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Géopolitique - A qui profite un coup d’Etat hypothétique au Niger? Par M. Mouha Eggour

Source: Nigerdiaspora.net

« La situation est sous contrôle et la restauration de la démocratie dans notre pays ne sera entravée par aucune velléité négative, ou ambition personnelle». Amin et ainsi soit-il. Que Dieu veille sur nos populations et nos institutions. Amin. Partant de cet extrait du communiqué du CSRD en date du 21.10.10, on peut comprendre que le processus engagé dans la perspective d’un rapide retour à l’ordre constitutionnel au Niger est en proie à une remise en cause !
Soucieux  des valeurs  d’un Etat de droit et  sans pour autant remettre en cause la compétence des nos forces de renseignements,  je pense que les arrestations et les accusations de nos officiers incriminés sont bien intervenues après  l’obtention des preuves irréfutables. C’est à cette seule condition que nous pouvons dire que nous sommes à l’abri de l’arbitraire et de la manipulation. Si cela s’avère vrai, on est en droit de se poser la question de savoir à qui peut profiter un nouveau coup d’Etat au Niger ? La seule et unique réponse sensée à cette question est la suivante : A PERSONNE, et le plus grand perdant d’une telle aventure est le NIGER et son peuple.

Je commence mon introduction par ce jeu de question-réponse pour pouvoir argumenter plus tard en développant mon raisonnement sur certaines valeurs du sens commun (l’intention, la foi, la sincérité, le patriotisme, la prise de conscience, la réconciliation, l’espoir…) afin que le peuple Nigérien, victime le plus souvent de l’égoïsme de certains de ses enfants, reste vigilent pour barrer la route à toute forme de velléité et de remise en cause de notre progression vers la démocratie, le développement, la prospérité et la justice sociale. Pour illustrer mes propos, il y a lieu de rappeler que la date du 10 février 2010 a suscité beaucoup d’enthousiasme et d’espoir au sein de toute la communauté nationale et même internationale. Elle a été motivée et sous-tendue par un sentiment de patriotisme et une réelle volonté de justice et de cohésion sociale, car dans toute œuvre il y a un ordre d’enchainement des choses. Ce qui, à mon avis, doit commencer par l’intention.

De l’intention de Salou Djibo

Plus votre intention sera universelle et au bénéfice de tous, et plus elle aura de chance de recueillir des émotions et sentiments qui mèneront inéluctablement à sa réalisation Arendt disait que, «  si les hommes peuvent se comprendre parce qu'ils sont égaux, ils ont besoin de la parole et de l'action parce qu'ils sont distincts. C'est par la parole et l'action que l'homme devient unique et se révèle individu, qu'il devient humain parmi les humains ; la parole et l'action sont ses accès au monde ; sans elles, il est en dehors des hommes, en dehors de la réalité humaine….L'action n'existe pas sans la parole; la première devient humaine par la seconde. La parole plus que l'action révèle à l'homme son origine et son projet. L'action sans la parole est mécanique. C'est par la parole que l'homme en distingue les raisons et les conséquences, qu'il la transforme en acte. L'agent devient acteur par la parole » Une certaine tradition philosophique veut que si l’action humaine peut être dite intentionnelle, c’est qu’une intention vient justement justifier ou causer cette action. N’est-ce pas cela qui peut expliquer l’action du gén!
éral Salou Djibo et surtout son engagement à respecter sa parole devant toute la nation et devant le monde entier en ces termes  « ‘’Nous n’avons pas droit à l’erreur’’ ; ‘’je m’en tiens aux 12 mois recommandés par le CCN’’ avec comme cahier de charges : Assainissement- Réconciliation- Restauration de la démocratie’’ ?

Aussi notre prophète Mohamed SAW n’a-t-il pas coutume de nous rappeler que : « Les actions ne valent que par les intentions et chacun n'a pour lui que ce qu'il a eu réellement l'intention de faire.  Celui qui émigre pour Dieu et Son Messager, son émigration lui sera comptée comme étant pour Dieu et Son Messager. Et celui qui émigre pour acquérir des biens de ce bas-monde ou pour épouser une femme, son émigration ne lui sera comptée que pour ce vers quoi il a émigré » Hâdith rapporté par AI-Bukhârî et Muslim.

