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Géopolitique - Vénézuela: Hugo Chavez gouvernera par décret pendant 18 mois

Par Fabiola Sanchez, The Associated Press | La Presse Canadienne – 17 décembre 2010
CARACAS, Venezuela - Les députés vénézuéliens ont accordé au président Hugo Chavez, vendredi, le pouvoir de promulguer des lois par décret, affaiblissant l'influence de la nouvelle législature qui entrera en fonction le mois prochain avec un plus grand nombre de députés de l'opposition.
Hugo Chavez. Fernando Llano / The Associated Press
Les opposants d'Hugo Chavez ont estimé qu'il s'agissait d'un accaparement du pouvoir, affirmant que la loi constituait un chèque en blanc fait au président gauchiste afin qu'il gouverne de façon autocratique sans consulter les députés.

L'Assemblée nationale a accordé des pouvoirs spéciaux au président pour une période de 18 mois.

Une nouvelle législature entrera en fonction le 5 janvier avec un contingent de l'opposition assez important pour freiner l'approbation de certaines lois majeures.

Hugo Chavez a fait valoir qu'il avait besoin de gouverner par décret pour accélérer l'octroi de fonds afin d'aider les victimes des inondations et des glissements de terrain, et pour accélérer la transition du Venezuela vers un État socialiste.

Les critiques du président voient la loi comme la dernière des nombreuses mesures controversées adoptées dans les dernières semaines de la législature sortante.

Parmi les mesures débattues vendredi figurait une «loi de responsabilité sociale» qui pourrait conduire à l'imposition de régulations plus sévères sur internet et interdire les messages «qui pourraient inciter à la haine ou la promouvoir», créer de l'«anxiété» dans la population ou «manquer de respect envers les autorités publiques».

Des questions demeurent quant à la façon dont les régulations sur internet pourront être mises en application.

«Ils m'accusent d'être un dictateur», a dit Hugo Chavez à la télévision nationale jeudi soir, estimant que les critiques n'étaient pas fondées. «Nous construisons ici une nouvelle démocratie qui ne peut faire marche arrière.»

La loi qui accorde à Hugo Chavez le pouvoir de gouverner par décret, la quatrième du genre en presque 12 ans de présidence, lui permet aussi de promulguer unilatéralement des mesures dans des domaines impliquant les télécommunications, le système bancaire, les technologies de l'information, l'armée, l'utilisation des terres rurales et urbaines et le «système socio-économique» du pays.

Parmi les décrets déjà annoncés, le président Chavez prévoit augmenter la taxe sur la valeur ajouté, présentement à 12 pour cent, pour amasser des fonds afin de faire face au désastre causé par des semaines de pluies torrentielles. Le gouvernement érige des tentes pour loger les milliers de sans-abri et accélère la construction de logements sociaux.

L'opposition accuse Hugo Chavez de tirer avantage du désastre pour accroître son emprise sur le pouvoir.

«Encore une fois, le gouvernement montre son caractère autoritaire, arbitraire et antidémocratique», a affirmé dans un communiqué le député Tomas Guanipa, récemment élu.

Hugo Chavez a bénéficié du contrôle presque complet de l'Assemblée nationale depuis que l'opposition a boycotté les élections de 2005.

Cette situation changera à partir du 5 janvier, quand la nouvelle assemblée entrera en fonction avec 67 des 165 sièges contrôlés par l'opposition, un nombre suffisant pour empêcher le président d'obtenir la majorité des deux tiers requise pour approuver certaines lois majeures et pour confirmer la nomination de juges à la Cour suprême.



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Anticipant ce retournement, les députés pro-Chavez ont nommé plus tôt ce mois-ci neuf nouveaux juges à la Cour suprême, renforçant la domination des magistrats largement perçus comme favorables au gouvernement.

Les députés ont aussi approuvé, vendredi, une nouvelle loi sur les banques qui décrit le système bancaire comme un «service public» et ouvre la voie à une intervention accrue de l'État dans ce secteur. Les banques privées constituent environ 70 pour cent de l'industrie bancaire au Venezuela, tandis que le gouvernement contrôle le reste du secteur.