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Éthique - Le droit de mourir dans la dignité et humainement

Source: Cyberpress.ca
Étymologiquement, le mot euthanasie veut dire une mort douce, sans souffrance. On définit l'euthanasie comme «l'usage de procédés qui permettent d'anticiper ou de provoquer la mort, pour abréger l'agonie d'un malade incurable ou lui épargner des souffrances extrêmes». L'euthanasie est l'action d'aider une personne qui a exprimé librement et explicitement le désir de mettre fin à ses jours mais qui en est physiquement incapable. De plus en plus d'états démocratiques tendent à décriminaliser ce geste de compassion comme c'est le cas actuellement au Québec. Voici quelques raisons fondamentales qui justifient l'appui du Mouvement Humanisation à tous ceux et celles qui luttent pour la décriminalisation de l'euthanasie en fin de vie.

La vie s'autoproduit, s'auto-organise, s'autorégénère, s'autotransforme, s'autoreproduit et autodégénère. Elle est donc, par nature, une fin en soi, donc à soi-même sa valeur suprême. Seuls les humains sont capables de devenir conscients qu'ils sont leur propre fin et que leur vie a une valeur absolue, digne du plus grand respect. Or, est sacré ce «qui est digne d'un respect absolu, qui a un caractère de valeur absolue». Voilà pourquoi on parle des droits naturels et sacrés inhérents à l'être humain. Or, si la vie humaine est sacrée, ce n'est pas parce qu'elle a été créée à l'image d'un dieu quelconque, mais uniquement parce qu'elle est sa propre fin et que vivre humainement est sa finalité. Par conséquent, tout être humain s'appartient naturellement. Il ne revient donc pas à la religion, ni à l'État, ni à la famille, ni à la médecine, ni à la justice de décider pour un être sain d'esprit quand et comment il doit mourir.

Les raisons qui poussent une personne à recourir à l'euthanasie peuvent être nombreuses et interdépendantes. Une personne souffrante, qui recourt à l'euthanasie par respect de soi, pour mettre fin à ses souffrances, pour libérer ses proches de lourdes contraintes, pour éviter des dépenses inutiles à l'État ou pour toutes autres raisons, n'a pas à se justifier auprès de quiconque.

De plus, la souffrance n'a en soi aucune valeur expiatrice et salvatrice.

Vivre sans douleur, sans souffrance

On oublie trop souvent que le droit à la vie est le droit à une vie vécue humainement. Or, l'humain ne désire pas uniquement vivre, il cherche naturellement à vivre sans douleur et sans souffrance. C'est pourquoi une grande partie des efforts des humains au cours des siècles fut consacrée à améliorer leur qualité de vie, tant individuelle que collective, en diminuant constamment leurs souffrances tant physiques que psychologiques. Comment alors expliquer qu'un État, au moment où une personne juge que sa vie ne vaut plus la peine d'être vécue, puisse légalement empêcher une autre personne de l'aider à mettre fin à ses souffrances même lorsqu'elle en fait librement et explicitement la demande pour la simple raison qu'elle en est incapable seule? Agir ainsi ne démontre-t-il pas un manque total de respect vis-à-vis de la liberté et de la dignité humaine, fondements de nos chartes des droits et libertés de la personne? De fait, personne ni aucune institution ou loi ne peut empêcher un adulte libre et sain d'esprit de s'enlever la vie s'il en est physiquement capable puisqu'elle lui appartient et qu'il en a l'entière responsabilité. Sur quelle base un État se fonde-t-il alors pour criminaliser l'euthanasie?

Tout le débat sur l'euthanasie tourne autour de cette question cruciale qui touche directement à la conception que les humains ont élaborée de leur être au cours des siècles. Si l'euthanasie est devenue un enjeu majeur aujourd'hui au Québec, c'est que de plus en plus de Québécoises et de Québécois n'adhèrent plus à la vision judéo-chrétienne du monde, de la vie et de l'humain. C'est pourquoi le Mouvement Humanisation propose que le droit dans une démocratie ne soit plus fondé sur des préceptes religieux mais sur l'être humain et ses exigences de bon développement et de bon fonctionnement dans ses rapports avec le réel, l'environnement, lui-même, autrui, la société et l'humanité. De plus en plus de citoyens (71%), issus de toutes les couches de la société québécoise, sont en faveur de la légalisation de l'euthanasie à la condition expresse qu'elle soit pratiquée dans le plus grand respect de la liberté et de la dignité humaine à l'instar de plusieurs autres pays et États américains qui l'ont déjà légalisée.
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Chaque nouveau-né est mis au monde sans qu'on lui demande son avis ou sa permission. Est-ce qu'on ne pourrait pas au moins, par respect de la dignité humaine et de la liberté de la personne, décriminaliser l'euthanasie afin de répondre positivement à la demande légitime d'un patient physiquement incapable de mettre fin à ses jours de mourir humainement?

Gaston Marcotte
Président-fondateur, Mouvement Humanisation
Professeur associé, Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval
Mouvement Humanisation