Ce hadith sublime montre que les œuvres sont pesées à la balance de l'intention (Niyya) ; quand celle-ci est pure, l'œuvre devient bonne et lorsqu'elle est mauvaise, l'œuvre s'en trouve corrompue. N’est-ce pas toutes ces raisons qui ont permis au général Salou et à ses compagnons d’armes de réussir leur coup du 10 février avec leurs bonnes intentions et avec la bénédiction du Seigneur, du peuple nigérien et de toute la communauté internationale ? N’est-ce pas encore ces mêmes raisons qui ont permis à l’équipe du général de faire un sans faute dans la conduite de la transition jusqu’ici ? Et enfin, on peut dire que ce sont ces mêmes raisons qui ont protégé la transition des ses nombreux ennemis externes et internes comme c’est le cas de ce coup qui vient d’être déjoué.

De la foi et de la sincérité


En effet, le croyant se doit de viser par ses œuvres l'agrément divin. Il doit veiller à ce que ses œuvres soient à l'abri des passions, de la recherche de la satisfaction de l'égo ; c'est ainsi qu'il peut espérer une grande récompense de la part de Dieu ici-bas et dans l’au-delà. Alors, observons bien et découvrons ensemble combien de fois nous avons mis cela en œuvre et combien de fois cela a été un succès. Il y en a bien au moins une ou deux ! En tout cas, ce n’est pas le général Salou qui dira le contraire.

C’est pourquoi, abandonner l'hypocrisie dans nos comportements est un signe de sincérité vis-à-vis de Dieu, contrairement aux apparences sous lesquelles se cachent l’égoïsme et l’opportunisme.  La sincérité dans les actes constitue une règle générale à laquelle si les gens viennent à s’y conformer, l'état de notre de notre pays se transformera et les Nigériens mèneront dès lors une vie agréable et prospère. Nul doute qu'il s'agit là d'un principe sublime, procédant du comportement idéal qui confère aux œuvres l’éminence et leur fait gravir les degrés de la perfection.  Ce principe débarrasse les œuvres à la fois des passions, de toute mauvaise envie ainsi que de toute forme d'hypocrisie.  C'est dire que lorsqu’on œuvre pour une bonne cause, les intentions en deviennent pures, les cœurs s’unissent, le bien se généralise et les citoyens se tournent tous vers la même finalité: œuvrer en conformité avec ce qu'Allah agrée.

La sincérité d’un bon dirigeant, par exemple, envers Son seigneur revient à ce qu'il montre de la miséricorde envers les gens lorsque ceux-ci sont dans une mauvaise passe, se forçant de faire régner la justice, la paix, l’unité et l’équité en se gardant de détourner les biens publics tout en luttant contre la corruption. La sincérité d’une armée envers son Seigneur serait de respecter et d’être loyale envers les institutions. La sincérité du commerçant envers Son seigneur revient à ce qu'il montre de la miséricorde envers les gens lorsque ceux-ci sont dans une mauvaise passe, se satisfaisant d'un minimum de profits et se gardant de monopoliser les denrées alimentaires nécessaires. La sincérité de l'ouvrier dans son travail fait accroître la production et généraliser le bien.  La sincérité des détenteurs du pouvoir, envers Dieu, les amènerait à remettre leurs pays sur la voie de la réforme et à faire le bonheur et le succès de leurs peuples. La sincérité des riches envers leur Seigneur serait de se montrer généreux et charitables, lorsque viennent les temps difficiles et que leurs concitoyens succombent sous le poids de l'indigence et des maladies.

Du patriotisme

Etant un sentiment d'appartenance, d'amour et de dévouement envers un pays (la patrie), le patriotisme a le grand mérite de renforcer notre alliance selon des valeurs communes, dont la sauvegarde des valeurs démocratiques et de l’Etat de droit. Ainsi, pour que le processus de la restauration de la démocratie et du retour à l’ordre constitutionnel aboutisse, il faut que ces valeurs communes priment sur les intérêts et les projets égoïstes et opportunistes. Ce qui est loin d’être le cas au regard de la dernière tentative de coup d’Etat dont il est question aujourd’hui. C’est pourquoi il est plus que jamais impératif de renforcer l’alliance des forces vives de la nation et leur dévouement autour des valeurs de démocratie, de justice sociale et de l’Etat de droit en barrant la route à toute forme de velléité rétrograde. Ce qui ne peut être possible qu’en ravivant notre patriotisme, ce patriotisme qui se doit d’être plus fort que nos discordes de manière à nous unir contre tous ceux qui veulent compromettre et saper nos efforts et les intérêts de notre pays.

Ainsi, pour concrétiser cette victoire en actes, il faut qu’on se retrouve dans le discours du président T. Sankara en 1984 quand il invite à« Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que, sans formation patriotique et idéologique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance » Cette citation de Sankara a pour avantage de nous rappeler que le pouvoir est bon à exercer quand les bruits des canons ne s’invitent pas dans la gestion des affaires administratives et politiques.  Alors pour ce faire, il faut nécessairement maintenir et entretenir la relation de confiance entre notre peuple et son armée, une armée républicaine débarrassée des pseudos militaires qui caressent des ambitions politiques.

