«La France n'est pas la Grèce ou l'Irlande»
Par Alexandrine Bouilhet
L'Élysée rejette les amalgames, rappelant que les marchés ne sanctionnent pas la dette française.
«La France n'est pas dans la même catégorie que la Grèce ou l'Irlande !» insiste-t-on à l'Élysée alors que la crise de la zone euro fait tâche d'huile sur le Vieux Continent. L'économiste américain Nouriel Roubini estime que les finances publiques de la France ne sont pas en «bien meilleur état» que celles des pays surendettés de la zone euro.L'Élysée s'insurge contre une telle appréciation, relayée par certains auteurs prophétisant la faillite de l'euro. «Les marchés n'ont pas sanctionné la France», rappelle-t-on au sommet de l'État. «Depuis que la crise grecque a éclaté, les taux d'intérêt de l'État français n'ont pas bondi, ils ont même plutôt eu tendance à baisser», rappelle-t-on. Le taux d'emprunt à dix ans de la France est passé de 2,7 % fin mai à 3,1 % aujourd'hui. «Ni les agences de notation, ni le Fonds monétaire international, ne disent que le cas de la France est grave ou désespéré.»
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Ce n'est pas tant la situation budgétaire d'un État, que jugent les marchés, que celle de sa balance des paiements, assure-t-on à l'Élysée. Reflet de ses déficits courants et de ses besoins de financements extérieurs, la balance des paiements française est déficitaire de 1,9 % du PIB fin 2010, alors que son déficit public s'élève à 7,7 % du PIB et que sa dette atteint 82,9 % du PIB fin 2010. «Le déficit de paiement français n'est pas un drame, ajoute-t- on à l'Élysée. Nous avons gagné en compétitivité par rapport au pays du sud de l'Europe, même si nous avons perdu du terrain par rapport à l'Allemagne ou à l'Autriche ». Surtout, «notre taux d'épargne des ménages est très élevé, peut-être trop, à 17 %». La France dépend donc moins du financement du reste du monde que l'Espagne, par exemple, ce qui la préserve des aléas des marchés.
Réforme des retraites
À l'inverse de l'Espagne ou de l'Irlande, la France n'a pas été victime d'une bulle immobilière. Elle n'a pas, non plus, connu un dérapage des salaires susceptible de mettre en danger sa compétitivité.Même si « la croissance est là et (que) l'emploi repart», le tableau macroécomonique de l'Hexagone n'est pas parfait, reconnaît-on à l'Élysée, où l'on s'inquiète de «l'augmentation permanente des dépenses publiques». Une faiblesse majeure que le gouvernement tente de corriger en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux et en accélérant la réforme des retraites, «votée, validée et aujourd'hui en vigueur», insiste la présidence de la République, qui souligne un autre atout de la France : sa démographie, qui amortit les dépenses liées au vieillissement de la population. «La situation macroéconomique française est moins stable que celle de l'Allemagne, mais meilleure qu'en Grande-Bretagne, car ce n'est pas la Banque centrale européenne qui rachète nos dettes», résume-t-on à l'Élysée.