son auteur de la Revue Perpendiculaire à laquelle il appartenait, pour incompatibilité d'idées. Le comité de rédaction de la revue publie dans Le Monde une tribune attaquant Houellebecq sur ses idées sociales et politiques présumées[7]. Cette polémique est largement exploitée par l'éditeur Flammarion qui cesse de financer la revue en question. Perpendiculaire cesse de paraître et Houellebecq bénéficie d'un surcroît de visibilité.
À la surprise générale, Les Particules élémentaires n'obtient pas le prix Goncourt, décerné à Paule Constant pour Confidence pour confidence, roman que la presse démolira et que Houellebecq jugera « complétement nul ». Les Particules élémentaires obtient cependant le prix Novembre, décerné par un jury dans lequel figure Philippe Sollers[8], cité dans le roman.
Houellebecq a partagé avec son traducteur, Frank Wynne, le prix IMPAC 2002 pour Atomised, traduction des Particules élémentaires.
Houellebecq a aussi signé les paroles de l'album Présence humaine, proche du style de sa poésie. Il n'hésite pas à chanter ou plutôt à parler sur son album, qu'il a également interprété lors de quelques concerts, accompagné du groupe AS Dragon.
En 2004, Michel Houellebecq fait l'objet d'un « transfert » de son ancien éditeur, Flammarion, vers les éditions Fayard, au sein du groupe Hachette Livre qui, lui-même appartient au puissant groupe Lagardère ; cela avec des conditions financières inhabituelles dans l'édition française et l'assurance de voir son futur roman porté sur le grand écran. Lors de la rentrée littéraire 2005, il occupe, avec La Possibilité d'une île, une grande partie des pages « culture » des médias, éclipsant les 600 autres nouveautés de la « rentrée littéraire ». Toutefois, les ventes du livre sont, finalement, moindres que prévu (300 000 exemplaires vendus contre 400 000 espérés).
En 2007, Houellebecq travaille sur la préproduction du film La Possibilité d'une île tiré de son roman, film qu'il réalise lui-même avec Benoît Magimel dans le rôle principal. Lors de la sortie sur les écrans, en 2008, le film est un échec commercial et critique.
En 2008, Houellebecq publie Ennemis publics, une série d'échanges épistolaires par e-mails avec Bernard-Henri Lévy.
En 2010, il publie La Carte et le Territoire chez Flammarion, pour lequel il obtient le prix Goncourt 2010. Ayant plusieurs fois échoué à remporter ce prix pour lequel il avait déjà été pressenti, Michel Houellebecq déclare « [Maintenant que j'ai le Goncourt], on ne se demandera pas si je vais avoir le Goncourt ou non la prochaine fois, ce sera moins de pression, plus de liberté, même si j'ai toujours été assez libre »[9].
De façon générale, Houellebecq accorde une place importante à son œuvre d’essayiste. Il est intervenu dans Les Inrockuptibles, dans Perpendiculaire, L'Atelier du Roman, Immédiatement, ainsi que dans la presse internationale. D'où les controverses...
Controverses
Dans un entretien accordé au magazine Lire suite à la sortie de Plateforme en 2001, Michel Houellebecq reconnait entre autres : « La religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré. » Il déclare également, dans la même interview que « les juifs sont plus intelligents et plus intéressants que la moyenne »[10]. Il est alors accusé d' islamophobie ou de racisme anti-musulmans par diverses associations musulmanes. Le MRAP et la Ligue française des droits de l'homme qui l'intentent en justice sont déboutées, le tribunal constatant que les propos de Michel Houellebecq relevaient du droit à la critique des doctrines religieuses et considérant que la critique d'une religion ne pouvait s'apparenter à des propos racistes, quant à eux interdits par la loi française[11].
Michel Houellebecq a déclaré[12] la sympathie qu'il avait pour le mouvement raëlien (son roman La Possibilité d'une île en est d'ailleurs inspiré en partie). À la lecture du roman, il apparaît toutefois que cette « sympathie » ne se rapporte en aucun cas à une adhésion aux croyances raëliennes, étant donné la manière dont sont présentés la secte et son gourou (la description des dirigeants de la secte oscille entre leur ridicule et leur talent pour la manipulation, et le gourou lui-même semble ne pas croire.....Lire la suite sur Wikipedia