De la prise de conscience

Il est temps et grand temps que nous prenions conscience que c’est seulement en étant ensemble, unis et solidaires que plus rien ne pourra nous arrêter dans notre processus du retour à l’ordre constitutionnel. Ensemble, nous rétablirons notre équilibre socio-économique et politique  qui servira d’appui afin de transformer et illuminer la population nigérienne toute entière vers la reconstruction du pays et la consolidation des acquis démocratiques. En choisissant de nous relier les uns aux autres, nous serons complémentaires et solidaires malgré nos différences et nos appartenances politiques. Ainsi, il n’y aura plus ni des forts ni des faibles, ni de dominants ni de victimes, avec pour seule ambition le progrès d’un Niger où ses enfants se sentiront libres et égaux.  N’est-ce pas ce que consacre notre nouvelle loi fondamentale qui sera votée le 31 octobre prochain ? Avec la 7 ème République, nous aurons la puissance nécessaire pour transmuter !
la vie en lumière et permettre à notre société d’évoluer vers les plans supérieurs, les dimensions intemporelles et éternelles d’amour et d’abondance infinie dépourvus des conflits inutiles. De cette nouvelle République jaillira incha allah, du plus profond de nos entrailles, une paix sereine qui fusionnera avec l’amour qui habite en chacun de nos frères et sœurs à la place de la haine dévastatrice.
En nous, toutes les parties qui résistent à la lumière seront irrémédiablement entraînées par un flot d’énergie libératrice qui effacera toute trace de « mal d’être », de malheurs, de malaises ou de maladies, qu’ils soient latents ou déjà cristallisés en nous. La noirceur fera place à la lumière. Le vide s’estompera pour laisser la place à un sentiment de plénitude absolue et d’abondance. Le Niger retrouvera sa place  parmi les pays émergents, à l’exemple des années 80, et peut-être l’histoire donnera raison à notre frère Ben Omar que je cite. «  Le Niger sera le Koweït de l’Afrique » pourquoi pas ! Cette puissante énergie d’amour et de stabilité politique réchauffera nos cœurs, et transformera  toutes nos pensées et nos émotions au creux d’un intense brasier purificateur. J’ai nommé le pardon, bien que cela ne doit pas exclure de punir les indélicats conformément à la loi.
De la réconciliation et de l’espoir.
Ce qui présage que toutes nos difficultés présentes ou passées seront dissoutes et absorbées. Tous les conflits ou les problèmes rencontrés seront surmontés sans effort et sans contrainte. Les solutions parfaites se manifesteront sous nos yeux, dans nos pensées et en toute réalité comme dans un rêve. Puis, afin de poursuivre notre travail de purification globale et de réconciliation nationale, nous nous trouverons dans une position plus confortable et plus autonome et en toute responsabilité. Le retour à la prospérité va nous mettre de côtoyer toutes les personnes avec qui nous avons des différends et dont les activités nous ont préoccupé à un moment donné parce que leurs opinions étaient différentes des nôtres.
Mais au-delà de leurs défauts ou de leurs erreurs, on peut imaginer des êtres merveilleux et lumineux qui sommeillent en eux. Voyons leur propre énergie grandir et s’amplifier en synergie et en interaction avec nos efforts de construction nationale. Essayons de faire abstraction de leurs défauts et de leurs contradictions pour voir en eux des collaborateurs et des partenaires au développement. Essayons d’oublier les moyens qu’ils ont utilisés et favorisés pour nous mettre à mal ou nuire à nos intérêts collectifs. Essayons de nous connecter directement à la pureté de leur intention, aux espoirs nationaux et aux nobles objectifs qu’ils nourrissent. Essayons de nous laisser pénétrer par leurs visions positives et édifiantes dans un pays riche et prospère dans lequel nous allons tous vivre ensemble et que nous aurons le plaisir de léguer à nos descendances et aux futures générations.
Essayons de voir ce qui peut nous rapprocher dans nos besoins de sécurité, d’acceptation, de reconnaissance et de valorisation personnelle. Essayons de repérer ce qui peut nous unir dans la recherche de ce qui nous apportera la satisfaction tant sur le plan personnel que collectif.  Évaluons de quelle façon, au fond, nous pouvons poursuivre les mêmes buts et rêver d’un Niger meilleur où tous nos désirs et souhaits seraient instantanément comblés. Essayons de conjuguer nos énergies et nos forces pour qu’elles se touchent et se confondent pour le seul et unique but qui est la lutte contre la pauvreté et le sous-développement. Enfin, apprécions ensemble cette profonde communion d’âme qui nous ressource et nous revitalise sur la base d’un réel espoir de vivre dans la dignité et la gloire. Tenez-bien, ce n’est pas utopique, il faut y croire car à « cœur vaillant rien d’impossible ».

