Serge Legagneur naît le 10 janvier 1937 à Jérémie (Haïti). Il passe son enfance dans cette ville côtière de Jérémie, dite « la Cité des Poètes » qui aura marqué sa poésie. Jean-Richard Laforest affirme que « l'un des points de départ de la vie du poète se situe ainsi à la fin des années 1930 sous les signes du Tropique antillais et du Capricorne zodiacal, dans cette petite ville, dont les rues sont parcourues de personnages à l'âme bigarrée, cousins germains de ceux de Macondo de Gabriel García Márquez ». Serge Legagneur publie ses premiers poèmes à la fin des années 1950. Après ses études secondaires, il participe activement à la vie culturelle. Avec des amis écrivains, il fonde le groupe Haïti Littéraire. Serge Legagneur dirige en avant-gardiste la revue Semences (1962) qui s'arrête après quatre numéros. Semences publie en priorité les écrits des poètes d'Haïti Littéraire : Davertige, Roland Morisseau, Anthony Phelps, René Philoctète et Legagneur.
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Serge Legagneur |
Devant la menace et l'horreur de la dictature de Duvalier, Serge Legagneur quitte Haïti et s'installe à Montréal en 1965. Il y retrouvera Émile Ollivier et Anthony Phelps, arrivés l'année précédente. Les nouveaux exilés Serge Legagneur et Roland Morisseau rejoignent Anthony Phelps dans un appartement qu'ils partagent au Carré Saint-Louis, à l'époque quartier marginalisé du centre-ville de Montréal, où s'établit la bohème littéraire.
Serge Legagneur fait des études universitaires en littérature et un baccalauréat en psychopédagogie à l'Université du Québec à Montréal. Il a enseigné le français dans des établissements du secondaire.
Il publie Textes interdits en 1966. Ce recueil est chaleureusement accueilli par les critiques et les poètes québécois. Selon Paul Bélanger, « l'œuvre de Serge Legagneur est tout à significative de l'effet des poètes haïtiens sur la poésie québécoise, voire même sur la poésie de langue française ». Dans Le Soleil (de Montréal) du 6 juillet 1967, Suzanne Paradis écrit : « Avec Serge Legagneur, la poésie canadienne-française a gravi plusieurs échelons à la fois sur la voie verticale de l'intelligence et du langage poétiques... Jamais, je crois, l'amour ni la haine n'auront atteint, avec une telle intensité verbale, à une telle réalité, à une telle mysticisme de la chair et de l'esprit enfin liés. Nous n'avons guère été gâtés au Canada français par la poésie de sentiment. Et je parle ici du sentiment dans son sens le plus fort. ... Reconnaissons-le humblement, les Textes interdits nous précèdent, et de fort loin, dans les méandres de l'existence et du langage ».
D'autres livres suivront dont Textes en croix et Inaltérable. La réception critique a toujours vu en Legagneur un écrivain exigeant envers lui-même et envers le langage. En 1997, les Éditions du Noroît publient Poèmes choisis, 1961-1997. Cet ouvrage amène un précieux éclairage sur la contribution de Serge Legagneur à la poésie haïtiano-québécoise contemporaine.
Fin des années 1990, Serge Legagneur déclare avec conviction qu'il n'est plus poète et qu'il a changé de métier. Il a déjà dit et écrit tout ce qu'il devait dire et écrire. |