Sous la direction du Père Armogathe, une approche qui saisit l'impact du christianisme sur la civilisation.
Une nouvelle Histoire du christianisme vient de voir le jour. Quelle est son originalité et son utilité ?
Tout d’abord, elle ne compte que deux volumes en poche, une performance vu l’ampleur du sujet ! Certes, elle reste une somme de trois mille pages, mais enrichie d’encadrés, cartes, index… et sans notes érudites. Donc, destinée au public cultivé et aux étudiants.
Lancée en 1991, c’est une œuvre d’historiens, non de théologiens, publiée chez un éditeur non religieux (Puf) ; une œuvre à dimension internationale, qui mobilisa quatre-vingts contributeurs de neuf pays ; et une œuvre non confessionnelle, mais élaborée sous la direction générale… d’un prêtre, pour veiller à la cohérence d’ensemble : le Père Jean-Robert Armogathe (directeur d’études en sciences religieuses à l’École pratique des hautes études), aidé de trois autres historiens. À eux quatre, ils se sont réparti les époques selon leurs spécialités, comme Yves-Marie Hilaire par exemple pour la période contemporaine.
Mais surtout, cette Histoire veut faire saisir au lecteur l’impact du christianisme sur les cultures et les civilisations. Un impact si fort que le christianisme est partie prenante de l’Histoire des mœurs, des sciences, des lettres, des arts… Il a en effet structuré l’espace (manteau d’églises, routes de pèlerinages…), le temps (calendrier chrétien), la société (famille chrétienne, célibat religieux…), il a fourni des outils conceptuels à la pensée occidentale (anthropologie, droits de la per-sonne, gestions des biens, lois de la nature, vision du politique…).
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Et c’est une Histoire générale, c’est-à-dire qu’elle embrasse deux mille ans de christianisme sous toutes ses formes, et sa diffusion sur tous les continents. Et retrace l’Histoire chrétienne dans l’Histoire des sociétés. En une Histoire comparée qui utilise aussi bien l’approche chronologique que thématique.
Ces approches croisées, la multiplicité des points de vue (quitte à ce qu’ils divergent parfois afin, comme les musiciens baroques, « de faire jaillir l’harmonie d’un bouquet de désaccords »), et le décentrage d’un regard trop français afin d’insister, par exemple, sur les Églises d’Orient ou les confessions issues de la Réforme – tout cela fait de cette Histoire un ouvrage original. Qui met en lumière le ferment d’unité apporté par le christianisme au-delà de ses divisions, et sa capacité de s’adapter à la plupart des civilisations, sans perdre sa spécificité : une religion « dans le monde » sans être « du monde ».
Un petit bémol, toutefois : l’ouvrage a les défauts de ses qualités. Il est compact et touffu, et manque un peu d’intertitres. Il n’est pas toujours facile de trouver ce qu’on y cherche. Par exemple, on saura tout du monachisme oriental, mais sur le monachisme occidental, l’information est succincte et éclatée. Dommage !
Un ouvrage de fond, néanmoins, et une bonne idée de cadeau de Noël.
Marie-Catherine d'Hausen