De la morale et du respect de la loi.Dans la première partie de cette réflexion, j’ai essayé de démontrer qu’il y a des valeurs à notre disposition qui peuvent nous aider à soigner cette mauvaise image qu’affiche le Niger aux yeux du monde entier à travers les différents scores négatifs qu’il bat : premier en matière des coups d’Etats et dernier en matière de développement. Ce qui veut tout simplement dire qu’un coup d’Etat, aussi propre soit-il comme celui du 18 février 2010, ne peut jamais être considéré comme un signe de progrès ; au contraire, c’est une régression. Ainsi, tout militaire ou porteur d’arme dont l’ambition est de faire de la politique, il a le droit de se le permettre en toute responsabilité dans le respect des règles comme tout citoyen. Cependant, la seule chose à laquelle il ne doit plus jamais prétendre c’est de prendre le pouvoir par la force, car s’il ose, il aura non seulement les forces vives sur son chemin, mais aussi la communauté internationale. D’où personne n’a intérêt à s’aventurier sur ce terrain suicidaire. Je pense qu’il n’est jamais tard pour bien faire, car il suffit juste pour le candidat à la politique de déposer son arme et son treillis pour créer son parti ou adhérer au parti de son choix. Mais qu’il sache que tant qu’il est sous le drapeau, sa mission est de servir son pays, de respecter les institutions et les dirigeants élus qui animent ces institutions conformément à la loi. Ce constat doit normalement nous faire comprendre que le principe fondamental de toute morale tend à faire de l'homme un être naturellement bon, aimant la justice,  l'ordre et le progrès.

Je pense que les Nigériens dans leur majorité ne font pas exception à cette règle universelle. Ainsi, s’il peut y avoir des bonnes raisons pouvant justifier les coups d’Etat de Kouncthé,  de Baré,  de Wanké et de Salou ; il n’y en a pas une pour expliquer la tentative de l’ex-N° 2 du CSRD. Au regard de cette mauvaise expérience, nous avons tous intérêt à ce qu’il n’y ait plus de raisons qui puissent justifier la descente de l’armée sur le terrain politique.  C’est pourquoi, dans notre longue et difficile marche vers le progrès, nous sommes contraints à nous arrêter un moment pour nous regarder en face et nous poser quelques questions ; une sorte d’autocritique et d’examen profond de notre conscience collective.  Pourquoi y a-t-il toujours des coups d’Etats dans notre pays ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à prévenir des situations conflictuelles ? Pourquoi quand le monde nous regarde, il ne parle de nous que dans le mauvais sens : cohabitation conflictuelle, coup d’Etat, rébellion, Tazartché, détournements, corruption, népotisme, etc. ? Sommes-nous différents des autres ?
Néanmoins, il faut considérer  l’action du général Salou Djibo comme l’expression du souci, de l’affirmation, de l’application et de la nécessité du respect de la loi tel que le montre Montesquieu dans l’esprit des lois : « Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». L’action salvatrice en question, celle du 18 février, est intervenue afin de mettre fin à la dictature et à la violation de notre constitution pour rétablir l’ordre et la justice, pour éviter la corruption, l’arbitraire, le clanisme…etc. C’est la seule raison qui peut à la limite  justifier un coup d’Etat ou motiver son acceptation. De ce point de vue, cela ne peut que nous redonner confiance et espoir en nous-mêmes et en notre pays. Nous savons tous que l’armée a une mission précise, celle de défendre le territoire national et d’aider à  protéger  la souveraineté nationale,  contribuant  ainsi à la défense collective de la nation vis-à-vis de toute forme de menace interne et externe. Le référendum du 4 août 2009 et le non-respect de l’échéance du 22 décembre 2009 étaient sans doute de véritables menaces internes tout comme les différentes rébellions que nous avons connues et que notre armée a combattues.  C’est pourquoi, à l’avenir, nous avons intérêt à prendre et à respecter toutes les dispositions pour ne plus créer des conditions qui peuvent favoriser de tels événements ; et il me semble que ces dispositions ont été largement débattues et intégrées  par le conseil consultatif national (CCN) dans la nouvelle constitution.
Notre classe politique doit tirer les leçons du passé en jouer un rôle dans le maintien et le respect strict de cette loi fondamentale (constitution) afin de nous aider à réguler et organiser notre manière de vivre ensemble tout en évitant des conflits inutiles. Cette régulation doit obligatoirement aboutir à des résultats probants : plus jamais de coups d’Etat, de rébellion, d’injustice, de corruption, de détournements, de fraude électorale, de dictature … au profit du travail et du développement durable. L’un des moyens dont nous disposons pour atteindre cet objectif, c’est notre morale collective qui consiste en cette exigence de se conduire selon le respect de certaines valeurs, en l’occurrence le bien que l’on doit faire et le mal que l’on doit éviter. La morale nous oblige, car elle énonce en nous des impératifs catégoriques (commandements et interdictions). Avec Kant, nous pouvons en effet distinguer « les impératifs hypothétiques, toujours relatifs à certaines conditions (par exemple, si tu veux..., alors tu dois...), des impératifs catégoriques, toujours absolus et inconditionnels (tu dois... : fais-le parce que tu dois le faire) »

