Source: Liberte-Algerie.com
Si l’utilisation de la notion de majorité, généralement induite et développée par le système du vote, s’arrêtait juste à annoncer des chiffres destinés à l’étude saine et désintéressée des équilibres et des statistiques sans les imposer comme outils de preuve de suprématie, alors les quantièmes peuvent trouver leur utilité. Mais de là à en produire un faire-valoir à toute forme de domination, de supériorité par devant lesquelles tout doit se soumettre et se rapporter, alors l’hégémonie, le despotisme et la dictature, caractères et tendances propres à l’être humain, commencent par là. Ainsi le vote, pour ne citer que cet exemple d’usage des chiffres, perd sa signification de service de la société et de dévotion à l’intérêt de la communauté comme critère privilégié de la citoyenneté. C’est par le vote qu’apparaît la soumission de projets d’une partie de la population sur une autre au nom du concept de la majorité ; un concept du reste qui nous est venu de l’Occident.
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Dans une rencontre de débat d’idées entre deux groupes, l’un étant majoritaire et l’autre minoritaire, seule la force de persuasion dans le développement des propositions devrait être privilégiée. Dans une telle ambiance de débat où domine la logique de raisonnement, la majorité et la minorité fusionnent et peuvent transcender ce qui pouvait paraître être leur différence. Transcender sa différence ne signifie pas la renier pour autant. L’intérêt le plus significatif, le plus utile et surtout le plus impératif est celui du respect mutuel de la différence et dans la différence, mais il s’agit plutôt de la dépasser et de la devancer lorsque l’intérêt collectif et la raison humaine le commandent, car l’efficacité ne dépend pas du nombre. Entre la notion de majorité et la notion de minorité, il n’y a qu’une définition aléatoire, volontariste et abusive. La majorité est du reste très relative et instable. Le plus souvent, elle se transforme en une source de conflits.
Aujourd’hui, le monde occidental nous apporte la preuve finissante de son concept de gouvernance. Les pays croulent et s’embourbent dans cette spirale infernale de la lutte entre majorité et minorité de blocage où la cohabitation ne réussit pas. Ainsi, des politologues et autres spécialistes de la culture politique avancent même l’idée de concevoir un nouveau concept de gouvernance qui sera basé sur l’entendement par la raison et la logique et non par le jeu des équilibres du nombre qui ne font que déséquilibrer leurs sociétés… les nôtres avec.
A. A.
kocilnour@yahoo.fr