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Histoire générale: guerre franco-allemande de 1870

La guerre de 1870-1871 oppose la France à la totalité des Etats allemands. C'est la première fois que ces derniers, conduits par la Prusse de Bismarck, se regroupent contre un ennemi commun.

En ce sens, cette guerre scelle l'unité de l'Allemagne, symbolisée par la proclamation de l'Empire allemand au château de Versailles le 18 janvier 1871.

Guerre franco-allemande de 1870
Les origines du conflit

Bismarck, nommé Premier ministre en 1862, se consacre dès son entrée en fonctions à regrouper les Etats allemands sous la direction de la Prusse. En 1866, il ruine les ambitions hégémoniques de l'Autriche (victoire de Sadowa), et parvient à réunir les Etats allemands du Nord à la Prusse. Il lui reste à réaliser l'unité avec les pays allemands du Sud.

La France, elle, vient d'approuver majoritairement la nouvelle orientation plus libérale du Second Empire lors du sénatus-consulte du 20 avril 1870 et du plébiscite du 8 mai. Napoléon III va cependant céder aux tentations bellicistes de certains groupes influents, notamment celui de l'impératrice Eugénie, de naissance espagnole.

En effet, aux origines immédiates du conflit se trouve la candidature d'un Hohenzollern, cousin du roi de Prusse, au trône d'Espagne, vacant. L'Espagne, qui avait eu l'initiative du projet, y renonça cependant, de même que le candidat pressenti, dès que l'un et l'autre connurent le veto français. C'était une victoire diplomatique pour la France, mais le parti de l'impératrice Eugénie voulait qu'elle fût plus complète encore: il désirait une renonciation officielle du gouvernement prussien et non pas seulement de la famille Hohenzollern. Le roi de Prusse, Guillaume I er , ne crut pas devoir accéder à la demande française, mais confirma par l'intermédiaire de son aide de camp le désistement de son cousin. D'Ems, où il se trouvait, il rendit compte à Bismarck de ces faits. Celui-ci vit tout le parti qu'il pouvait en tirer: il déforma la nouvelle, en cherchant à offenser la France, et publia la «dépêche d'Ems», selon laquelle le roi avait «refusé de voir l'ambassadeur de France» et lui avait «fait dire qu'il n'avait plus rien à lui communiquer» (13 juillet). Gramont, le ministre français des Affaires étrangères, familier de l'impératrice, considéra que la France était insultée.

Dès lors, les événements se précipitent: le 14 juillet, le Conseil des ministres décide l'appel des réservistes; le 15, le Corps législatif vote les crédits nécessaires à la mobilisation, et, le 19, après le rejet d'une médiation anglo-russe, la guerre est déclarée à la Prusse. Or, la France est dans un état d'infériorité certain face à son adversaire. Militairement, le commandement français agit dans l'improvisation; la mobilisation se fait dans la confusion; les officiers formés en Afrique, plus baroudeurs que techniciens, agissent dans le désordre. Le fusil Chassepot est excellent, mais l'artillerie archaïque. Côté prussien, l'armée a été réorganisée selon les principes de Clausewitz, mis en pratique par Moltke et Roon; les canons Krupp en acier sont précis et ont une grande portée. Numériquement, la Prusse dispose - avec les autres corps allemands - de 500'000 hommes; la France, en quinze jours, ne peut en aligner que 265'000.

Le 28 juillet, l'empereur Napoléon III est à Metz pour commander les opérations, qui s'engagent mal, tandis que l'impératrice assure la régence à Paris. Formée à l'offensive, l'armée prussienne passe à l'attaque début août; les défaites se succèdent alors pour la France: Mac-Mahon est battu par le Kronprinz à Frœschwiller et évacue l'Alsace; seules Strasbourg et Belfort (avec Denfert-Rochereau) résistent en Lorraine, Steinmetz bat Bazaine à Forbach; ce dernier se replie sur Metz mais temporise, quoiqu'il ait alors la supériorité numérique et ait mis à mal l'armée allemande à Rezonville. Les Ire et IIe armées allemandes font leur jonction, attaquent et repoussent les Français, cette fois inférieurs en nombre, à Gravelotte et Saint-Privat. Napoléon III se met alors à la tête de l'armée d'Alsace, repliée à Châlons-sur-Marne, et marche lentement sur Metz dans un vaste mouvement tournant par le nord: à Sedan, au fond d'une cuvette, les IIIe et IVe armées allemandes, qui la dominent sur les versants, écrasent, le 1er septembre, l'armée impériale: c'est la capitulation sans condition, une armée de 100'000 hommes perdue, l'empereur fait prisonnier, le régime impérial frappé à mort.

Chute de l'Empire et siège de Paris

A Paris, les républicains demandent le 3 septembre la déchéance de l'empire; le 4, le peuple envahit le Palais-Bourbon, et Gambetta à la tribune proclame la chute du régime impérial. Accompagné de Jules Favre et de Jules Ferry, il se rend à l'Hôtel de Ville et proclame la république: un gouvernement provisoire, sous la direction de Favre et du général Trochu, est constitué. C'est un gouvernement de défense nationale, qui ordonne la résistance à outrance.

Mais, dès le 19 septembre, Paris est investie, et le siège commence. Tandis que deux sorties tentées par la garnison de Paris échouent à Champigny (décembre) et à Buzenval (janvier 1871) et que la ville est bombardée chaque jour, une délégation du gouvernement, qui siège à Tours avec Gambetta, organise fébrilement des armées pour délivrer la capitale. On compte également sur Bazaine, mais il capitule le 27 octobre, livrant à l'ennemi une armée intacte de 175'000 hommes avec 1'500 canons. La IIe armée allemande ainsi libérée se porte au-devant des armées de la Loire, qu'elle bat le 8 décembre près d'Orléans et le 11 janvier au Mans. L'armée française du Nord, en marche vers Paris, est battue à Saint-Quentin, le 19 janvier. Quant à l'armée de l'Est, qui marche sur Belfort avec l'intention de couper ensuite les communications des Allemands, elle est arrêtée le 17 à Héricourt. Il faut alors demander l'armistice: on ne peut en effet délivrer Paris, qui capitule, après un siège rigoureux et un hiver terrible, le 28 janvier 1871.

La perte de l'Alsace-Lorraine

Le 8 février, des élections générales donnent à la France une Assemblée qui se réunit à Bordeaux. Le 17 février, Thiers est nommé chef du gouvernement, muni des pleins pouvoirs pour négocier avec Bismarck. Il se rend à Versailles, et se voit imposer les conditions du vainqueur: outre l'Alsace moins Belfort, la France doit céder une partie de la Lorraine avec Metz et verser une indemnité de 5 milliards de francs-or (préliminaires du 26 février). Mais la Commune de Paris retarde la ratification, et le traité définitif ne sera signé à Francfort que le 10 mai 1871.