La moralité consiste donc à agir par devoir, et non simplement conformément au devoir (légalité). Ainsi notre morale collective se doit de remplir sa fonction, qui est celle de nous unir en tant que communauté nigérienne autour de certaines valeurs communes et consensuelles que nous nous devons de respecter et qui nous imposent le respect mutuel. Selon Kant «  le respect permet l'action désintéressée, en refoulant les intérêts et les passions égoïstes au nom du devoir et de la loi morale. L'action n'est alors motivée que par ce qui est dû à l'autre - quand bien même cela irait contre mon propre intérêt (contre mon égoïsme) ». Et selon Émile Durkheim, «la conscience morale individuelle est produite par la société». Ce qui veut dire que quand notre conscience parle, c'est la société qui parle en nous. La conscience morale exprime les exigences de la conscience collective, c'est-à-dire "l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d'une société".

C'est donc de la société que l'obligation morale tire son autorité, elle dépasse l'individu et pèse de manière coercitive sur lui. Enfin, on peut conclure ce point sur cette note de  A. Comte-Sponville qui dit que « La morale est l'ensemble - historiquement donné et déterminé - des règles que la nature rend possibles, que la société rend nécessaires, que la raison rend universelles, enfin que l'amour rend désirables et dont la finalité est la cohésion sociale ». N’est-ce pas cette cohésion dictée par la morale collective qui fait que dans un groupe dès qu’on crie « au voleur », tout le monde participe au lynchage du criminel en question? A travers cet exemple, je voulais juste mettre l’accent sur la spontanéité et la punition collectives.  Alors resserrons nos rangs et traquons tous ensemble les voleurs et les immoraux de notre société pour participer à l’assainissement commencé par la commission de Mossi et le poursuivre même au-delà de la transition. Mahamadou Issoufou du PNDS a l’habitude de dire dans ses discours que «  sans faille, le margouillat ne peut pas se faufiler à travers nos murs ». Autrement dit, si les gens sont unis et solidaires pour la sauvegarde de leur bien-être collectif, ils peuvent y arriver et rien de mal ne peut leur arriver.
Du droit et Du devoir
Si le droit déterminait tout entier notre morale, une loi en vigueur ne générerait aucune discussion. Nous devons donc supposer qu'il existe, indépendamment et antérieurement à la loi, un certain nombre de principes moraux qu’on appelle habituellement conscience morale.  On peut dire alors, qu'il existe, en deçà des droits positifs de chaque pays, un "droit naturel", qui est l’ensemble de principes moraux innés propres à régir les rapports humains, même hors d'une société ou d'un pays. Dans la mesure où ce droit naturel est inné, il faut croire que tous les droits positifs le reflètent en quelque manière. Lorsqu'il est conforme au droit naturel, le droit positif s'impose de lui-même très facilement, puisque chaque citoyen (ou du moins la très grande majorité des citoyens qui ne sont pas entièrement vicieux) tend à l'appliquer spontanément.

Du reste, le droit naturel se révèle aussi par les droits iniques, en négatif, par la révolte qu'ils provoquent. Face à l'oppression, à la haine, à l'injustice, toujours des individus se lèvent, au mépris du danger. En effet, comme l'écrit Henry Thoreau, "dans un système injuste, la place du juste est en prison". C’est pourquoi, dans les systèmes politiques les plus affreux, au fond de la dictature totalitaire, des patriotes continuent de se révolter au grand jour,  parce qu'ils ne supporteraient plus de vivre dans des conditions pareilles et si leur société ou leur Etat les empêche de goûter au bonheur, ils préfèrent mourir. Certains individus sont prêts à risquer leur vie pour le bonheur. Ainsi, si nous cherchons vraiment le progrès et le bonheur, il nous faut sans doute du courage. C’est donc seulement dans ces conditions qu’on peut affirmer que c’est justement quand l'individu ose se dresser contre l’injustice, quand il expose son corps mortel à la menace physique pour protéger ceux qu’il aime, quand il reprend sa liberté malgré les fusils, qu'il peut faire valoir ses droits et se réaliser. Il ne s'agit pas ici, comprenons-nous, d'une absence de crainte proche de l'aveuglement  parce que le courageux ressent la peur - mais il ne la laisse pas le dominer.
Le devoir concerne toujours autrui : la morale c'est tout ce que l'on doit à autrui. Le devoir n'est rendu effectif  que par mon obligation, c'est-à-dire par le sentiment impérieux qu'il me faut toujours le choisir et le vouloir au détriment de mon intérêt privé et de mes désirs égoïstes. Les devoirs, au pluriel, s'entendent comme l'ensemble des obligations déterminées auxquelles la loi ou la morale nous contraignent. En principe, les citoyens respectent la loi parce que cette loi oblige également tous les autres citoyens ; et si l'individu suit une conduite morale, c'est bien, comme le dit Kant « parce qu'il attend une conduite similaire en retour, de la part d'autrui ». Le fondement même de la loi et de la morale supposent la possibilité d'une réciprocité de comportements. Ainsi, à l’avenir : plus jamais de Tazartché.

A première vue, loi et morale se donnent seulement pour but de régler et d'harmoniser les relations interpersonnelles. Ainsi, les "devoirs envers l'environnement" (interdiction de polluer par exemple) ont pour ambition, en fait, de préserver les droits d'autrui à un environnement saint. Directement ou indirectement, donc, autrui s'avère bien toujours le bénéficiaire ultime des devoirs. Dans d'autres cas, autrui est désigné collectivement, lorsque par exemple un soldat "fait son devoir" en partant au front, il défend sans doute cette abstraction qu'est la "patrie", mais dans les faits, cette "patrie" s'incarne bien dans des personnes physiques (famille, amis, voisins et autres habitants d’un pays ou d’une nation quelconque).
L'expérience enseigne que certains citoyens ne respectent pas les obligations que la loi leur impose alors même que la loi est sensée être au-dessus de tout le monde.  Dès lors, la loi et la morale peuvent bien enseigner qu'on "doit" respecter la loi et la morale et une majorité de citoyens s'y sentent obligés.  N'est-ce pas, tout simplement, par crainte de l'exclusion – dans le souci de ne pas se mettre en marge de la société ? Ce qui peut sans doute être le sort à réserver à tous les acteurs d’un coup d’Etat opportuniste et qui ne peut se justifier par une caution populaire pour la sauvegarde de l’intérêt général, étant donné le caractère anti-démocratique de toute prise de pouvoir par la force. N’est-pas le message que véhiculait le célèbre slogan de l’époque du Feu Kountché (paix à son âme) : «  Attend nouveau, attitudes nouvelles ».
Du pouvoir
Tous les principes évoqués dans les précédents points ne peuvent s’appliquer que sous la contrainte morale et par la force d’un pouvoir légitime. Est considéré comme pouvoir légitime, celui qui peut s'exercer légitimement sans abus et qui se conforme aux institutions de la République. Celui qui l'exerce n'en est ni maître ni propriétaire et par conséquent il doit l’appliquer consciencieusement et indépendamment de sa volonté, de ses passions et de ses intérêts individuels en tenant compte des intérêts collectifs. Selon Lapierre,  « exercer donc le pouvoir politique au nom de l'État, c'est gouverner et toute la question du pouvoir légitime est celle des rapports entre gouvernants et gouvernés ».
Ainsi on peut aisément comprendre que le  pouvoir fixe les règles d’organisation et de régulation au sein d’une société sur un territoire donné et à un moment donné. Cette logique pousse le plus souvent les dirigeants à faire du pouvoir quelque chose de permanent tout en œuvrant pour que la société évolue progressivement vers la mise en place d’un cadre « stable » et « légal » qui donnera une légitimité au pouvoir en question. Cette façon de procéder encourage la compétition politique et s’inscrit dans les principes cardinaux de la bonne gouvernance. C’est aussi une façon de mettre en exergue le contrat social qui n’est rien d’autre que la manière de vivre ensemble. Si le contrat est respecté, tous les voleurs, les tricheurs, les corrompus et autres indélicats de tous bords se verront vite identifiés, dénoncés, isolés et traduits devant les juridictions compétentes sous le contrôle populaire. Pour le moment ce courage manque à la culture politique nigérienne, car on continue toujours à protéger cette catégorie de personnes au détriment de l’équité et de la justice sociale.
Cependant, il y a lieu de saluer et d’encourager le réveil de notre société civile qui s’invite dans le débat national quand elle n’est pas corrompue et qui essaye tant bien que mal de jouer son rôle de contrôle de l’action publique. Cette action de contrôle est d’autant plus nécessaire quand on sait que dans toute société, il y a toujours des inégalités qui font que l’injustice devient la règle. Mais quand la société fonctionne selon le  principe de contrôle, il arrive le moment où nul ne peut posséder à lui seul la force d’agir à sa discrétion, par crainte d’être démasqué et sanctionné en conséquence. La transparence élit domicile et l’équilibre s’installe sur la base de l’équité et de la justice sociale. Ainsi, la primauté de la force au pouvoir ne disparaît pas, même quand une société grandit et devient plus complexe, mais la manière d’utiliser cette force peut changer, car même le plus fort se sent faible s’!
il doit affronter plusieurs adversaires qui ont un droit de regard et de contrôle sur lui. Dans une société mature où les citoyens sont responsables, la véritable force est la somme des forces qu’on peut rallier et contrôler pour que cette alliance devienne la clef du pouvoir et au service de la nation toute entière.

Pour la société nigérienne, il est important et impératif que les nostalgiques de l’Etat d’exception (militaires ou civiles) se disent que le temps des coups d’Etats est révolu à jamais et qu’ils ont intérêt à suivre la cadence et le rythme démocratiques d’aujourd’hui. En démocratie n’a-t’on pas coutume de dire que seul le peuple est faiseur des rois ? Ce qui veut dire que le pouvoir  appartient au peuple, il le donne à qui il fait confiance et il est prêt à se sacrifier si on tente de le lui confisquer. C’est pourquoi, j’invite le vaillant peuple du Niger à prendre conscience de ce pouvoir dont il dispose et d’en faire bon usage quant c’est nécessaire. D’où plus de vigilance et de rigueur avec nous-mêmes, car le plus difficile reste toujours la réalisation du BIEN-ETRE COLLECTIF.

A la recherche d’un pouvoir consensuel, notre pays a expérimenté plusieurs formes d’alliances qui se font et se défont, qui s’imbriquent et se recoupent et même qui se chevauchent par moment et selon les circonstances, et cela à tous les paliers de notre société en fonction des intérêts des uns et des autres. Toutes ces combinaisons de type « nous » contre « eux », dont l’objectif est d’unir des forces diverses en une force commune, ne visent que le pouvoir qui permettra aux « alliés » de constituer une « majorité effective » - un groupe dont les membres constituent une force qui peut imposer sa volonté à travers un nouveau mode de gestion et de gouvernance selon les principes démocratiques. C’est pour permettre l’ancrage de ces principes que nous nous sommes battus depuis trois (3) décennies, mais malheureusement les résultats ne sont pas encore satisfaisants.

De la cohésion sociale et de l’interdépendance.
Je crois de plus en plus qu’une nouvelle manière de faire la politique et de gouverner ne pourra naître sans la prise de conscience qu’il faille agir selon le bien commun. Elle nécessite de se rendre compte de l’importance de l’INTERDÉPENDANCE menant à une société nécessairement plus consensuelle. Cette interdépendance entre les acteurs d’une société devenue plus complexe car elle rend chaque élément plus important et lui confère plus de pouvoir, doit nous interpeller tous. Je crois aussi que sans une sorte de nouvelle philosophie ou même, une certaine spiritualité, cela restera utopique. Pour éviter ce pessimisme, il faut que nos structures sociales et politiques reflètent cette interdépendance par l’amour, l’unité nationale et la solidarité nationale. Pour le moment j’ai comme l’impression que les gens ne sont pas conscients de cette interdépendance pour l’intérêt général et j’ai l’impression qu’ils  attendent que  tout  s’effondre pour qu’ils le comprennent. Cependant, n’oublions pas que le Niger est notre maison, et comme toute maison elle est bâtie sur des piliers; si un des piliers ne tient pas débout, la maison s’écroule. Ainsi, au-delà de l’altruisme, le bon sens nous oblige à être solidaires les uns des autres, comme ce qui force par exemple  les voyageurs d’un canoë à se tenir tranquilles, à se parler gentiment et à pagayer de façon concertée pour se sauver mutuellement.
Le jeu des alliances que nous venons de voir dans la perspective de la conquête du pouvoir, constitue la dimension politique de l’activité humaine pour créer une sorte d’harmonie sociale qui déterminera le détenteur légitime d’un pouvoir consensuel. Cette dimension est toujours présente à tous les échelons, mais la manifestation la plus ambitieuse est la construction, au sommet de la pyramide, d’une alliance dominante qui possède les moyens de diriger en vue de faire du BIEN-ETRE COLLECTIF une réalité. Cette majorité doit alors s’établir autour d’un consensus pour s’affirmer sur des valeurs morales, justes et équitables pour toute la société. Ainsi un contrat social tacite s’établit entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés sous certaines conditions. Ce contrat exige des dirigeants des résultats et des sanctions contre tous ceux ne respectent pas les principes du contrat social.

De l’efficacité.
Pour illustrer ce concept, nous pouvons comparer  la Suisse au Niger  En effet,  la Suisse   est un pays enclavé comme le Niger, c’est-à-dire sans débouché sur la mer, avec seulement 41’290 km2  étalé sur 350 km en longueur et sur 220 km en largeur, contre 1’267'000 km2 pour le Niger. Sa population était estimée à 7’593'494 habitants en 2007, soit la moitié de celle du Niger à la même époque.  Quatre langues nationales (l’allemand, le français, l’italien et le romanche),  langues caractérisant les quatre groupes ethniques de la Suisse, y cohabitent contre une dizaine au Niger. Cependant, l’économie suisse figure parmi les plus prospères et les plus développées du monde, contrairement au Niger classé dernier du monde. Et pourtant  la Suisse est très pauvre en matières premières et ne dispose pas d’énergies fossiles contrairement au Niger. Son économie est surtout orientée vers les services, comme les banques et les assurances. Le niveau de vie est l’un des plus élevés du monde. De plus, sa stabilité et sa neutralité ont attiré bon nombre de capitaux étrangers et d’organisations internationales comme celles du système des nations unies (l’ONU).

Les principales raisons qui expliquent le progrès de la Suisse, c’est surtout le respect des textes, la discipline, l’honnêteté et la rigueur au travail qu’on peut résumer en deux principes : l’efficacité et la recherche de l’excellence. Au Niger, ces qualités sont remplacées par leurs contraires, à savoir : la mauvaise gouvernance, l’instabilité sociale, l’instabilité économique, l’instabilité politique, etc. et ne peuvent donner comme résultat que l’inefficacité et la médiocrité. Ce qui semble  paradoxal, c’est que nos problèmes sont déjà identifiés et connus de tous, mais la situation ne fait que se dégrader d’année en année. Tous les coups d’Etat qui sont intervenus arrivent parfois au bon moment, mais leurs effets restent toujours éphémères et quelques mois plus tard, on retombe dans les mêmes erreurs et on repart de nouveau suivant un rythme d’un eternel recommencement. Et bien chers frères et sœurs, chers compatriotes, un pays ne se construit pas comme ça, notre conscience doit nous gronder et quelque part en nous,  nous devront avoir honte.  Il faut donc impérativement qu’on change dans nos mentalités et dans notre façon de faire pour que notre société soit efficace, car notre survit en dépend.

L’efficacité exige, d’abord, que chacun accomplisse la tâche  pour laquelle il est qualifié tout en sachant que toutes les tâches sont complémentaires. Il va de soi que si la division du travail ne mène pas à ce résultat, elle ne joue pas son rôle. L’efficacité exige donc de nous une bonne organisation. Lorsqu’on répartit les tâches selon les compétences, il y a pour certaines personnes une préférence pour les tâches qui ne consistent pas tant à travailler qu’à faire travailler. Ici faire travailler se confond vite avec organiser et diriger et c’est la compétence que s’arrogent les dirigeants et d’autres leaders d’opinions. Pour ce faire, ils doivent exiger  l’obéissance, organiser et assurer l’ordre et la sécurité, pour que les intérêts collectifs et les biens publics ne soient pas mis en péril et hypothéquer  ainsi l’avenir de toute une nation, de tout un peuple et de plusieurs générations.
En conclusion, j’ose espérer qu’en dehors du cadre théorique, nous allons tous intégrer toutes ces valeurs dans une prise de conscience collective et dans la pratique, afin de permettre à notre pays d’être une véritable référence du développement durable, sur fond de justice sociale, de cohésion sociale et d’un  réel et irréversible décollage économique. Que Dieu guide nos pas et nous assiste pour atteindre ces objectifs. AMEN .

M. Mouha Eggour